Débriefing numéro 35

La semaine dernière, grâce au Courrier du Vietnam, nous sommes retournés sur les bancs de l’école et nous avons fêté la rentrée scolaire 2014 – 2015.

Photo :Phuong Vy/VNA/CVN


Manifestement, les élèves pris en photos en couverture avaient déjà pris le chemin de l’école un peu plus tôt et étaient déjà prêts à répondre aux questions de leur institutrice. Tous ? Non, les deux élèves du premier rang avaient, semble-t-il, beaucoup plus de difficultés à trouver une réponse ! Ils sont en effet les deux seuls à ne pas lever le bras pour demander la permission de parler ou peut-être n’ont-ils pas envie de prendre la parole tout simplement. Il est possible aussi que ce soient les deux élèves les plus en difficulté ou les plus jeunes de la classe et qu’ils ont donc besoin de leur maîtresse un peu plus souvent que les autres !
Bref, une classe parmi tant d’autres avec sa vie, son organisation et ses bureaux qui serviront en fin de matinée de tables pour déjeuner mais aussi de « lits » pour se reposer et faire une bonne sieste avant de continuer les leçons en après-midi. L’occasion de saluer tous les enseignantes et enseignants qui se dévouent chaque année pour transmettre des connaissances et des valeurs aux plus jeunes.
Transmission orale de maître à élève
C’est la même chose dans le domaine musical et plus particulièrement dans le domaine de la cithare à seize cordes. L’article qui est consacré à cet instrument millénaire met beaucoup cette transmission en avant : Hông Viêt Hai, durant ses études en médecine à Seattle, État de Washington aux États-Unis, a fondé le groupe Huong Viêt. Les efforts de cette création ont permis de créer des affinités avec les maîtres de cithare du pays comme le Professeur Trân Van Khê, l’Enseignante émérite Pham Thúy Hoàn, l’agrégée Hai Phuong... M. Hai a accumulé de précieuses expériences et méthodes pour les transmettre avec pédagogie aux membres de son groupe.
Et on se réjouit de tous ces artistes qui mettent en valeur la musique ancestrale du Vietnam tout en étant inquiet de lire aussi : si les jeunes du pays négligent la musique traditionnelle, d’autres, vivant ou nés à l’étranger, l’apprécient et cherchent à lui redonner son lustre d’antan.
Il est donc grand temps de parler régulièrement de tous ces allumés de la cithare à seize cordes à travers le monde. D’autant plus que toutes les légendes tournant autour de cet instrument sont très belles notamment concernant ses origines. En effet, la légende veut que la cithare vietnamienne ait 32 cordes à ses origines et qu’un maître de musique (encore un) enseignant l’instrument à ses deux filles fut pris de colère après une dispute des deux gamines. Il décida, fou de rage, de couper la cithare en 2, dans le sens de la longueur et d’en donner à chacune une comportant donc 16 cordes. On suppose que c’est vrai puisque la cithare vietnamienne se dit «dan tranh» (dan : instrument de musique ; tranh : dispute). Une autre légende explique aussi que tranh veut dire «peinture» et la cithare vietnamienne peut exprimer tous les sentiments de la vie telle… une peinture.
Personnellement, je garde en mémoire cet instrument car il était l’instrument préféré de ma belle-mère qui en jouait merveilleusement bien. Après son décès, son instrument resta longtemps accroché sur le mur de notre salon. Sa présence et le son de cet instrument me font invariablement penser à elle.
Au passage, citons deux disques qui pourraient éveiller des émotions chez ceux qui connaissent peu cet instrument : celui de Vo Vân Anh intitulé «She's not She» et celui de Tri Nguyen et du quatuor Ilios intitulé «Consonnances». Comme le dit Phuong Nga en conclusion de son article : Animés par cette volonté farouche de s’attirer la lumière plutôt que de rester dans la pénombre, beaucoup de ces artistes continuent à semer patiemment leurs graines pour que les mélodies de cette musique populaire vietnamienne ne se meurent jamais et s’envolent vers d’autres cieux.
Un bâtiment spectaculaire
En fouinant sur internet, j’ai pu me rendre compte qu’en France certains musiciens vietnamiens avaient donné des concerts de cithares à seize cordes dans des églises. Et c’est tout à fait formidable. Une église est aussi mise en valeur dans le numéro 35 du Courrier du Vietnam. Il s’agit de l’église en bois de Kontum. Le reportage photographique est tout à fait réussi et donne envie d’y être. Tout dans cetteéglise inspire la beauté et la sérénité. On apprend dans l’article que c’est le prête français Decrouille qui est à l’initiative de cette construction. Toutes les décorations sont en bois précieux. Le clocher, de plus de 20m de haut, est majestueux. Le plancher en bois est surélevé d’un mètre. Cette église a une architecture qui mélange le style roman et celui des maisons sur pilotis de l’ethnie Ba Na.
On imagine assez bien que pendant la période de Noël ou de Pâques, elle doit être noire de monde et très fréquentée : Cette église est ouverte à la visite tous les jours. Vous pouvez la visiter à n’importe quelle période de l’année. Nous y sommes allés un jour ordinaire, nous avons vu un lieu très tranquille. Cependant, selon les habitants locaux, en janvier ou février, le chemin qui mène à l’église est décoré de fleurs. À Noël, des milliers de catholiques de différentes ethnies montent leur tente autour de l’église pendant toute la semaine pour assister aux offices.
La foule au rendez-vous
Lorsqu’on lit les articles consacrés à la cérémonie de l’indépendance du 2 septembre 1945, le dossier central du numéro 35, on voit que là-aussi la foule est considérable. Des témoignages nous sont donnés en pages 34 – 35, des personnes qui se souviennent encore de l’événement notamment celui de Mme Lê Thi Phuong Mai et M. Tiên Há : 20 000 Hanoïens étaient présentsle matin du 2 septembre 1945, Place Ba Dinh. Pour mieux comprendre cette ferveur populaire il y a aussi le documentaire L’Indépendance du 2 septembre 1945qui a été monté par l’Artiste du Peuple Pham Ky Nam (1914 - 1984).On y voitdes images de la foule (encore la foule) se ruant vers la place Ba Dinh en chantant à haute voix, l’image du Président Hô Chi Minh sur la tribune, les portraits des jeunes, les Hanoïennes en ao dài au visage rayonnant, et bien d’autres encore qui impressionnent les téléspectateurs.
Et puis il y a un mystère : Qui a filmé ces images? Et l’article donne toute une série de détailstrèsintéressants pour tous ceux qui sont passionnés d’Histoire. Je n’en dirais pas plus car vous devez absolument vous procurer le numéro 35 pour lire la suite car c’est forcément captivant.
Ce jour-là, le Président Hô Chi Minh lit la Proclamation de l’indépendance donnant naissance à la Républiquedémocratique du Vietnam. Un beau poème dans l’hebdo lui rend un hommage appuyé et notamment ce passage qui me touche : Pour qui ces pamplemousses seraient-ils encore succulents ? Pour qui ce jasmin répandrait-il encore son parfum envoûtant ? Alors que votre silhouette n’est plus qui, chaque matin et soirée, venait se refléter sur le lac, entourée des nuages lactés…
Emouvant on vous dit. Bonne lecture et bonne rentrée des classes avec le Courrier du Vietnam.

Hervé Fayet/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top