COVID-19 : les infirmiers californiens redoutent une pénurie de moyens

"En première ligne" pour soigner les patients atteints du coronavirus, les infirmiers californiens ont sonné mercredi 11 mars l'alarme, dénonçant une pénurie d'équipement et d'effectifs qui pourrait selon eux mettre en péril la gestion de l'épidémie dans tout le pays.

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Des infirmières protestent contre la pénurie d'équipements et d'effectifs face à l'arrivée du COVID-19, à Los Angeles en Californie le 11 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous avons besoin des protections adéquates et d'une formation adaptée. Si nous ne sommes pas en sécurité, nos patients et la population ne sont pas en sécurité non plus", résume Marcia Santini, infirmière aux urgences du centre médical de la prestigieuse Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Mary Beth Soscia, infirmière assurant le transport de malades d'un établissement à un autre, expliquait ainsi mercredi 11 mars ne disposer dans son ambulance d'aucun équipement de protection spécifique contre le COVID-19.

Le virus "n'est que le dernier d'une longue série de crises liées à des maladies infectieuses ces dernières années, parmi lesquelles le SRAS, le H1N1 et Ebola. À chaque fois, notre syndicat est obligé de remettre ces questions sur le tapis", déplore Mme Santini, qui s'exprimait devant son établissement lors d'un rassemblement syndical.

Le NNU, principal syndicat infirmier des États-Unis, organisait mercredi 11 mars une journée d'action nationale pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire par les autorités fédérales et locales.

"Nous ne sommes pas prêts. Les équipements de protection ne sont pas disponibles, pas accessibles comme ils devraient l'être. La préparation n'est pas à la hauteur. C'est triste car nous connaissons la situation depuis un bon moment", estimait Mike Hill, infirmier à Oakland, près de San Francisco, où il manifestait dans le cadre d'une journée d'action à l'appel des syndicats.

La formation est aussi nettement insuffisante pour faire face à l'épidémie, selon Estela Villegas, infirmière à l'unité de soins intensifs pédiatriques de l'UCLA, citant le cas d'un nourrisson de 18 mois qui présentait des signes du coronavirus et devait être placé à l'isolement.

"Dans mon unité, personne n'avait été prévenu de son arrivée et nous n'avions pas été formés au préalable", s'agace la jeune femme.

Fin des mesures de quarantaine ?

Des syndicats infirmiers, dont le NNU, numéro un aux États-Unis, avaient appelé à une journée d'action nationale, comme ici à Los Angeles en Californie le 11 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon Estela Villegas, l'UCLA a choisi de dispenser des formations "en temps réel" plutôt qu'à titre préventif. "Cette stratégie n'est pas suffisante, et elle ne respecte pas le principe de précaution", estime-t-elle.

Sollicités par l'AFP, les hôpitaux de UCLA ont assuré former régulièrement leur personnel à la prévention des maladies infectieuses, soulignant que seuls les soignants ayant bénéficié d'une formation supplémentaire "en temps réel" étaient autorisés à s'occuper des patients à risque.

Andrea Peregrin, infirmière aux urgences de Santa Monica, près de Los Angeles, anticipe de son côté une "pénurie de personnel" comme dans le Nord de la Californie, à l'hôpital de l'UC Davis où il y a selon elle "actuellement 36 infirmiers et 88 soignants en quarantaine après avoir été exposés à un seul patient testé positif au coronavirus".

Face à la progression de l'épidémie et au manque de moyens, au moins trois comtés de la région de Sacramento, dans le Nord de la Californie, ont annoncé un changement radical dans la lutte contre le coronavirus : les gens présentant les symptômes d'un rhume devraient tout simplement rester chez eux, qu'ils aient effectivement un rhume, ou la grippe ou même s'ils se révèlent avoir le COVID-19. Dans tous les cas, ils sont appelés à se soigner par leurs propres moyens.

En outre, dans ces comtés de Sacramento, Yolo et Placer, il n'est désormais "plus nécessaire qu'un individu ayant été en contact avec un cas de Covid-19 reste en quarantaine pendant quatorze jours" s'il ne présente pas de symptômes pulmonaires. "Cela vaut pour le grand public mais aussi le personnel soignant ou les secours".

Un choix incompréhensible pour Andrea Peregrin : "Je pense que quiconque a été exposé à un malade potentiel (du coronavirus) doit être mis en quarantaine! C'est bien pour ça qu'on doit s'y préparer", lance-t-elle.

Quelque 175 cas de COVID-19, dont quatre mortels, ont été recensés à ce jour en Californie mais les autorités locales estiment que des milliers d'autres personnes ont pu être exposées à la maladie.


AFP/VNA/CVN

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