Conflits homme-animal : trouver un terrain d'entente

Les conflits humain-faune sont l’une des principales menaces à la survie à long terme de certaines des espèces les plus emblématiques du monde et du Vietnam. C’est ce qu’a averti un nouveau rapport du WWF et du PNUE.

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L’homme et la faune sauvage se disputent de plus en plus l’espace vital, accroissant d’autant les risques de conflits.
Photo : CTV/CVN

Les conflits homme-faune surviennent lorsque les rencontres entre les humains et les animaux sauvages ont des résultats négatifs tels que la perte de biens, de moyens de subsistance et de vies. Ils conduisent souvent à ce que des humains tuent des animaux en légitime défense ou à titre préventif ou en représailles, ce qui peut conduire des espèces à l’extinction, selon le rapport "Un avenir pour tous - la nécessité d’une coexistence homme-faune".

Ce dernier, fruit du travail conjoint du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et du Fonds mondial pour la nature (WWF), présente les contributions de 155 experts de 40 organisations basées dans 27 pays. Il souligne qu’à l’échelle mondiale, l’abattage lié aux conflits affecte plus de 75% des espèces de félins sauvages dans le monde.

Pour un environnement plus sûr Les éléphants sauvages du Vietnam, par exemple, sont connus pour piller les fermes pour se nourrir. Plus de 100 ha de cultures, cinq maisons temporaires et plusieurs centaines d’anacardiers et d’hévéas ont été endommagés entre 2016 et 2020. Bien qu’aucun cas de victimes humaines n’ait été enregistré ces dernières années, au moins deux cas de jeunes éléphants blessés par des pièges illégaux se sont produits.

Selon le WWF, la sécurité des éléphants sauvages suscite toujours de vives inquiétudes en raison de la perte continue d’habitat. L’arrêt de la conversion des terres le long des couloirs de déplacement des éléphants et la restauration de leur habitat sont fortement recommandés pour sauver la centaine de pachydermes vivant encore dans le pays.

Le WWF-Viet Nam a travaillé avec le Parc national de Yok Dôn et le Centre de conservation des éléphants de Dak Lak, sur les hauts plateaux du Centre, pour mener une évaluation du conflit homme-éléphant (HEC) et élaboré une stratégie de gestion des CHE sur cinq ans, de 2021 à 2025.

L’organisation a également soutenu la création et le fonctionnement d’un groupe de gestion communautaire dans le village voisin de Drang Phok. Cela comprend le personnel du Parc national de Yok Dôn, du Centre de conservation des éléphants et des villageois de quatre des communes les plus touchées, qui ont été formés aux stratégies d’atténuation des CHE.

Le WWF-Vietnam, en coopération avec le Centre de conservation des éléphants de Dak Lak, a également lancé un projet de supervision GPS sur les troupeaux d’éléphants sauvages trouvés dans la province en 2019. Cela se concentre sur la possibilité d’applications du GPS pour suivre leurs mouvements.

En outre, Dak Lak a tenté de protéger sa population d’éléphants grâce à un programme d’indemnisation des pertes sur les récoltes.

Encore du pain sur la planche

Un éléphant sauvage cherche à se nourrir dans le district de Dinh Quan, province de Dông Nai (Sud), en 2019.
Photo : VNA/CVN

Selon ce rapport, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les cas de conflits entre l’homme et la faune. Il note que ces relations sont impératives pour atteindre de nombreux Objectifs de développement durable (ODD).

Bien que les gens du monde entier récoltent les bénéfices du maintien de populations d’animaux sauvages florissantes, des effets catastrophiques tels que blessures, décès et perte de biens et de moyens de subsistance mettent un stress énorme sur les populations vivant à proximité des zones sanctuarisées, souvent dans des pays en développement riches en biodiversité, entraînant une insécurité financière, une mauvaise santé physique et mentale.

Margaret Kinnaird, responsable de la pratique mondiale de la faune sauvage au WWF International, informe qu’"au cours d’une vie humaine, nous avons déjà vu des changements extraordinaires et sans précédent sur notre planète. Les populations mondiales d’espèces sauvages ont chuté en moyenne de 68 % depuis 1970. Les conflits entre l’homme et la faune, combinés à d’autres menaces, ont entraîné un déclin important d’espèces autrefois abondantes, et des espèces naturellement moins abondantes ont été poussées au bord de l’extinction".

D’après elle, à moins que des mesures urgentes ne soient prises, cette tendance dévastatrice ne fera que s’aggraver, provoquant des impacts néfastes et, dans certains cas, irréversibles sur la biodiversité.

"Si le conflit humain-faune n’est pas traité de manière adéquate par la communauté internationale, il aura un impact négatif considérable sur la capacité des pays à atteindre la majorité des ODD", partage Margaret Kinnaird. Elle souligne également que ces impacts continuent d’être ignorés par les décideurs politiques et que cela doit changer.

"Si le monde veut avoir une chance d’atteindre les ODD d’ici 2030, les conflits humains-faune doivent être explicitement inclus dans les plans de mise en œuvre des ODD, ainsi qu’au cœur du nouveau cadre de la Convention sur la biodiversité", ajoute-t-elle.

En effet, s’il n’est pas possible d’éradiquer complètement ces conflits, des approches intégrées et bien planifiées pourraient les réduire et conduire à une forme de coexistence entre humains et animaux.

"Ce rapport est un appel clair à élever le problème des conflits homme-faune et à lui accorder l’attention qu’il mérite dans les processus nationaux et internationaux", fait savoir Susan Gardner, directrice de la Division des écosystèmes du PNUE.

"C’est un appel à l’adoption d’approches qui identifient et traitent les causes profondes et sous-jacentes des conflits tout en développant des solutions systémiques avec les communautés affectées en tant que participants actifs et égaux dans le processus. Comme le démontrent de nombreuses études de cas de ce rapport, la coexistence est à la fois possible et réalisable", poursuit-elle.

Huong Linh/CVN

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