Dans les coulisses du plus grand fabricant de vaccins au monde, l'Institut Serum, en Inde

Le tintement des minuscules flacons, contrôlés par des techniciens silencieux, en tenue de protection, contraste avec l'effervescence qui règne sur le site du plus grand fabricant de vaccins au monde, l'Institut Serum en Inde.

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Le campus de l'Institut Serum où est produit le vaccin AstraZeneca-Oxford, le 22 janvier 2021 à Pune, en Inde.

Fondé en 1966 à Pune (Ouest), Serum Institute of India (SII) produit à grande cadence des millions de doses du vaccin contre le COVID-19 Covishield, développé par AstraZeneca et l'université d'Oxford, pour l'Inde et une grande partie des pays en développement.

À la différence de son concurrent de Pfizer-BioNTech - qui nécessite des supercongélateurs pour être conservé - le Covishield peut être stocké à des températures standard. Il est également meilleur marché que les vaccins de Pfizer ou de l'Américain Moderna, ce qui le rend plus accessible pour des pays pauvres, aux infrastructures rudimentaires.

Avant même la pandémie de COVID-19, Serum Institute of India produisait déjà annuellement 1,5 milliard de doses de vaccins contre la polio, les oreillons, la méningite et la rougeole, dont bénéficiaient deux enfants sur trois dans plus de 170 pays. L'aventure a débuté dans un haras, où la famille Poonawalla - propriétaire de l'entreprise - avait commencé à élever des chevaux en 1946.

Avant qu'une discussion avec un vétérinaire ne fasse tout basculer: les propriétaires ont, à cette occasion, réalisé qu'un sérum anti-toxine extrait de leurs animaux pouvait être utilisé pour fabriquer des vaccins.

L'Institut Serum domine rapidement le marché, grâce à ses médicaments efficaces et peu chers, très recherchés par des gouvernements et des consommateurs soucieux des prix, incitant l'entreprise à se développer à un rythme vertigineux. Son Pdg depuis 40 ans, Adar Poonawalla, a consacré près d'un milliard de dollars ces dernières années à l'agrandissement et à l'amélioration du vaste complexe de Pune.

Le résultat ne s'est pas fait attendre: lorsque le coronavirus a commencé à se propager à travers le monde, l'entreprise, qui a enregistré un chiffre d'affaires record de plus de 800 millions de dollars en 2019-20 sans s'être endettée - s'est retrouvée en pôle position.

"Habitués à la pression"

Un technicien sur une ligne de production du vaccin AstraZeneca-Oxford contre le COVID-19 à l'Institut Serum, le 22 janvier 2021 à Pune, en Inde.
Photo : AFP/VNA/CVN

Bordé de palmiers, orné de topiaires en forme de cheval, clin d'oeil aux origines de l'entreprise, le campus de Pune abrite plusieurs bâtiments, où les vaccins sont fabriqués et contrôlés avant d'être placés dans des flacons stérilisés puis stockés avant leur distribution.

Du Brésil à l'Afrique du Sud, les clients ne manquent pas et les gouvernements se pressent pour acheter le Covishield.

Alors que Poonawalla s'est engagé à réserver 50% des stocks de Covishield au marché indien, New Delhi - qui veut immuniser 300 millions de personnes d'ici juillet - s'est lancé dans une délicate diplomatie vaccinale, prévoyant de fournir 20 millions de doses à ses voisins du sud de l'Asie.

L'Institut Serum souhaite également fournir 200 millions de doses au système Covax, mis en place pour tenter de permettre une distribution équitable des vaccins anti-Covid et soutenu par l'organisation mondiale de la santé (OMS). Des perspectives écrasantes qui n'effraient pourtant pas les patrons de la société.

"Nous sommes habitués à ce genre de pression car dans le passé il y a eu des situations où il fallait que nous accélérions la production pour satisfaire les demandes de pays", explique Suresh Jadhav, le directeur général de l'Institut Serum.

Des pompiers luttent contre l'incendie qui s'est déclaré dans un bâtiment de l'Institut Serum, le 21 janvier 2021 à Pune, en Inde.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'incendie, qui a fait 5 morts cette semaine, dans un bâtiment en construction de SII, n'a pas ébranlé cette confiance. "Il n'y aura pas de perte de production de #COVISHIELD en raison des nombreux sites de production que j'avais gardés en réserve pour faire face à de telles éventualités", avait aussitôt tweeté M. Poonawalla

La pandémie a transformé son image, passée d'un milliardaire jet-setteur connu pour son goût des voitures de luxe et des arts à un magnat de la pharmacie, applaudi pour ses prises de risques et son engagement en faveur de vaccins abordables. Sans surprise, ce père de deux enfants n'a pas hésité à prendre à partie les anti-vaccins, y compris le rappeur américain Kanye West pour avoir relayé des théories du complot.

"Bien que nous apprécions beaucoup votre musique @KanyeWest, votre opinion sur les #vaccins apparaît comme irresponsable et limite dangereuse, vu l'influence que vous avez aujourd'hui et que vous pourriez avoir à l'avenir ; les vaccins sauvent des vies", a tweeté M.Poonawalla en juillet.


AFP/VNA/CVN

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