De nombreux obstacles pour le développement d’une agriculture high-tech

Après une trentaine d'années de Renouveau, l’agriculture vietnamienne a connu un développement fructueux avec des progrès remarquables. Pendant ce laps de temps, l'exportation de produits agricoles ​a généré 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires, profitant à plus de 10 millions de familles - soit plus de 68% de la population - et contribuant ​à 22% du PIB et 35% des exportations nationales.

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Le pays est aussi devenu l’un des plus gros exportateurs agricoles du monde avec comme produits phares riz, café, caoutchouc, noix de cajou, poivre ou encore thé et produits aquacoles.

Le développement d'une agriculture high-tech est devenu une tendance majeure et nécessaire au Vietnam.
Photo : VNA/CVN

À noter que ce sont les hautes technologies qui ont grandement contribué à ce succès, dans la mesure où elles ont permis de développer des produits de haute qualité capables d’être compétitifs à l’étranger. Face aux changements climatiques, à l’urbanisation…, le développement d’une agriculture high-tech est devenu une tendance majeure et nécessaire dans le contexte d’intégration, mais aussi la clé de la restructuration agricole.

Des résultats encore marginaux

Ces dernières années, le Parti et l’État ont promulgué un grand nombre de mécanismes et politiques spécialisées en vue d’accélérer le développement d’une agriculture high-tech. En 2015, le gouvernement vietnamien a entériné une décision approuvant un plan global de développement agricole d’ici 2020 et sa vision pour 2030, dont l’accent sera mis sur le renforcement de l’application des technologies de pointe. En conséquence, d’ici 2020, la production agricole à l’aide des hautes technologies devrait représenter entre 10 et 15% de la production agricole nationale. Dix technopoles spécialisées devraient être construits, dont huit relevant des villes et provinces du ressort central. Mais le développement de zones agricoles high-tech demeure très limité par manque de capitaux comme de ressources humaines. En fait, il n’existe à ce jour que deux parcs agricoles high-tech en activité et une autre zone reconnue dans la province de Kiên Giang (Sud). D'autres localités élaborent un plan ou ont demandé une autorisation du gouvernement en ce sens, notamment Hanoï (Nord), Nghê An, Phu Yên (Centre), Lâm Dông, Gia Lai (hauts plateaux du Centre), Binh Duong et Hâu Giang (Sud).

De même, les modèles de développement de l’agriculture high-tech dans certaines localités comme Hô Chi Minh-Ville, Hai Phong, Vinh Phuc, Lâm Dông… ont abouti à des résultats encourageants. On peut citer plusieurs modèles tels que celui de culture de champignons à Vinh Phuc, de production de légumes bio et de floriculture à Hô Chi Minh-Ville, ou encore le modèle de serre employant des technologies israéliennes appliqué par le Centre de développement agricole et sylvicole de Hai Phong.

Le vice-ministre Lê Quôc Doanh (gauche) examine un modèle de culture de légumes et de chou bio dans la province de Binh Phuoc (Sud).
Photo : Internet

Répondant à une question de l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA), le vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Lê Quôc Doanh, a indiqué que ces derniers temps, notamment depuis la mise en œuvre du projet de restructuration agricole, un grand nombre d’entreprises avaient investi dans la production agricole high-tech. Aujourd’hui, elles ont affirmé leur prestige et leur compétitivité en matière de rendement et de qualité des produits, faisant figure d'exemples dans plusieurs localités.

Le pays compte actuellement 28 entreprises reconnues pour leur production agricole high-tech. Elles jouent un rôle positif dans le changement du mode de production et participent activement au marché mondial. Outre les entreprises aujourd'hui bien connues des consommateurs comme Vineco, Hoàng Anh Gia Lai, TH, Vinamilk, d’autres établissements ont commencé à se faire une place dans ce secteur telles la compagnie CIC avec la culture du cacaoyer, la compagnie du lait Nutifood avec la culture de caféiers, ou Pan Groupe avec la plantation de fleurs au service du marché japonais.

En vue d’encourager le développement de l’agriculture high-tech et propre, la Banque d’État a accordé 100.000 milliards de dôngs (plus de 4,38 milliards de dollars) aux crédits destinés à l’agriculture high-tech et bio à un taux d’intérêt approprié, soit inférieur de 0,5 à 1,5% au taux ordinaire. À ce jour, plus de 32.000 milliards de dollars ont été prêtés dont 86% ont été investis dans l’agriculture high-tech. Précision importante : ces prêts ne sont pas devenus des créances douteuses.

Un modèle de culture maraîchère appliquant la méthode hydroponique dans la ville de Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).
Photo : Internet

Maints difficultés et obstacles

Si les premiers résultats sont là, le développement de l’agriculture high-tech au Vietnam est confronté à divers obstacles et difficultés. En effet, la production agricole high-tech est une nouvelle orientation, aussi doit-elle faire face à de grands risques dans la mise en œuvre des projets. Le capital d'investissement est très important et le coût des produits est assez élevé. Par ailleurs, les débouchés des produits ne sont pas stables, et il n'y a pas encore de marques véritablement connues de ces produits. En outre, un grand nombre d’ouvrages de production agricole high-tech comme serres, filets d’ombrage... ne sont pas certifiés comme un bien pour la garantie des dépôts bancaires. Les banques commerciales ne manquent pas de liquidités pour les prêts, mais le crédit agricole de hautes technologies reste difficile d'accès en raison de l'absence de mécanismes juridiques liés aux droits de propriété, au développement du marché, etc.

La province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), qui possède des atouts pédoclimatiques propices au développement agricole, est la première du pays dans l'application de l’agriculture high-tech. Néanmoins, Nguyên Van Son, directeur du Service provincial de l'agriculture et du développement rural, a noté que les agriculteurs restent confrontés à de nombreux défis dans la mobilisation du foncier, l’appel à l'investissement, l'accès aux capitaux ou encore l’importation de variétés végétales.

Dak Lak, un territoire des poivriers sur les hauts plateaux du Centre.
Photo : Duong Giang/VNA/CVN

"La production agricole du Vietnam est également fortement affectée par des conditions externes. Les modèles d'application des hautes technologies dans l'agriculture sont de petite envergure, inégalement répartis et très vulnérables en cas de conditions climatiques défavorables. Sur ce que j'ai pu voir au premier semestre de l’année, il existe de nombreuses incertitudes sur le marché de la consommation de produits agricoles tandis que la production saine et à la chaîne a été lente", a déclaré Lê Quôc Doanh.

Les foyers producteurs n’ont pas suffisamment d'informations sur le marché intérieur et celui de l'exportation. En outre, on peut signaler d'autres difficultés comme l'organisation de la production non synchrone ; la faible valeur de la production ; les sciences et les technologies ne jouant pas leur rôle de locomotive dans la production mais aussi la faiblesse des liens noués entre les sciences, les technologies et les activités de production.

Le développement de l’agriculture high-tech est une tendance inéluctable au Vietnam comme dans le reste du monde. Pour faire de ce secteur un atout de l’agriculture nationale dans le contexte de l’intégration mondiale, il est nécessaire d’avancer des solutions effectives et opportunes pour régler les difficultés et de soutenir agriculteurs et entreprises. En parallèle, il faut édifier des marques fortes capables d’être compétitives sur le marché intérieur comme mondial.

VNA/CVN

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