Débuts mitigés pour le marché du livre numérique

Le marché du livre numérique connaît des débuts mitigés au Vietnam, une situation imputable, selon les spécialistes, à une abondance de copies illégales et au laxisme des autorités compétentes pour résoudre ce problème.

Les internautes vietnamiens connaissent bien sûr les livres numériques avec l’explosion de l’infor-matique et, plus encore, des smartphones et tablettes numériques. Aujourd’hui, on peut facilement trouver des ouvrages sur nombre de forums en ligne qui proposent de tout, de la BD à la philosophie, en passant par la littérature, la religion, les sciences..., y compris la plupart des best-sellers.

Les Vietnamiens se familiarisent graduellement avec les livres sur tablette numérique.

On trouve aussi maintenant des bibliothèques en ligne qui facilitent la recherche et le téléchargement de livres numériques, telles que e-thuvien, tailieu.vn, bookblomming... E-thuvien est même collaborative, ses membres se répartissant depuis avril 2009 la tâche de numériser des ouvrages pour étoffer cette bibliothèque.

Toutefois, cette pléthore d’ouvrages numériques est pour la plupart des copies illégales, de mauvaise qualité, et dont le contenu et l’esthétique pour certains sont discutables...

La triste réalité du marché

Alors que les livres sans droits d’auteur apparaissent comme des champignons après la pluie, le marché du livre numérique connaît de premiers développements mitigés. Les éditeurs s’interrogent, craignant d’abord les violations de droits d’auteur, doutant ensuite des potentiels de ce marché. Il y a un an, Reader.vn a lancé quelques centaines de titres, suivi ensuite d’Alezaa avec un peu moins de 2.000 titres, puis de Phuong Nam avec environ 200 ouvrages.

Reader.vn a lancé il y a un an, quelques centaines de titres

Dernièrement, la compagnie Ybook, relevant des Éditions Tre (Ed. de la jeunesse), a reçu le 15 juin sa licence d’activité. Elle va lancer en septembre prochain 5.000 titres du catalogue des Éditions Tre et d’une dizaine d’autres éditeurs sous forme de livres numériques. Parallèlement, Ybook poursuit l’acquisition de droits d’écrivains connus tels que Nguyên Nhât Anh, Nguyên Ngoc Tu ou Nguyên Huy Thiêp... Dans les temps à venir, elle complètera chaque mois son catalogue de près de 1.000 titres, déclare son vice-directeur Dông Phuoc Vinh. Les prix iront de 5.000 à 10.000 dôngs pour les ouvrages anciens, quant à ceux plus récents des Éditions Tre, ils seront commercialisés à un prix d’au plus 30% de sa version papier.

D’autres éditeurs qui souhaitent s’engager dans le livre numérique, s’ils doivent d’abord régler les aspects sur le plan technologique et du personnel, attendent un signe décisif des services chargés de la protection de la propriété intellectuelle.

Les copies illégales non sanctionnées

Le Vietnam connaît une triste réalité : la proportion des violations de droits d’auteurs sur les logiciels est élevée, avec un préjudice ayant atteint 395 millions de dollars en 2011, selon le 9e rapport annuel de la Business Sofware Alliance (BSA) et de l’International Data Corporation (IDC) sur la violation de droits d’auteurs sur les logiciels. La plupart des Vietnamiens ne conçoivent pas de devoir payer des produits non matériels, qu’il s’agisse de musique, de cinéma ou de livre... Une situation qui met à rude épreuve les éditeurs s’engageant sur le marché du livre numérique.

Au dire d’éditeurs, l’absence d’intervention des services de protection de la propriété intellectuelle pérennise cette situation. «Le pays possède la Loi sur le droit d’auteur, et le ministère de l’Information et de la Communication, comme le Département de la propriété intellectuelle doivent intervenir», considère le directeur adjoint d’Ybook, Dông Phuoc Vinh. «Mais le problème, c’est est-ce qu’ils le font ou pas ?», souligne-t-il.

Quelles perspectives pour le livre numérique ?

Si ce nouveau marché n’est pas rentable pour les éditeurs en raison des risques de pillage de leurs titres, rapidement ils n’auront plus les moyens d’offrir des oeuvres de qualité. Autre perspective, la qualité des oeuvres qui fait l’objet de suspicion de la part des lecteurs compte tenu des faibles rémunérations des auteurs et traducteurs. Le résultat est une situation contradictoire : les éditeurs veulent pouvoir vendre à bon prix pour proposer des oeuvres de qualité, alors que le lecteur est porté à d’abord lire un livre afin d’en vérifier la qualité avant de l’acheter, au plus grand risque de...

Il semble qu’un temps assez long va être nécessaire pour qu’un équilibre s’établisse. Certes, il est sûr que les lecteurs ne tourneront pas le dos aux écrivains, traducteurs et éditeurs s’ils ont de la qualité, comme pour les éditions papier. Mais il faut aussi et plus largement que le consommateur change de psychologie en prenant conscience, par exemple, qu’une édition électronique – dématérialisée – a autant de valeur que son homologue matériel afin de rasséréner les professionnels. Quant à ces derniers, et mis à part la qualité de leur titres - sur le fond comme sur la forme, il leur reste à revoir leurs prétentions financières au regard d’un tel marché, ainsi que mettre en place des moyens de règlement simples, efficaces et sûrs.

Bref, ce marché attend de ses acteurs professionnels des stratégies innovantes et audacieuses pour se développer.

Hoàng Hoa/CVN

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