De perle en crabe

Qui pourrait penser, en voyant bouger frénétiquement les petits crabes ou les ocypodes sur une plage, qu’une belle légende est, à leur origine, celle de Da Tràng.

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Le crabe de sable ou l'ocypode a, lui aussi, une longue histoire au Vietnam.
Photo : Wikipedia/CVN

C’était il y a très longtemps, chaque jour, Da Tràng le chasseur quittait sa paillote et s’enfonçait dans la forêt, avec son arc et ses flèches, pour ne rentrer que le soir, avec les bêtes qu’il avait tuées. Il lui arrivait souvent de passer devant un sanctuaire et de croiser dans les environs deux serpents noirs tachetés de blanc. Au début, il en avait peur, mais comme ils ne lui faisaient aucun mal, il s’habitua vite à leur présence ; il finit par comprendre que c’étaient des serpents-génies, et déposa régulièrement du gibier au pied de l’autel.

Une perle en récompense

Un jour, en s’approchant, Da Tràng entendit un grand bruit de feuilles et d’herbes fouettées. Il accourut et, voyant les deux serpents noirs attaqués par un serpent jaune bien plus gros qu’eux, il prit son arc et tira sur ce dernier, qui fut blessé à la tête et s’enfuit. L’un des deux serpents noirs se lança à sa poursuite, tandis que l’autre, grièvement mordu, mourut peu après.

Da Tràng l’ensevelit soigneu-sement derrière le sanctuaire. La nuit, un génie lui apparut et lui dit : "Vous m’avez sauvé des crocs de mon ennemi et vous avez rendu les derniers devoirs à ma femme. Voici le témoignage de ma gratitude". Et Da Tràng vit le génie se transformer en un serpent : il ouvrit largement sa gueule et laissa tomber une perle qui luisait dans la nuit.

Da Tràng avait toujours entendu dire que la possession d’une perle de serpent génie permettait aux hommes de comprendre le langage des animaux. Il la mit donc dans sa bouche le lendemain matin avant de partir en chasse. À peine entré dans la forêt, il entendit une voix qui descendait d’un arbre : "À droite, à 200 pas, qui voit un daim ? À droite, à 200 pas, qui voit… ?" C’était un corbeau qui le conseillait ainsi. Da Tràng l’écouta et, quand il eut abattu sa proie, l’oiseau cria: "N’oubliez pas ma récompense ! N’oubliez pas !"

Da Tràng s’aperçut que de son côté le corbeau le comprenait. À sa question "Que veux-tu ?" l’autre répondit : "Les entrailles! Seulement les entrailles !" Da Tràng ne manqua pas de s’acquitter. Le lendemain, le corbeau revint et le renseigna de nouveau, et c’est ainsi qu’ils devinrent associés, Da Tràng prenant toujours soin de déposer en un endroit convenu la part de son compagnon.

Couverture du conte sur le crabe de sable publié par la Maison d’édition Kim Dông.
Photo : CTV/CVN

Querelle et vengeance

Un jour, cette part fut dérobée par quelque bête avant l’arrivée du corbeau. Celui-ci crut à un oubli de Da Tràng et vint se plaindre chez lui. L’homme protesta, tous deux finirent par se disputer. Le corbeau se mit insulter Da Tràng, et celui-ci, dans sa colère, lui décocha une flèche empoisonnée. Mais l’oiseau sut l’éviter et, s’envolant à tire-d’aile, il ramassa la flèche à l’endroit où elle était tombée, criant : "On se vengera ! On se vengera !"

Quelques jours après, Da Tràng fut arrêté : on avait découvert sur le corps d’un noyé la flèche empoisonnée marquée à son nom. Malgré ses protestations, il fut jeté en prison. Quelqu’un qui fut bien étonné, ce fut le geôlier de notre chasseur : il l’entendit rire et parler tout seul. Il le crut fou, alors que Da Tràng causait tout simplement avec les bestioles de sa cellule, priant les moustiques et les punaises de ne pas le piquer.

Une fois, Da Tràng surprit une conversation entre eux, qui racontaient comment plusieurs des greniers royaux, mal gardés, avaient été vidés par eux. Da Tràng demanda immédiatement à voir le gouverneur de la prison. D’abord sceptique, ce dernier finit par signaler le fait et l’on s’aperçut que Da Tràng n’avait pas menti.

Peu après, des fourmis qui transportaient en hâte leurs œufs et leurs provisions dans les endroits élevés, interrogées par Da Tràng, lui annoncèrent qu’une grosse crue était imminente. Prévenu, le gouverneur s’empressa cette fois d’en référer au roi, qui fit prendre d’urgence les mesures nécessaires. Trois jours plus tard, les eaux du grand fleuve montèrent rapidement et débordèrent, inondant d’immenses régions.


(À suivre)
Ông Ngoai/CVN

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