France
Décès d'Henri Michel: or olympique et Bleus romantiques

Joueur légendaire de Nantes décédé mardi 24 avril à 70 ans, Henri Michel restera dans l'histoire du foot français comme le sélectionneur vainqueur des Jeux olympiques en 1984, puis celui des Bleus au Mondial-1986, la fin de la génération Platini.

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Henri Michel avec Luis Fernandez à l'issue de la victoire des Bleus sur le Brésil, lors du Mondial mexicain, le 21 juin 1986 à Guadalajara.
Photo: AFP/VNA/CVN

Henri Michel est mort des suites d'une "longue maladie", selon le FC Nantes. D'un cancer de la gorge, selon des sources concordantes. C'est le syndicat des joueurs (UNFP) qui le premier a annoncé la disparition, à la mi-journée, de ce "monument du football français" qui a payé cher ses penchants pour le tabac et l'alcool, des excès que personne dans le milieu n'ignorait. Le président de la Fédération (FFF), Noël Le Graët, a fait part de son "immense tristesse" et évoqué "une carrière remarquable de joueur et d'entraîneur". Le président de la République, Emmanuel Macron, a, lui, salué la "franchise sans arrogance", la "loyauté" et le "goût du travail bien fait" de l'ex-sélectionneur.

De sélectionneur, surtout: c'est sous cette fonction qu'il a décroché l'or aux JO de Los Angeles en 1984, à ce jour l'unique titre olympique de la France. Elle n’avait alors battu rien moins que le Brésil en finale (2-0). Le Brésil, Henri Michel le vaincra de nouveau, cette fois à la Coupe du monde 1986 à l'issue du mythique quart de finale à Guadalajara (1-1 a.p., 4-3 t.a.b.). Il avait alors égalé la meilleure performance française (génération Kopa-Fontaine en 1958) en emmenant les Bleus à la 3e place de ce Mondial mexicain, alors que Michel Platini jouait diminué par une blessure.

Henri Michel, alors joueur de Nantes, le 27 avril 1973

"C'était un grand ami, un grand professionnel, un garçon formidable à tous points de vue, d'une immense gentillesse. Le passage de relais s'était parfaitement déroulé entre nous", a dit son prédécesseur à la tête des Bleus, Michel Hidalgo.

Platini 'très triste'

"Très triste", Platini a salué la "carrière monumentale de cet "homme exceptionnel", "un ami d'une fidélité et d'une loyauté rares, un compagnon avec lequel vous pouviez aller jusqu'au bout du monde sans jamais douter de son soutien et de sa présence". La carrière internationale de "Platoche" fut étroitement liée à celle de Michel, puisqu'il a d'abord joué à ses côtés (de 1976 à 1980), puis sous ses ordres (de 1984 à 1987), avant de lui succéder en 1988 (jusqu'en 1992).

La première sélection de Platini, le 27 mars 1976 contre la Tchécoslovaquie, les associe également, avec la fameuse anecdote du coup franc. Alors que le capitaine Michel allait le tirer, le novice Platini, 21 ans et plein de culot, lui a réclamé le ballon. Et a marqué. 1986, ce sont les derniers feux des Bleus romantiques, du carré magique constitué avec Jean Tigana, Luis Fernandez et Alain Giresse, qui sur RTL s'est dit "très touché par sa disparition parce qu'évidemment je connaissais le personnage", évoquant "tous ces moments qu'on a passés avec lui, où il avait pris une équipe qui était déjà construite et qu'il a su gérer, manager".

La suite est moins glorieuse pour Michel, qui échoue à qualifier les tenants du titre à l'Euro-1988. Traité de "sac à merde" par Eric Cantona, il sera limogé fin 1988 après un piteux nul 1-1 à Chypre en qualifications au Mondial-1990. "Autant il a remarquablement géré l'héritage Hidalgo, autant après le Mexique il y a eu une rupture dans le management. Dans son comportement, je n'ai pas trouvé le même bonhomme", se souvient Philippe Tournon, chef de presse historique des Bleus (1983-2004 et depuis 2010).

"LA légende" de Nantes

Après un bref passage sur le banc du PSG au début des années 1990, Michel a multiplié les postes à l'étranger, principalement en Afrique et au Moyen-Orient, disputant trois Coupes du monde avec le Cameroun (1994), le Maroc (1998) et la Côte d'Ivoire (2006) avec laquelle il est vice-champion d'Afrique en 2006. Sa dernière expérience, au Kenya en 2012, n'a duré que quelques mois.

Le sélectionneur français Henri Michel, Michel Platini et Jean Tigana, à l'issue du match pour la 3e place contre la Belgique au Mondial 1986, le 28 juin 1986 à Puebla au Mexique.

En 2004, sa candidature pour reprendre les rênes des Bleus avait été séchement écartée par la FFF. Le technicien, lui, était "un peu à la mode Laurent Blanc avant l'heure: au Mondial-1986, il déléguait beaucoup à ses adjoints, dans une attitude de recul, d'observateur (mais) il était impliqué à 100%. Il avait beau être méridional, c'était un homme discret, pas extraverti, d'une réserve et d'une distinction tout à fait remarquables", selon Philippe Tournon.

Henri Michel, qui s'était retiré ces dernières années à Aix-en-Provence, sa ville de naissance, fut aussi un joueur marquant, de belle allure: il a évolué pendant seize ans au milieu de terrain du FC Nantes (1966-1982), où il a remporté trois championnats et une Coupe de France, et dont il est devenu "une légende, LA légende" du club, comme l'a écrit le FCN. Il comptait 58 sélections (1967-1980) pour les Bleus, dont il a porté dix fois le brassard de capitaine.

AFP/VNA/CVN

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