France
Coronavirus : les professionnels du soin s'inquiètent du manque de masques

Pas assez de masques pour les infirmières ou les dentistes, voire aucun pour les aides à domicile auprès des personnes âgées : plusieurs secteurs professionnels du médico-social s'inquiètent d'un manque de protection face au coronavirus.

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Des masques de protection à Paris le 4 mars 2020. Ils sont en nombre insuffisants pour le personnel médical.

En milieu de semaine, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye écartait tout "risque de pénurie" de masques, délivrés en priorité aux personnes contaminées et aux professionnels de santé, et dont les stocks ont été réquisitionnés par l'État.

Mais ces assurances ne convainquent pas toutes les professions concernées.

Pour les dentistes, "la situation est aberrante", a dit Patrick Solera, président de la FSDL, le premier syndicat du secteur. "Alors que, dans notre métier, nous devons gérer chaque jour des projections de sang et de salive, nos fournisseurs nous ont écrit hier (vendredi 6 mars, ndlr) qu'ils ne pourraient plus nous fournir en masques chirurgicaux d'ici la fin mai car tout a été réquisitionné", a-t-il ajouté.

"C'est la panique. J'ai des adhérents qui me disent qu'ils vont devoir fermer leur cabinet, faute de stock".

Pour être correctement protégés face au coronavirus, les dentistes devraient d'ailleurs être équipés de masques plus sophistiqués, de type FFP2 (avec un système de filtrage), mais ceux-ci semblent désormais introuvables.

"On ne sera pas équipés de FFP2 mais bientôt, on n'aura plus non plus de masques de base. Nous sommes la dernière roue du carrosse", a déploré le Dr Solera.

Inquiétude également chez les infirmiers : selon une consultation lancée par le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) auprès de ses adhérents, 78% des infirmières des hôpitaux disent être confrontées à un manque de masques FFP2, "pourtant indispensables pour s'occuper des patients avérés".

"Si nous avions dû faire face à un virus type Ebola (...), faute de FFP2 les soignants auraient été décimés rapidement", a fustigé dans un communiqué Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI.

"Laissés pour compte"

Contrôle des masques produits par l'entreprise Kolmi-Hopen, le 1er février 2020 à Saint-Barthelemy-d'Anjou (Ouest de la France).
Photo : AFP/VNA/CVN

La CSMF, premier syndicat de médecins libéraux, a également demandé dans un communiqué que les professionnels de santé "effectuant des gestes invasifs, en particulier sur la sphère oropharyngée", puissent bénéficier de masques filtrants FFP2, "aujourd'hui réservés aux seuls personnels hospitaliers formés, excluant de fait les médecins spécialistes libéraux".

Interrogée par l'AFP, la Direction générale de la Santé a répondu sur ce point s'en tenir aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé, selon lesquelles le port du masque chirurgical (le modèle le plus simple) était suffisant pour les soignants dans la plupart des situations. L'utilisation des masques FFP2 est "à réserver" à des procédures comme l'intubation trachéale ou la trachéotomie, a-t-on précisé de même source.

Reste une profession qui, pour l'heure, n'a droit à aucun masque, qu'il soit chirurgical ou filtrant : les auxiliaires de vie qui interviennent au domicile des personnes âgées - particulièrement vulnérables au coronavirus - pour les aider dans les actes de leur vie quotidienne.

Les seniors concernés "ne comprennent effectivement pas pourquoi l'infirmière, pour une toilette à domicile, porte masque et gants, alors que l'auxiliaire de vie n'a aucun moyen de protection", souligne le syndicat FO-Services (FGTAFO).

"Depuis des mois, on parle de la reconnaissance des auxiliaires de vie mais on voit qu'en situation de crise ils sont laissés pour compte", se désole Régis Granet, de la Fédération française des services à la personne et de proximité (Fedesap), qui regroupe quelque 2.600 structures privées.

Dans l'Oise, où un foyer épidémique a été recensé, "nous avons des salariés qui invoquent leur droit de retrait car ils n'ont pas de masque", ajoute-t-il. "Ça n'est même pas un problème d'argent : on a des structures qui veulent acheter des masques mais qui n'en trouvent pas".

"Certains de mes clients sont très inquiets quand ils voient que je n'ai pas de masque", témoigne Sylvain Massicard, auxiliaire de vie à Toulon. Faute de mieux, il s'est acheté lui-même du gel hydro-alcoolique.

"Les masques sont réservés aux professionnels de santé", a simplement indiqué sur ce point la Direction générale de la Santé, en réponse aux sollicitations de l'AFP.

AFP/VNA/CVN

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