Contre le sida, l’Afrique du Sud fait le pari de l’anonymat

Comment lutter contre les stigmatisations qui visent les malades du sida? L’Afrique du Sud, le pays du monde le plus touché par l’épidémie, a relevé le défi en faisant le pari de l’autodépistage et des distributeurs automatiques de médicaments.

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Présentation d’un test d’autodépistage à des habitants du quartier pauvre de Hillbrow, au centre de Johannesburg en Afrique du Sud.
Photo: AFP/VNA/CVN

Malgré les progrès de la prévention, la généralisation des tests et la baisse du prix des trithérapies, le virus VIH continue à faire des ravages dans le pays le plus industrialisé du continent, qui compte 7 millions de séropositifs (18,9% de sa population adulte). Et plus largement, selon l’ONG Unitaid, trois personnes séropositives sur dix dans le monde ignorent qu’elles sont infectées par le virus.
En Afrique du Sud, l’une des causes du maintien de l’épidémie à un haut niveau est que certaines catégories de personnes à risques répugnent toujours à se présenter dans des centres de santé publics pour un dépistage. Pour contourner cette difficulté, Unitaid propose des tests d’autodépistage aux portes d’un supermarché du quartier pauvre de Hillbrow, au centre de Johannesburg.
Ce matin-là, un groupe de volontaires tente d’y attirer les curieux. "Nous visons spécifiquement les jeunes hommes. En déployant un groupe de jeunes volontaires masculins ici, nous espérons attirer leurs pairs du quartier", explique Lynne Wilkinson, de l’université du Witwatersrand, qui pilote le projet. Isolés du regard des autres dans des tentes, les passants remplissent une simple fiche en échange d’un test gratuit qu’ils pourront utiliser eux-mêmes, sur place ou à leur domicile.
"Très facile"
"Le mode d’emploi est écrit en six langues, la plupart des gens ne se trompent pas, assure Mokgadi Mabuela, une jeune femme qui distribue les tests. Ils comprennent vite que c’est un test à faire eux-mêmes, même si certains hommes ne peuvent s’empêcher de vous demander un rendez-vous". Le résultat du test est disponible en vingt minutes. S’il est positif, un test de confirmation est immédiatement proposé. "Je suis passé la semaine dernière avec mon frère qui a fait le dépistage. Je l’ai fait à mon tour aujourd’hui pour connaître ma propre situation. C’est vraiment très facile", indique un jeune homme qui préfère taire son nom.
Lancée au Malawi, en Zambie puis au Zimbabwe depuis 2015, l’initiative est désormais élargie à l’Afrique du Sud. Après le quartier de Hillbrow, les tests sont disponibles depuis le mois de mai dans des stations de minibus de la ville, qui transportent chaque jour des centaines de milliers de passagers. Unitaid envisage d’en distribuer 4,8 millions d’exemplaires. C’est en utilisant l’un d’entre eux que Oscar Tyumre, un musicien de 45 ans habitant à Alberton, à l’est de Johannesburg, a appris qu’il était porteur de la maladie.

Un homme sort d'une tente où il a effectué un test d'autodépistage dans le quartier de Hillbrow, au centre de Johannesburg, le 19 mars 2018.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le personnel d’Unitaid lui a alors conseillé d’aller dans leur clinique pour prendre un traitement. "C’était difficile à accepter mais grâce à eux j’ai pu me soigner tout de suite", se félicite-t-il. Oscar Tyumre affirme aujourd’hui avoir été soulagé de connaître sa séropositivité. "Mon conseil, c’est de ne pas se laisser abattre. Vous pouvez tout de suite commencer votre traitement et continuer à vivre jusqu’à 100 ans!"
À une dizaine de kilomètres plus au Nord, l’Association à but non lucratif Right ePharmacies vient de lancer une autre nouveauté destinée à protéger les victimes du VIH des préjugés: les malades du township d’Alexandra peuvent désormais y retirer leur traitement en toute discrétion dans un distributeur automatique semblable à ceux des banques, le tout premier de ce type en service sur le continent africain.
Grâce à une carte, un code et la confirmation, légalement obligatoire, d’un pharmacien via une liaison vidéo, les patients peuvent venir retirer leur trithérapie en moins de cinq minutes, sans croiser le moindre regard.
Depuis septembre, quelque 200 patients utilisent chaque jour les distributeurs pour renouveler leur traitement contre le sida, le diabète, l’asthme ou l’hypertension. Trois autres sites devraient bientôt en être équipés à Johannesburg.

AFP/VNA/CVN

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