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On se croyait un peu sur l’arche de Noé tant les animaux étaient à l’honneur et étaient montés à bord. Excusez du peu : des lions, normal, des tortues, le phénix, des licornes, des dragons, des bœufs, un poulet et bien d’autres encore répertoriés dans une liste de référence des animaux symboliques.
Un vrai bestiaire
Le premier animal cité dans l’hebdo numéro 39 c’est le saumon page 22 et plus spécifiquement ce que l’on peut faire avec dans le cadre d’une coopération francophone exemplaire entre le Vietnam et le Sénégal. On veut parler bien entendu du nuoc mam mais aussi des petites abeilles et de l’apiculture.
C’est d’ailleurs assez drôle qu’on évoque le Sénégal dans ce numéro quand on se rappelle que l’équipe de foot du Sénégal a comme emblème, le roi des animaux…le lion et plus exactement les lions de la Téranga, un lion sénégalais, sinon rien !
On continue ensuite notre safari avec un coq de combat page 24, image furtive tirée du nouveau film de Nguyên Hoàng Diêp : Gesticulation au milieu de nulle part. On espère bien d’ailleurs une sortie française de l’œuvre dont on dit que c’est un film émouvant, harmonieux et attractif.
Et puis la course s’accélère et les bœufs des Khmers entrent en scène. C’est du beau spectacle et les bestiaux font plaisir à voir : démonstration de puissance de la paire 61 devant la paire 62 qui semble déjà battue ! On se croirait revenu aux premiers jeux du cirque ! On sait que cette course de bœufs est un rendez-vous incontournable et annuel de la province d’An Giang.
Leurs cousins les taureaux ne sont pas loin ! Tournez la page et arrivez en page 28, 2e colonne ! Il est question de troc : échangerait un grand ensemble de gongs contre une trentaine de taureaux ou un plus petit contre une dizaine.
Il est question aussi de Mme Y Gêu. On est au Tây Nguyên. On en reparle.
Et puis arrive le dossier central : place aux lions vietnamiens.
C’est vrai qu’ils sont imposants et que les lions exotiques n’ont qu’à bien se tenir ou plutôt…disparaître !
Alors rappelons haut et fort ce qu’est un lion vietnamien : Au Vietnam, ces lions en pierre sont apparus à la dynastie des Ly (1009-1225) et étaient considérés comme un symbole de la force bouddhique. Mais les lions vietnamiens se distinguent complètement de leurs homologues chinois et occidentaux. D’après Trân Hâu Yên Thê, chercheur en beaux-arts, ils sont plus minutieusement sculptés, leur denture est moins tranchante, dépourvue de canines. En attestent les statues des pagodes Phât Tich, Chuong Son, Bà Tâm, Thây, Hoàng Kim, Sung Nghiêm. Elles ne reflètent pas une démonstration de force, encore moins une dangerosité.
Encore d’autres animaux ? Bein oui, des coquillages : les mimachlamys nobilis. Ils sont très utiles dans l’art de fabriquer des estampes populaires, fierté du village de Sinh. C’est à lire en page 35. On n’oubliera pas la Tortue et son petit lac et sa Tour en page 39 et celles en pierre au Temple de la Littérature à Hanoi, qui supportent les stèles des éminents lauréats des siècles passés.
Et puis pauvre petite tortue, elle supporte aussi en page 47 un énorme et gigantesque phénix ! Ouffff ! Courage petite tortue.
Du courage il en faut oui, aussi pour 3 personnes mises en évidence dans l’hebdo, 3 portraits forts attachants.
Bonté et abnégation
Courage pour Trân Van Khuong, 54 ans qui exerce bénévolement le métier de batelier sur la rivière Hoa près de Hai Phong (Nord). On le voit à bord de son bac de fortune. On n’est pas loin encore une fois de l’Arche de Noé. Pas d’animaux à bord mais tout un bric à brac d’objets plus insolites les uns que les autres et quelques passagers confiants. On est heureux de lire que son bénévolat n’est pas passé inaperçu. Il a été dignement récompensé par de nombreux satisfecit qu’il savoure fièrement. Le premier a été attribué en 2012 par le Comité populaire de la ville de Hai Phong, accompagné d’un million de dôngs. En 2013, il a fait partie des cinq meilleurs travailleurs du pays lauréats du prix KOVA, décerné par la vice-présidente de la République, Nguyên Thi Doan.
Courage aussi pour Mme Y Gêu, vieille gardienne de gongs du Tây Nguyên, 80 ans et une fierté : ses ensembles de gongs qu’elle protège amoureusement.L’octogénaire respire encore la santé et se lève tôt tous les jours pour faire paître ses bœufs en forêt, un troupeau d’une dizaine de bêtes. «En 2009, mon troupeau comptait quelque 40 bovins. Je les ai distribués à mes dix enfants en guise de dot, avec le conseil de ne jamais vendre les gongs» !
Juste avant le gong, terminons avec Tô Hoàng qui lui aussi est courageux et qui vit entre autres de son regard aiguisé et d’une paire de ciseau. Il vient régulièrement pratiquer ce «métier d’appoint» comme il dit. Vu ses maigres recettes, ce n’est certainement pas l’appât du gain qui le motive, mais plutôt le désir de partage et de rencontres.
Vous me croirez si vous voulez mais cet article de la page 58 signé Nghia Dàn m’a fait reculer de presque 20 ans en arrière. C’est un samedi matin et je découvre pour la première fois le centre-ville de Hô Chi Minh-Ville. Le hasard m’amène au jardin botanique et au zoo en bas de l’avenue Lê Duân. L’endroit me plaît, il est frais et les arbres sont extraordinaires. Je tombe sur un jeune comme Tô Hoàng, un lointain cousin sans doute et il réalise pour moi mon portrait découpé. Un de mes premiers grands souvenirs au Vietnam. Quelques instants plus tard, je partais à la découverte des animaux du zoo : des lions, normal, des tortues, le phénix, des licornes, des dragons, des bœufs, un poulet et bien d’autres encore !
Hervé Fayet/CVN