Débriefing numéro 38

La semaine dernière, l’hebdo s’offrait un titre cinématographique et alertait ses lecteurs sur différentes catastrophes naturelles dont le Vietnam est victime chaque année et sur sa vulnérabilité aux conséquences du changement climatique. La lecture du dossier faisait froid dans le dos.

>>Débriefing numéro 37
Impacts du réchauffement climatique

Huong Linh chargée du dossier nous rappelle qu’il est temps d’agir vite car déjà les populations vivant sur le littoral souffrent énormément de caprices du climat. Les photos publiées parlent d’elles-mêmes. Quand on voit les digues en béton du littoral de Hôi An (province de QuangNam, Centre) complètement disloquées, il y a de quoi se faire du souci.
Et puis, il y a aussi ces chiffres terribles : Selon le scénario élaboré en 2012 par le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, si le niveau de la mer augmente d’un mètre, cela signifiera que 39% de la superficie du delta du Mékong (35% de la population), 10% du delta du fleuve Rouge (9% de la population) et 2,5% des provinces littorales du Centre (9% de la population) seront submergés.
Oui, le titre d’un des deux articles est : limiter les conséquences d’une catastrophe annoncée. On pense ainsi à ses campagnes de bénévolat pour planter de la mangrove (trois photos dans le dossier) ainsi que le relèvement des digues partout où c’est possible notamment à Vinh Châu dans la province de Soc Trang (delta du Mékong).
Depuis de nombreuses années, les provinces du Sud occidental sont des victimes régulières avec notamment le fléau de la salinisation : l’eau salée a pénétré à 40-45 km, voire même jusqu’à 70 km à l’intérieur des terres. Le taux de salinité de la province de Hâu Giang (delta du Mékong) atteint aujourd’hui de 5 à 7‰.
On reste sans voix devant les prévisions, en 2100 où le delta du Mékong - premier grenier à riz du pays - perdrait 7,6 millions de tonnes de riz par an et où 2,4 millions d'hectares de terres agricoles seraient rendues incultivables, en raison de la trop forte salinité.
La question est ainsi posée à tous et au-delà du Vietnam : comment faire ? Comment changer tout ça ? Va-t-on enfin protéger la nature et la respecter ? Va-t-on enfin mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre et tout simplement changer nos modes de consommation ? Il le faut, c’est indispensable car actuellement à Hôi An, l’eau de mer n’est plus qu’à 40 m de la rue Âu Co contre 200 m auparavant. Tout est dit, non ?
Est-il meilleur de peindre sur les murs et de nous imposer ces fresques murales qui se développent un peu partout dans le monde ? Depuis grosso-modo les années 1980, l’art du graffiti associé au Hip-Hop a envahi l’espace public. J’étais content de voir que le Vietnam y avait échappé et arrivait à conserver ses espaces publics vierges de toutes inscriptions. Hélas, trois fois hélas, le fléau se développe et commence à hanter les villes. Non, mais franchement vous avez bien regardé l’œuvre du duo Phan Minh Tuân et Sébastien Szczyrk (quel nom !!!), page 28, vous trouvez ça beau, vous ? Et un des artistes de dire : Par nos fresques inspirées de la vie réelle, nous voulons contribuer à embellir la ville mais aussi à rapprocher l’art et la vie. Je cherche encore en quoi ce genre d’œuvre peut embellir une ville. Si vous avez la réponse, écrivez à la rédaction pour lancer le débat !
Mais éloignons nous du littoral et des villes quelques instants et prenons de la hauteur! La semaine dernière, on était attiré aussi par quelques mots en u qui à mon avis se prononce ou : Ca trù - Katu - Ban Mù et Bùi Duc Phu.
Verdure, bien-être et extravagances

S’il y a quelque chose de beau à contempler et qui ne fait plus peur, c’est bien le paysage de la page 34 où on découvre les rizières en gradins de Ban Mù. On sent qu’ici les problèmes de pollution et de changement climatique sont un peu moins d’actualité. Normal, on est au sein de la communauté H’mông, des personnes respectables qui comprennent, vivent et honorent la nature mieux que quiconque. L’auteur de l’article nous raconte son périple dans cette région des montagnes de Yên Bai au Nord du Vietnam. Il y trouve plaisir et réconfort : la paix règne dans mon fort intérieur et c’est avec cette sérénité absolue que Ban Mù est imprimé dans mon cœur.
Autres montagnes, autres populations. Rendons-nous maintenant dans la province de Quang Nam au Centre ! Nous sommes toujours dans un espace montagneux au beau milieu du riz de montagne (lúa nuong) et M. Huu Ngoc nous présente les Katu. On les voit en photo interpréter une danse traditionnelle lors d’une fête de village. Alors, le portrait du Katu ne lui rend pas forcément hommage ! On y parle de rapt et de fille kidnappée ! On y lit aussi ces horreurs : l’homme passe son temps à s’amuser, distiller de l’alcool pour se saouler et il n’hésite pas à battre sa femme. Celle-ci travaille sans relâche pour son mari et sa belle-famille. Elle n’ose pas demander le divorce parce que pour rompre le mariage, ses parents doivent rendre à ses beaux-parents en nature les offrandes matrimoniales…
Décidément, le Katu n’est pas très fréquentable ! Il serait plus bénéfique de lui tourner le dos et de se mettre au… ca trù, un art vietnamien datant du XIe siècle.
Des talents à revendre
On lit avec bonheur que la relève est assurée pour cette poésiechantée. On savait que cet art est inscrit depuis 2009 par l’Unesco sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente car les musiciens et chanteurs sont pour la plupart âgés et leur nombre est en dimution. L’article prouve donc le contraire et on découvre de très jeunes talents qui prennent leurs responsabilités et s’adonnent à leur nouvelle passion. Ainsi grâce au festival national du ca trù de Hanoi, on a pu identifier bon nombre de jeunes artistes dont 58% de moins de 30 ans.
Le talent c’est aussi cette prouesse médicale : un cœur artificiel implanté pour la première fois au Vietnam. Et si l’homme est capable des pires faits il est aussi capable de sauver des vies. C’est le cas du Pr-Dr Bùi Duc Phu et son équipe constituée d’une cinquantaine de médecins, en partenariat avec des experts de l’hôpital australien Saint-Vincent. Bravo donc à l’Hôpital central de Huê. C’est une première au Vietnam.
Enfin une bonne nouvelle dans un numéro très sombre mais franchement utile pour tirer les sonnettes d’alarme et Le Courrier du Vietnam s’y engage. 

Hervé Fayet/CVN

 

 

 



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