Début des délibérations au procès Weinstein

Le jury d'un tribunal pénal de Manhattan a entamé mardi 18 février ses délibérations après trois semaines et demi de procès du producteur Harvey Weinstein, dont le sort paraît incertain.

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Harvey Weinstein arrive au tribunal pénal de Manhattan, le 18 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Weinstein qui fut jadis l'un des producteurs de cinéma les plus puissants au monde est-il coupable de viol et d'agression sexuelle, avec comportement prédateur comme circonstance aggravante ?
C'est la question à laquelle vont devoir répondre à l'unanimité les douze jurés du procès.
En cas de désaccord persistant sur tout ou une partie des cinq chefs d'accusation, le procès serait annulé et un autre vraisemblablement organisé, avec de nouveaux jurés.
"Vous allez devoir statuer sur la question ultime: est-ce que l'accusation a démontré la culpabilité (de l'accusé) au-delà du doute raisonnable?", a expliqué aux jurés le juge James Burke, qui a présidé aux débats.
"Vous devez appliquer (aux délibérations) le même sens commun (...) que dans votre vie de tous les jours", a-t-il ajouté.
Vers 11h30 (16h30 GMT), le jury s'est retiré pour délibérer. Un peu après 16h30 (21h30 GMT), le juge a suspendu leurs délibérations, qui reprendront mercredi matin19 février.
Durant cette première journée de délibérations, le jury a soumis une première question écrite au juge, lui demandant pourquoi aucun chef d'inculpation n'avait été retenu concernant le viol de l'actrice Annabella Sciorra.
La comédienne, qui a témoigné au procès, affirme avoir été violée par Harvey Weinstein durant l'hiver 1993, mais les faits présumés sont prescrits et ne pouvaient donc pas être poursuivis.
S'il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation, Harvey Weinstein, 67 ans, encourt la prison à perpétuité compte tenu de la circonstance aggravante.
Sa peine serait alors déterminée ultérieurement par le juge Burke.

Il s'agirait de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-MeToo, celle de l'acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015.
Si six femmes se présentant comme victimes ont témoigné au procès, parmi les plus de 80 qui ont accusé le producteur, seules deux sont au centre des débats, le reste des faits allégués étant prescrit.
D'une part l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, qui affirme avoir été agressée sexuellement dans l'appartement new-yorkais d'Harvey Weinstein, en 2006.
D'autre part l'ancienne actrice Jessica Mann, qui assure elle avoir été violée par l'ancien patron du studio Miramax dans une chambre d'hôtel en 2013.
Harvey Weinstein assure que ces relations étaient toutes consenties.
"Pas un concours de popularité" 
Tout au long du procès, Harvey Weinstein a été décrit avec constance comme manipulateur, agressif, accro au sexe, cynique, mais pour l'envoyer en prison, il faut la conviction qu'il a commis un acte criminel.
"On ne vous demande pas d'aimer M. Weinstein. Ce n'est pas un concours de popularité", a exhorté l'une des avocates de la défense, Donna Rotunno, lors de sa plaidoirie jeudi 20 février.
"L'accusé n'a pas à prouver qu'il est innocent", a-t-elle poursuivi. "Peut-être est-il coupable, il est probablement coupable. Ce n'est pas suffisant".
Dans un dossier sans preuve matérielle et sans témoin, concernant des faits anciens, qui plus est rapportés longtemps après, tout est suspendu au témoignage des deux victimes présumées.
Or, l'un de ces deux témoignages, celui de Jessica Mann, a été nettement fragilisé lors de son contre-interrogatoire par la défense.
La trentenaire a admis avoir entretenu une relation avec Harvey Weinstein durant plusieurs années après les faits, marquée par des rapports sexuels sans opposition de sa part.
La défense a également présenté au jury des correspondances entre Mimi Haleyi et Harvey Weinstein intervenues après l'agression sexuelle présumée, l'assistante de production usant d'un ton chaleureux et initiant d'elle-même le contact.
Tout au long des débats, la défense a cherché à présenter les deux jeunes femmes comme opportunistes, décidées à tirer partie d'Harvey Weinstein pour s'ouvrir les portes d'Hollywood, quitte à consentir à des rapports sexuels.
La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast ont elles souligné qu'en fait d'opportunités, elles n'avaient quasiment rien obtenu du magnat d'Hollywood et qu'elles ne lui avaient pas réclamé de dommages et intérêts en justice.
Un verdict de culpabilité constituerait un tournant majeur pour le mouvement MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d'affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.
Si le jury exonérait, au contraire, l'accusé, il fragiliserait le prolongement du mouvement devant les tribunaux.
Même en cas d'acquittement, M. Weinstein aurait néanmoins encore à répondre d'autres inculpations pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncées début janvier.

AFP/VNA/CVN

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