Conservation et développement des langues minoritaires

Modernisation oblige, certaines langues de minorités ethniques risquent de péricliter. Depuis une bonne trentaine d’années, un groupe de scientifiques vietnamiens et français œuvre sans relâche pour les sauvegarder. Ensemble, ces ethnolinguistes ont créé une bibliothèque consacrée aux archives sonores des minorités ethniques vietnamiennes.

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Des élèves de l'école-internat du district de Chu Sê, province de Gia Lai (hauts plateaux du Centre).

Comparable aux meilleures bibliothèques sonores d’Asie du Sud-Est, la bibliothèque consacrée aux archives sonores des minorités ethniques vietnamiennes est le fruit de la collaboration entre chercheurs de deux établissements : l’Université des sciences sociales et humaines, relevant de l’Université nationale de Hanoi, et l’Institut de recherche international MICA, relevant de l’École polytechnique de Hanoi.

Gérée par le Lacito, un laboratoire français de recherche pluridisciplinaire (linguistique et anthropologie) qui se consacre prioritairement à l'étude des langues de tradition orale, elle conserve 11 langues de groupes ethniques ultra-minoritaires du Vietnam. Certaines sont en voie de disparition, celle des Ơ đu par exemple.

Nombreux sont les membres de cette ethnie qui doivent utiliser une autre langue que la leur pour communiquer entre eux. Mais d’autres ethnies sont dans une situation critique, comme les Rục, les Arem, les Ma Liêng ou les Cuôi…

Pour le professeur Trân Tri Doi, directeur du Centre de recherche et de développement des ethnies minoritaires et montagnardes, cette bibliothèque sonore est indispensable : «Il s’agit de conserver des archives sonores qui comprennent des données linguistiques, des comptines et des chants populaires de minorités ethniques. Ces archives numérisées, qui sont accessibles aux chercheurs en linguistique, peuvent aider à la propagation de la langue et de la culture des ethnies en question.»

Sùng A Chênh, un Mông de la province de Hoà Binh, a pris fait et cause depuis quelques années pour la préservation de la langue de son ethnie, à tel point qu’il a décidé de donner des cours aux autres Mông.

Aussi la naissance de cette bibliothèque sonore est-elle pour lui une véritable aubaine : «Certaines personnes, bien qu’elles ne soient pas Mông, savent parler et écrire notre langue. Ça m’a poussé à rechercher des documents pour pouvoir apprendre le Mông aux membres de mon ethnie. Mais c’est extrêmement difficile de les trouver. Ces archives sonores me seront très utiles.»

Sùng A Chênh ne remerciera jamais assez les chercheurs qui ont collecté, enregistré et numérisé des archives sonores de son ethnie, et de bien d’autres ethnies minoritaires du monde.

Les promoteurs de ce travail sont deux Français grands spécialistes du Vietnam, Michel Ferlus et Jacques Dournes. L’ouverture de leurs collections d’enregistrements audio est le fruit de projets de numérisation financés par le ministère français de l’enseignement supérieur et de la recherche.

VOV/VNA/CVN

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