De la candidature gagnante au report : la course d'obstacles de Tokyo-2020

Des larmes de joie lorsque Tokyo a été choisie à l'annonce historique de leur report mardi 24 mars par le CIO, le chemin des Jeux olympiques 2020 n'a pas été un long fleuve tranquille.

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Les Tokyoïtes affichent leur joie après l'attribution des JO-2020 à leur ville, le 10 septembre 2013.
Photo : AFP/VNA/CVN

Voici huit épisodes marquants qui ont précédé l'ajournement sans précédent du plus grand évènement sportif mondial.

Larmes de joie

À l'annonce le 8 septembre 2013 de l'attribution des JO-2020 à Tokyo, des présentateurs télé nippons fondent en larmes, et tout le pays exulte.

L'explosion de joie fait vite place à l'émotion face au souvenir des milliers de victimes du tremblement de terre et du tsunami de mars 2011. Beaucoup de Japonais redoutaient que l'accident nucléaire de Fukushima ne ruine les espoirs de la candidature de Tokyo. Les JO seront vite surnommés par le gouvernement "les Jeux de la reconstruction".

Faux départs

En juillet 2015, le Premier ministre Shinzo Abe ordonne une révision complète du projet de nouveau stade olympique, en réponse aux nombreuses critiques sur son coût estimé à près de 2 milliards d'euros, qui en aurait fait le stade le plus cher de l'histoire.

Un projet de l'architecte japonais Kengo Kuma est hâtivement sélectionné à la place de celui de l'Irako-Britannique Zaha Hadid, dont les lignes futuristes faisaient également débat.

Le nouveau stade olympique, d'une capacité de 68.000 places, a été achevé fin 2019 pour un coût estimé à 1,3 milliard d'euros.

Autre faux départ en septembre 2015 : les organisateurs de Tokyo-2020 sont forcés de renoncer au premier logo des Jeux car il ressemblait fortement à celui du théâtre de Liège en Belgique, dessiné par le créateur Olivier Debie, lequel avait saisi la justice.

Folie des mascottes

Le 28 février 2018, les organisateurs révèlent la paire de mascottes des JO sélectionnée par les écoliers de tout le pays : "Miraitowa" et "Someity", deux personnages dans le style manga, avec des oreilles pointues, de grands yeux rieurs et des "super-pouvoirs".

Cette annonce réussie a été un événement au Japon, qui regorge de ces créatures pour incarner régions, villes, services publics, spécialités locales...

Soupçons et démissions

Le 19 mars 2019, le président du Comité olympique japonais, Tsunekazu Takeda, alors âgé de 71 ans, annonce sa démission qui sera effective en juin suivant, officiellement en raison de la limite d'âge.

Le Japonais Tadao Ando, président du jury de désignation du futur stade olympique introduit l'architecte lauréat Zaha Hadid retenu à la presse, le 15 novembre 2012 à Tokyo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais il est surtout sous pression depuis la révélation au début de l'année, en janvier, de sa mise en examen par des juges français, qui le soupçonnent d'avoir octroyé des pots-de-vin à des membres du CIO en 2013 pour soutenir la candidature de Tokyo.

Devant les juges français, M. Takeda s'est défaussé sur ses collaborateurs, tandis que des investigations menées au Japon l'ont blanchi.

Le mois suivant survient une autre démission embarrassante pour le Japon, celle de son ministre chargé des Jeux olympiques, Yoshitaka Sakurada, auteur de gaffes à répétition en à peine six mois d'exercice.

Marathon délocalisé

À l'été 2019, de fortes chaleurs conjuguées à une humidité extrême à Tokyo mettent des athlètes au supplice lors d'épreuves tests des JO. Soucieux, le CIO force début octobre le transfert du marathon et de la marche à Sapporo, à 800 kilomètres au nord de la capitale, où l'été est normalement plus clément.

Les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo dévoilées le 24 août 2018 à Tokyo.
Photo : AFP/VNA/CVN

La déconvenue est rude pour les organisateurs de Tokyo-2020 et la gouverneure de la capitale, Yuriko Koike, qui comptait sur l'épreuve-phare qu'est le marathon pour promouvoir sa ville devant les caméras du monde entier.

La Russie mise au ban

Tokyo-2020 est rattrapé par des enjeux géopolitiques quand, le 9 décembre 2019, l'Agence mondiale antidopage exclut pour quatre ans la Russie de toute compétition sportive internationale afin de sanctionner la "manipulation" de données de contrôles par l'Agence russe antidopage.

Moscou ayant fait appel, le dernier mot reviendra au Tribunal arbitral du sport (TAS). En cas d'exclusion confirmée de la Russie, des athlètes du pays pourront toutefois concourir à Tokyo sous drapeau neutre à condition de prouver qu'ils ne sont pas en cause dans cette affaire tentaculaire.

Addition salée

Le 20 décembre 2019, les organisateurs annoncent que le coût total des Jeux devrait s'élever à 1.350 milliards de yens (11,5 milliards d'euros), une somme qui n'englobe cependant pas les quelque 250 millions d'euros nécessaires pour déplacer le marathon à Sapporo, que la partie japonaise veut faire payer au CIO.

Le coût pour la nation a aussi entraîné une polémique, la Commission de vérification des comptes du Japon estimant à 1.060 milliards de yens (près de 9 milliards d'euros) les dépenses réelles de l'État entre 2013 et 2018, soit près de sept fois plus que son engagement initialement prévu.

Report historique

Le 24 mars 2020, trois mois après le début d'une pandémie de coronavirus sans précédent qui a contaminé plus de 386.000 personnes et causé près de 17.000 décès dans le monde, le CIO annonce le report des Jeux olympiques à 2021, "au plus tard à l'été".

L'évènement est historique : depuis sa création en 1896, jamais le plus grand évènement sportif mondial n'avait été reporté en temps de paix. Le relais de la flamme olympique est lui aussi repoussé.

Les Jeux olympiques de Tokyo seront "le témoignage de la défaite du virus" face à l'humanité, lance le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Malgré leur report, ils conserveront l'appellation "Tokyo-2020".


AFP/VNA/CVN

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