Crystal meth ou K2 : les drogues de synthèse font des ravages

Ces dernières années, les drogues de synthèse ont déferlé au Vietnam. Facilement accessibles, ces psychotropes hautement additifs ciblent les jeunes. Leurs effets sont redoutables.

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Pièce à conviction d’un trafic de crystal meth, démantelé en 2015.
Photo : Tuân Anh/VNA/CVN

Les drogues de synthèse sont vendues sous les noms de «sel de bain», «meth» ou K2/Spice. Les «sels de bain» (aussi appelés poudre de bain, drone, M-Cat, ciel vanille et magie bleue) tirent leur nom de leur forme poudreuse. La poudre blanche ou brune ressemble aux sels qu'on met dans l'eau du bain (sels d'Epsom). Les substances les plus courantes contenues dans les «sels de bain» sont des cathinones synthétiques.

Le K2 ou spice, quant à lui, est un mélange d’herbes, d’épices ou de matériel végétal déchiquetés traités avec un composé synthétique dont la composition chimique est similaire à celle du THC, l’ingrédient psychoactif de la marijuana.

Quant au crystal méthamphétamine, il est également connu sous le nom de tina, ice, glass ou crank. Il fait partie de la classe des amphétamines. Il est un puissant stimulant qui affecte le système nerveux central et agit en libérant de la dopamine dans les régions du cerveau qui contrôlent le plaisir. Le crystal meth se présente sous forme de cristaux translucides, d’où son nom. Il est consommé par des personnes de tous âges, mais est surtout utilisé comme drogue récréative dans les boîtes de nuit ou lors de rave-parties. C’est un produit chimique dangereux et puissant et, comme toutes les drogues, c’est un poison qui agit tout d’abord comme un stimulant, puis qui commence systématiquement à détruire le corps. Il crée de sérieux problèmes de santé comme des pertes de mémoire, de l’agressivité, un comportement psychotique, et il peut provoquer des lésions au cœur et au cerveau.

Même si ce n’est pas un psychotrope, la shisha (narguilé) mérite d’être mentionné ici car elle est devenue à la mode chez les jeunes, et n’est pas interdite par la loi. Elle a tendance à être consommée de façon excessive par les adolescents et les jeunes adultes dans les bars, les boîtes de nuit. Pourtant, elle représente un danger pour la santé pour tous ceux qui s'y adonnent régulièrement. La sensation parfumée agréable est trompeuse car les fumeurs de shisha n'ont pas idée de la quantité de produits toxiques inhalés et de leurs effets nocifs sur la santé.

La composition de la shisha est d'environ 25% de tabac, associé à un mélange de mélasse et d'arôme de fruits. Le problème, c’est que certains consommateurs n’hésitent pas à rajouter du K2 ou du crystal meth à la mixture.

Une méconnaissance totale des dangers

Les nouvelles drogues de synthèse attirent de plus en plus de jeunes Vietnamiens, qui ne sont pas conscients des risques. Beaucoup de jeunes pris en charge au Centre de soins et de sevrage de Thanh Da, à Hô Chi Minh Ville, ont confié qu’ils ne connaissaient pas les effets délétères de ces drogues. Ils pensaient qu’il n’y avait pas de phénomène de dépendance comme l’héroïne. T.N.T., 22 ans, domiciliée à Hô Chi Minh-Ville, est en cure de désintoxication pour la deuxième fois dans ce Centre. «Lors de l’anniversaire d’un ami, j’ai consommé du K2. Ensuite, j’en en repris lors de plusieurs soirées. J’ai été rapidement accrochée», partage-t-elle.

Pour sa part, N.V.P. consomme du crystal meth depuis 2007 : «En 2007, j’avais 19 ans. Je ne connaissais pas le crystal meth. Je pensais simplement qu’il s’agissait d’une sorte de fortifiant. J’ai essayé et c’était déjà trop tard. J’ai plongé en raison d’un manque d’informations».

Les effets des drogues de synthèse

Distribution des brochures sur la prévention et la lutte contre la drogue aux élèves de la province de Bac Giang (Nord).

Selon le Département de la police anti-drogue de Hô Chi Minh-Ville, en 2015, les organismes compétents ont traité 18.000 affaires. Plus de 630 kg de drogues de synthèse et 422.000 cachets d’ecstasy ont été confisqués. Depuis le début de l’année, la police de la mégapole du Sud a saisi une grande quantité de drogues, dont 10,5 kg de cristal meth. «Le nombre de consommateurs de cristal meth augmente, et ils sont de plus en plus jeunes. Très peu sont conscients des dangers», informe Bùi Duc Thiêm, un responsable dudit département.

Selon la doctoresse Nguyên Thi Thanh Xuân, du Centre de soins et de sevrage de Thanh Da, «la consommation de drogues de synthèse provoque des changements de comportement dont une isolation de la famille, une perte ou une prise de poids injustifiée, des changements liés à l’hygiène ou à l’apparence personnelle, une confusion ou une désorientation, de la paranoïa, des troubles du sommeil».

Ces derniers temps, le nombre de personnes hospitalisées en raison de troupes mentaux dus à la consommation de psychotropes a subitement augmenté. L’Hôpital central de psychiatrie de Hanoi accueille chaque mois entre 30 et 40 toxicomanes contre une dizaine auparavant. La plupart sont des consommateurs de cristal meth. «Cette drogue perturbe le fonctionnement du cerveau et provoque une incapacité à gérer sa vie», explique le médecin La Duc Cuong, directeur de l’hôpital. Selon lui, il n’existe aucun remède pour surmonter une dépendance au crystal meth. Pire, les gens qui consomment compulsivement cette drogue ne reconnaissent pas que celle-ci est devenue l’élément central de leur vie.

Pour lutter contre la consommation des drogues de synthèse, une des priorités sera de renforcer les mesures de communication visant les jeunes sur leurs effets délétères, ainsi que la qualité des soins pour permettre aux drogués de reprendre une vie normale et d’éviter qu’ils ne replongent.

Huong Linh/CVN

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