COVID-19 : Macron face à la "débrouille" de la Seine Saint-Denis

Portant un masque puis le retirant, le président français Emmanuel Macron est retourné mardi 7 avril au contact des soignants, qui l'ont assuré de leur mobilisation pour lutter contre le coronavirus tout en regrettant le manque persistant de certains équipements.

Emmanuel Macron salue les habitants après une visite dans un centre médical à Pantin en Seins-Saint-Denis, le 7 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Resté discret ces derniers jours, le chef de l’État est sorti de l’Élysée pour un septième déplacement depuis qu'il se consacre, comme l'ensemble du gouvernement, à la gestion de la crise sanitaire.

Il pourrait de nouveau s'adresser dans les prochains jours aux Français, qui sont confinés depuis trois semaines.

Emmanuel Macron a débuté sa visite en Seine Saint-Denis en remerciant les habitants qui "respectent le confinement de manière remarquable" dans "un département où il y a beaucoup de pauvreté" et qui est l'un des plus touchés par la pandémie.

Mais, une heure plus tard, à la sortie de la Maison de santé pluridisciplinaire de Pantin, il doit exhorter, en joignant les mains, les habitants qui s'étaient attroupés pour le voir et l'interpeller, à "respecter les règles" et donc à "rentrer chez eux".

Dans la rue, Emmanuel Macron n'a plus le masque chirurgical qu'il avait fixé sur son visage en entrant dans la maison de santé, comme l'ensemble des personnes qui y travaillent ou y sont accueillies.

Dans les locaux exigus où la distanciation d'un mètre est impossible, la discussion s'engage sur l'essor des téléconsultations, qui représentent désormais "80% des consultations", lui explique le docteur Yohan Saynac.

"Solutions de fortune"

Emmanuel Macron (centre) rencontre des travailleurs sociaux et des bénévoles chargés d'aider les personnes âgées lors d'une visite dans un CCAS à La Courneuve en Seins-Saint-Denis, le 7 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais, comme lors de chacun de ses déplacements, le président est rattrapé par le déficit d'équipements de protection (masques, surblouses, charlottes...) dont souffrent les soignants, acculés à inventer des "solutions de fortune", selon le médecin.

Une aide-soignante acquiesce. "Je n'en n'ai pas assez", témoigne-t-elle, en expliquant devoir laver le soir ses deux blouses jetables récupérées de son ancien travail pour les porter à tour de rôle.

"On doit pouvoir vous soulager", leur répond Emmanuel Macron, en saluant leur "formidable" travail. Avant d'assurer une nouvelle fois que l'ampleur du problème était difficile à prévoir. "Même les plans les mieux pensés n'avaient pas envisagé que la Chine et les autres pays seraient touchés en même temps", explique-t-il. "Ce qu'on pensait sans valeur il y a six mois ou un an, qu'on pensait être le plus idiot à faire, d'un seul coup" est devenu rare, ajoute-t-il en évoquant les masques et autres équipements de protection.

Une heure plus tard, Emmanuel Macron, toujours entouré d'une quinzaine de personnes, est de nouveau interpellé sur cette question à La Courneuve, seconde étape de son déplacement, où il échange avec des travailleurs sociaux et des élus sur le soutien apporté aux personnes âgées et vulnérables.

"C'est la débrouille" pour se procurer des masques, témoigne le maire Gilles Poux (PCF), en expliquant devoir s'appuyer sur "les dotations d'entreprises privées".

La région Île-de-France a annoncé mardi 7 avril qu'elle allait distribuer 300.000 masques de protection aux soignants, entreprises et associations humanitaires de la Seine-Saint-Denis, un département de 1,6 million d'habitants où les décès ont bondi de 63% entre le 21 et le 27 mars.

Également interpellé sur les tests, Emmanuel Macron souligne que, pour les lancer, il faut d'abord "les stabiliser" au niveau scientifique. Et il évoque les premiers résultats menés dans l'Oise, qui montreraient que 15% à 20% de la population est désormais immunisée, selon l'Élysée.

Au cours de ses échanges, le chef de l'État insiste aussi sur l'importance de ne "pas oublier les autres maladies" en dehors du COVID-19. "Il est très important, dans cette période, de continuer à aller voir le médecin, l'infirmière, quand on a une maladie chronique", souligne-t-il.

En outre, le maire de La Courneuve appelle le gouvernement à prendre des mesures d'aide aux défavorisés car sa ville, où 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté, "paie un prix fort" à cette crise. Il met aussi en garde contre le risque d'accentuer le décrochage scolaire, car "si l'école ne reprend pas du tout" cette année, "ce sera terrible". Emmanuel Macron évoque la possibilité d'instaurer une session de rattrapage scolaire durant les 15 premiers jours de juillet pour certains territoires.

Plus de 10.000 morts

Un passant avec un masque à Marseille, le 6 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

La France a enregistré mardi 7 avril un nouveau très lourd bilan quotidien dans les hôpitaux, avec 597 décès supplémentaires en 24 heures, soit un total de 7.091 depuis début mars. S'y ajoutent 3.237 morts recensés dans les Ehpad et établissements médico-sociaux, soit un total de 10.328 morts.

Au total, 7.131 patients nécessitent des soins lourds en réanimation. Ce chiffre continue à augmenter, "un indicateur que l'épidémie continue sa progression", a relevé le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Toutefois, avec les sorties, l'augmentation nette du nombre de patients en réanimation -indicateur très suivi par les professionnels car mesurant la pression sur le système de santé- est de moins en moins forte, avec un solde de +59 (contre +94 lundi 6 avril et +140 dimanche 5 avril). "Nous ne sommes pas encore au pic", a répété le N°2 du ministère de la Santé. "Nous ne sommes qu'à la phase ascendante même si elle ralentit un peu, donc aborder le déconfinement aujourd'hui n'a aucun sens", a-t-il insisté.

"Le pire n'est pas derrière nous, pas du tout, on est au contraire dans une phase extrêmement périlleuse où il ne faudrait pas qu'on se trompe et qu'on commence à déconfiner et à faire n'importe quoi", a mis en garde de son côté sur CNews le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital parisien Georges-Pompidou.


AFP/VNA/CVN

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