Dans la zone euro, un timide parfum de réforme

Plus de quinze ans après l'instauration de la monnaie unique, le débat est relancé à Bruxelles et dans les capitales européennes sur les mesures à prendre pour améliorer le fonctionnement de la zone euro.

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Les dirigeants européens lors d'un petit déjeuner, au second jour du sommet de Bruxelles le 15 décembre 2017. À l'ordre du jour, un projet de réforme de la zone euro proposé par le président français Emmanuel Macron.
Photo : AFP/VNA/CVN

Profitant de l'amélioration de la conjoncture économique, Bruxelles et les États membres cherchent à tirer les leçons des violents soubresauts financiers qui ont mené la Grèce au bord d'une sortie de la zone euro à partir de 2010, et ont fait douter de la cohésion même de l'union monétaire, qui réunit aujourd'hui 19 Etats sur les 28 que compte l'Union Européenne (UE).

Institutions et États doivent aussi faire face au désenchantement d'une partie de la population, inquiète des effets de la mondialisation et tentée par le repli sur l'espace national.

L'épisode du Brexit a montré qu'un peuple pouvait très bien rompre son engagement européen si celui-ci ne lui apporte pas satisfaction

Ces derniers mois, le président français Emmanuel Macron, qui veut incarner un nouveau projet européen, a multiplié les discours en faveur de réformes à la fois de l'Union des 28, et du cercle plus restreint de la zone euro.

"L'enjeu qui est le nôtre au coeur de la zone euro, c'est de savoir comment nous arrivons à faire de cette zone une puissance économique concurrente de la Chine et des États-Unis et c'est comment nous arrivons à résoudre ce que depuis dix ans nous échouons à faire, créer de l'emploi", avait déclaré en septembre le président français.

Avec un Produit intérieur brut (PIB) de 11.934 milliards de dollars (environ 10.788 milliards d'euros) pour 2016, le poids de la zone euro est comparable à celui de la Chine (11.199 milliards de dollars) mais reste derrière les États-Unis (18.624 milliards), selon les données de la Banque mondiale. Mais l'idée de réformer la zone euro fait l'objet de discussions tendues entre les pays concernés.

Ceux du Nord, comme les Pays-Bas et l'Allemagne, première puissance économique européenne, se montrent réticents à mutualiser des richesses avec des pays du Sud, tels que la France, l'Italie ou l'Espagne, dont ils jugent la politique budgétaire trop laxiste. Ils préfèrent se concentrer sur des réformes plus techniques destinées principalement à assurer un meilleur respect des règles du pacte de stabilité européen (déficit public sous les 3% du PIB, endettement public inférieur à 60% du PIB...), considérées comme le meilleur rempart contre de futures crises financières.

La Commission européenne tente de trouver une voie de compromis, et a proposé le 6 décembre un paquet de mesures comprenant notamment la création d'un Fonds monétaire européen et l'institution d'un ministre des Finances de la zone euro.

À l'issue d'un sommet européen le 15 décembre, la chancelière allemande Angela Merkel, en pleines négociations pour former un gouvernement, ne s'est pas montrée fermée à la discussion sur les propositions du président français.

"Nous allons trouver une solution commune, car c'est nécessaire pour l'Europe", a-t-elle dit. "Quand on veut, on peut", a-t-elle insisté.

Un budget pour la zone euro ?

Une personne présente des billets de 100 et 200 francs français et des billets factices de 5, 20, 50, 100, 200 et 500 euros, le 28 août 2001, cinq mois avant la mise en circulation des billets de la nouvelle monnaie unique.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président français Emmanuel Macron s'est fait le champion d'un futur budget pour la zone euro, qu'il souhaite conséquent, représentant "plusieurs points de PIB" de la zone.

Ce budget pourrait être financé par des "taxes européennes dans le domaine numérique ou environnemental" avant peut-être qu'un jour un impôt sur les sociétés harmonisé ne vienne également apporter sa contribution.

En novembre, un "nombre important" de ministres de Finances de la zone euro se sont prononcés en faveur d'un budget utilisé comme "instrument stabilisateur" en cas de "choc asymétrique", c'est-à-dire un événement qui affecte durement l'économie de l'un des pays de la monnaie unique, sans toucher les autres (par exemple, des inondations catastrophiques).

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, estime toutefois qu'une "ligne budgétaire conséquente" définie dans le cadre du budget de l'Union européenne serait plus adaptée.

Le principal point d'interrogation concerne la position allemande, qui dépendra largement du partenaire de coalition d'Angela Merkel.

Les sociaux-démocrates allemands sont favorables aux propositions du président français, en ce qui concerne la création d'un budget mais aussi celle d'un ministre des Finances.

Le parti conservateur de Mme Merkel, de son côté, n'a pas complètement fermé la porte à un budget, mais attend de voir comment il sera financé et à quoi il servira.

Mme Merkel ne rejette pas non plus l'idée d'un ministre des Finances européen, mais pour elle, le rôle de ce ministre serait de faire appliquer plus efficacement les règles de contrôle de déficit et de la dette.

AFP/VNA/CVN

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