Colombie : le pape à Carthagène, à la périphérie du glamour

Les religieuses encouragent Angie Martinez en lui disant qu'elle peut devenir présidente de Colombie. En attendant, cette adolescente noire et pauvre fait face aux dangers de la marginalisation à laquelle s'oppose le pape François, attendu à Carthagène des Indes.

Des enfants jouent dans le quartier de San Francisco à Carthagène, en Colombie, le 23 août 2017

L'implacable soleil des Caraïbes assomme San Francisco, quartier homonyme du souverain pontife. Cela n'empêche pas Angie et une vingtaine d'autres filles de répéter, en chemisiers roses impeccables. Dimanche prochain 10 septembre, elles vont chanter pour le pape. Le passage de François sera bref, moins d'une heure, au dernier jour de sa visite en Colombie, où il apporte un message de réconciliation, après avoir soutenu le processus de paix avec la guérilla des Farc, aujourd'hui désarmée et reconvertie en parti politique légal.

Les religieuses encouragent Angie Martinez en lui disant qu'elle peut devenir présidente de Colombie. En attendant, cette adolescente noire et pauvre fait face aux dangers de la marginalisation à laquelle s'oppose le pape François, attendu à Carthagène des Indes. L'implacable soleil des Caraïbes assomme San Francisco, quartier homonyme du souverain pontife. Cela n'empêche pas Angie et une vingtaine d'autres filles de répéter, en chemisiers roses impeccables. Dimanche prochain 10 septembre, elles vont chanter pour le pape.

Le passage de François sera bref, moins d'une heure, au dernier jour de sa visite en Colombie, où il apporte un message de réconciliation, après avoir soutenu le processus de paix avec la guérilla des Farc, aujourd'hui désarmée et reconvertie en parti politique légal. Un vrombissement d'avion couvre un instant les voix des jeunes chanteuses dans le patio de l'église. Angie vit tout près du canal qui sépare San Francisco de l'aéroport international Rafael Nuñez.

Un portrait du pape sur un mur du quartier de San Francisco à Carthagène, en Colombie, le 23 août 2017.

"C'est dangereux parce que parfois des bandits attendent au coin de la rue et se battent", dit-elle. Dans certains secteurs, il n'y a pas d'éclairage public, ni d’égout. Déchets et excréments sont évacués par le canal. San Francisco a beau être dans Carthagène, il est très loin du glamour de la perle touristique et coloniale de la Colombie, pays le plus inégalitaire du continent américain après le Honduras, selon la Banque mondiale.

Un tiers de pauvres

Le quartier s'est construit illégalement il y a 50 ans. Il compte aujourd'hui 8.000 habitants, en majorité des noirs descendants d'esclaves. Il porte le nom du saint catholique, apôtre de la pauvreté, dont l'argentin Jorge Mario Bergolio, 80 ans, a pris le nom en devenant chef de l'Eglise de Rome. Angie a grandi sans ses parents. Sa mère travaille dans le département pétrolier de Yopal, à plus de 1.000 km de là. En août, pour ses 15 ans, elle a reçu sa visite en cadeau.

"Cela faisait douze ans que je ne l'avais pas vue. Mon père ne sait pas que c'était mon anniversaire", raconte l'adolescente, qui pour autant ne perd pas son sourire. Avec sa tante et cinq cousins, elle habite une masure de deux pièces, au sol de terre battue, louée 60.000 pesos (20 dollars). Environ 294.000 Cartagénois vivent ainsi dans la pauvreté - dont plus de 55.000 dans la rue - un tiers du million d'habitants de la ville, selon l'association Cartagena Como Vamos.

À l'échelle nationale, la pauvreté affecte 18% des 48 millions de Colombiens. Comme d'autres villes au passé esclavagiste, Carthagène "s'est construite avec des niveaux d'exclusion très élevés" et "un mépris infini envers la population pauvre", explique l'historien Javier Ortiz, conseiller du ministère de la Culture sur les thèmes ethniques.

Des résidents du quartier de San Francisco à Carthagène, en Colombie.
Photo : AFP/VNA/CVN

À San Francisco, l'Église catholique aide des filles âgées de 9 à 17 ans, comme Angie, afin qu'elles reprennent l'école où l'absentéisme est énorme, a précisé à l'AFP le père Elkin Acevedo.

Un message fort

Un programme, intitulé Talitha Qum, vise à les protéger de la consommation de drogue et de l'exploitation sexuelle, en les persuadant de rêver en grand. "Nous leur répétons qu'elles peuvent devenir présidentes de notre pays, occuper des postes élevés, que la femme et surtout la femme noire n'a pas de raison de continuer à être exclue", affirme la mère Blanca Nubia Lopez, directrice de Talitha Qum (Petite lève toi, en araméen).

La Colombie n'a jamais été présidée par une femme. Les noirs, qui représentent 20% de la population selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, pâtissent particulièrement du conflit armé, de la pauvreté et des inégalités. Avant de se rendre dans la cité caribéenne, le pape passera par Bogota, Villavicencio et Medellin, où il parlera de paix, de réconciliation, de vocation sacerdotale, de dignité et de droits humains, selon les organisateurs de cette visite prévue du 6 au 10 décembre.

Le message pastoral du souverain pontife s'adresse aux "périphéries du monde" et sa présence restera dans les mémoires de Talitha Qum, après laquelle il dira l'angélus à l'église San Pedro Claver, missionnaire espagnol qui soulageait la souffrance des esclaves africains.

En choisissant Carthagène, François "envoie un message fort sur le but de sa visite", souligne le Pr Ortiz, en référence aux liens historiques entre les jésuites et la population noire.


AFP/VNA/CVN

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