Dans les massif montagneux du Nord-Ouest, des sages-femmes dévouées

Dans les régions montagneuses, en raison de la distance géographique, beaucoup de femmes enceintes ne peuvent aller accoucher dans les établissements de santé. De plus, dans certaines ethnies minoritaires, la coutume reste encore l’accouchement à domicile. Alors, le rôle des sages-femmes dans ces régions est très important.

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La sage-femme Sùng Thi Cua s'occupe d'une femme enceinte dans le hameau Phu Nhi A, district de Diên Biên Dông, province de Diên Biên (Nord-Ouest).

D’après le Département de la santé des mères et des enfants (ministère de la Santé), le pays compte près de 3.000 sages-femmes en mission dans plus de 8.000 villages et hameaux montagneux ou insulaires où, soit les ethnies minoritaires comme les H’Mông gardent encore les coutumes de l’accouchement à domicile, soit les déplacements difficiles ne permettent pas aux femmes d’atteindre à temps un dispensaire ou un hôpital. Et dans ce contexte, pour les accouchements difficiles qui pourraient mettre en danger la mère et l'enfant, le seul recours est de faire appel à une sage-femme, qui pourra venir auprès de la parturiente.

Pu Nhi est une commune pauvre du district de Diên Biên Dông, province montagneuse de Diên Biên (Nord-Ouest) à l’accès particulièrement difficile. "La commune dont le taux de la pauvreté est de 65%, recense 20 hameaux, majoritairement situés loin du dispensaire communal. Si auparavant, la mortalité maternelle lors des accouchements à domicile était élevée, ces quatre dernières années, la situation s’améliore grâce à un effectif renforcé de sages-femmes particulièrement qualifiées", a affirmé Sùng A Thi, vice-président du Comité populaire de la commune de Pu Nhi qui compte cinq sages-femmes, responsables du suivi des 20 hameaux soit au total plus de 1.000 familles.

D’après Nguyên Van Minh, directeur du Centre de la santé du district de Diên Biên Dông, "actuellement, Diên Biên Dông compte 51 sages-femmes diplômées pour prendre en charge ses 13 communes". Rencontre avec quelques figures exemplaires de ces anges de la naissance.

Assistante et ange gardien

La sage-femme Sùng Thi Cua suit les femmes enceintes de quatre hameaux Phu Nhi A, B, C et D, situés à 10 km du dispensaire communal. Plus de 200 familles de H’Mông. Chaque jour, Sùng Thi Cua se déplace à pied pour visiter ses patientes. Une mission qu’elle exerce depuis quatre ans. "Au total, j’ai assisté 40 cas d’accouchement à domicile. Pour les femmes H’Mông enceintes, dans ces hameaux, aller se faire examiner et accoucher au dispensaire communal est quasi impossible du fait du déplacement difficile. De plus, ce sont leur coutumes d’accoucher à domicile", nous explique-t-elle, tandis qu'elle prodigue des soins postnataux à Hang Thi Công qui vient d’accoucher il y a deux semaines.

Parlant de son cas, Hang Thi Công se souvient: "Un jour de mon 9e mois de grossesses, alors que j’étais sur les champs de maïs, j'ai commencé à ressentir les douleurs. Mon mari m'a raccompagné à la maison, puis il a téléphoné à la sage-femme Sùng Thi Cua. Après m'avoir examiné, elle nous a dit que je pouvais accoucher à domicile avec son aide. L'accouchement s'est très bien passé. Maintenant, moi et mon fils sommes en bonne santé et je lui en suis extrêmement reconnaissante".

La sage-femme Lo Thi Lan donne des conseils à une femme enceinte du village de Huôi Tao C.

Classiquement, jusqu’au 42e jour après la naissance, la mère et l’enfant sont suivis par les sages-femmes qui leur donnent des conseils et les traitements nécessaires. Parlant des obstacles qu'elles doivent surmonter, les sages-femmes de Phu Nhi affirment que le plus difficile est de sensibiliser, aux soins périnataux, les femmes enceintes, issues des ethnies minoritaires, et de modifier leur comportement pour un accouchement en toute sécurité.

"La plupart des femmes, dès les premiers jours de grossesse jusqu’au 9e mois, assument des travaux agricoles, parfois très éprouvants. De plus, elles négligent souvent leur régime alimentaire. Donc, nous devons très souvent aller les voir pour leur donner des conseils", confie Lo Thi Lan, responsable des femmes enceintes des hameaux Huôi Tao A, B, C et D.

Démunie mais généreuse

Thào Thi Se, de l'ethnie H’Mông, exerce depuis 8 ans dans le hameau de Chung Pa B, commune de Phô Cao, district de Dông Van, province de Hà Giang (Nord-Ouest). Elle est l’une des sages-femmes exemplaires honorées au début de cette année par le ministère de la Santé. Bien formée, elle a aidé beaucoup de ses villageoises dans l’accouchement et le soin obstétrique.

"En 2010, j'ai été sélectionnée par le Service de la santé de la province de Hà Giang pour suivre des formations de sages-femmes de villages, dans le cadre d’un projet du ministère de la Santé. Revenue après deux ans de formation, on m'a confié la charge de trois hameaux", dit-elle. Outre l’assistance à l’accouchement à domicile, Thào Thi Se doit convaincre les femmes H’Mông à modifier leurs habitudes pour aller accoucher au dispensaire. "À cause des coutumes, il n’est pas facile de persuader les femmes H’Mông d’aller accoucher au dispensaire. Raison pour laquelle, l’accouchement à domicile existe", explique-t-elle.

Thào Thi Se est l’une des 66 sages-femmes exemplaires honorées au début de cette année à Hanoï par le ministère de la Santé.

En 5 ans de carrière, Thào Thi Se est devenue une sage-femme respectée et aimée de la région. Travaillant dans des conditions difficiles, Thào Thi Se apprécierait d'avoir plus de matériel médical, et d'être équipée d'objets usuels indispensables (lampes de poche, imperméable, bottes), notamment pour ses déplacements nocturnes. Elle souhaiterait aussi recevoir des vêtements pour nouveau-nés afin de les offrir à ses patientes.

Le 28 février, 66 sages-femmes exemplaires dans les villages du pays ont été honorées par le ministère de la Santé lors d’une conférence en l’honneur de ces professionnelles tenue à Hanoï. Malgré d’énormes difficultés, elles contribuent grandement à l’amélioration des activités de soins obstétriques dans les régions montagneuses notamment dans la communauté des ethnies minoritaires dont des H’Mông. Grâce à elles, la mortalité maternelle a été considérablement réduite et nombre de femmes leurs doivent la vie.


Texte et photos: Linh Thao - Xuân Tu/CVN

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