Début avril, la France agricole se met en mode combat face au froid

"On a eu Noël au balcon, on va avoir Pâques au tison". La France agricole qui grelotte s'est mise en mode combat dimanche face au gel printanier qui menace de détruire les premiers bourgeons, et les futures récoltes 2022, obligeant le gouvernement à se déclarer "aux côtés" des arboriculteurs et viticulteurs touchés par la vague de froid.

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Un vignoble recouvert de neige à Saint-Etienne de Baïgorry (Sud-Ouest de la France), le 1er avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dimanche 3 avril dans le Haut-Rhin, au nord d'une "diagonale du froid" qui s'étend du Nord-Est au Sud-Ouest de la France, la situation était "personnellement compliquée à vivre" pour Thomas Muré, un viticulteur qui cultive des cépages "très précoces" de Gewurztraminer et de pinot.

"Ces pousses vont mourir ce soir", dit le vigneron qui ne dispose ni de chaufferettes pour réchauffer de quelques degrés ses rangées de cépages, ni de systèmes d'aspersion utilisés dans d'autres régions pour enserrer dans une gangue de glace protectrice les bourgeons naissants, et ainsi les protéger des morsures du vent et du froid.

À l'autre bout de la diagonale, à Bergerac (Dordogne), où le thermomètre est descendu à -5,1oC, un record pour un mois d'avril, Eric Chadourne, viticulteur et président de l'interprofession des vins de Bergerac et Duras a été frappé par la durée du gel. "Trois ou quatre heures" entre -3 et -5oC dans la nuit de samedi à dimanche 3 avril.

"Il va y avoir de la casse", prédit ce vigneron qui a mis son éolienne en route dès 22h30 samedi 2 avril pour brasser l'air autour de ses vignes, et ainsi essayer d'empêcher le gel de détruire les jeunes pousses tout juste apparues.

"La vallée de la Garonne a été particulièrement touchée dans la nuit de samedi à dimanche et on a enregistré de nombreux records de températures à la baisse", confirme Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France.

"Fortes gelées" attendues

En moyenne, en France, les températures le 3 avril étaient de 6oC au-dessous de la moyenne de saison, selon Météo-France.
Photo : AFP/VNA/CVN

En moyenne, en France, les températures dimanche 3 avril étaient de 6oC au-dessous de la moyenne de saison, selon Météo-France. Une vague d'air polaire venue de Scandinavie zèbre le pays du Nord-Est au Sud-Ouest et favorisera les gels nocturnes, surtout lorsque le ciel sera dégagé les 4 et 5 avril, indique Météo-France.

L'organisme prévoit de nouveau de "fortes gelées" dans la nuit de dimanche 3 à lundi 4 avril, sur le même axe, de l'Alsace aux Pyrénées en passant par le Massif Central. "Dans la région de Nevers, les températures pourront descendre à -7oC", indique M. Amm.

Il met en garde aussi contre le risque de verglas sur les routes dans ces régions.

Le gestionnaire du réseau électrique RTE a de son côté prévu une situation tendue lundi matin, pour la même raison, en appelant entreprises et particuliers à freiner leur consommation d'électricité, notamment entre 07h00 et 10h00 pour les appareils électroménagers.

Côté agriculture, dans le Tarn-et-Garonne, Pierre Bonnet, arboriculteur, a passé une nuit blanche samedi 2 avril. "La différence avec l'an dernier est que cette température est la même dans les bas-fonds des champs que sur les coteaux", dit-il, craignant pour les variétés précoces de prunes.

Dans le même département, Béatrice Lamanerie, arboricultrice à Lizac, a lancé à minuit l'aspersion sur ses arbres.

"Guetter toute la nuit"

Toujours dans le Sud-Ouest, le Sauternais déjà très affecté par le gel l'an dernier a "été très touché" samedi 2 avril, selon Patrick Lamothe, qui dirige Château Haut-Bergeron. "À -5oC, il n'y a plus grand chose qui fait effet au niveau protection", dit-il.

La taille tardive adoptée par beaucoup de viticulteurs cette année comme "moyen de lutte passive" contre le gel a pu servir de protection à certains.

À Chablis en Bourgogne, Stéphane Aufrère, installé à Fleys, espère que les bourgeons, un peu plus en retard que l'an passé, vont résister. Il a passé la nuit dernière à "chauffer" ce qu'il peut et "prépare la nuit qui vient".

"Nous chauffons deux hectares sur vingt" à l'aide de grosses bougies réparties entre les rangs de vigne pour empêcher le froid de saisir les plantes. Nous n'avons ni les moyens ni le personnel pour protéger toute notre vigne", dit-il à l'AFP.

Dans la vallée du Rhône "il n’y a pas eu trop de dégâts pour l'instant mais ils annoncent plus de froid pour les nuits à venir, ça s'annonce compliqué jusqu'à mercredi", relève Elodie Merlin, qui exploite trois hectares d’abricotiers à Bourg-les-Valence (Drôme).

Le gel lui a déjà fait perdre la récolte de trois variétés ces dernières semaines. Son mari dort sur place pour surveiller les vergers. "Il faut guetter toute la nuit, les alarmes sonnent tout le temps…".

Rappelant l'enveloppe d'un milliard d'euros dégagée l'an dernier pour la même raison, et la loi réformant l'assurance récolte qui entrera en vigueur en 2023, le Premier ministre Jean Castex a assuré dimanche 3 avril que l'État serait "aux côtés" des agriculteurs, arboriculteurs et viticulteurs touchés.


AFP/VNA/CVN

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