Chirurgie: l’excellence vietnamienne attire les médecins étrangers

Les progrès dans la fécondation in vitro, l’endoscopie et la cardiologie permettent au Vietnam d’être présent sur la carte mondiale de la médecine de pointe. De nombreux médecins étrangers viennent même au pays pour profiter de ses expériences.

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Le Pr-DTrân Ngoc Luong (droite), directeur de l’Hôpital central d’endocrinologie à Hanoï, remet le certificat de formation à un chirurgien étranger.

Le Pr.-Dr. Trân Ngoc Luong, directeur de l’Hôpital central d’endocrinologie à Hanoï, fut le premier médecin dans le monde à avoir réalisé une chirurgie endoscopique de la thyroïde au moyen de petites incisions de 0,5 à 1 cm au niveau des aisselles et de la poitrine. Ces dix dernières années, il a accueilli les premiers Professeurs et médecins étrangers désireux de profiter de son savoir.

Méthode "à la vietnamienne"

Tandis que les pays développés sont prêts à débourser des dizaines de milliers de dollars dans des robots capables de mener des opérations endoscopiques de la thyroïde, en 2003, le Pr.- Dr.Trân Ngoc Luong a créé sa propre méthode d’opération permettant de réduire au maximum les frais des patients tout en garantissant une efficacité maximale. Avec sa technique de chirurgie laparoscopie thyroï-dienne, les malades retrouvent une vie normale plus tôt, sans avoir à se couvrir le cou comme avant pour dissimuler les cicatrices.

Par ailleurs, les frais de formation et de transfert de la méthode de M. Luong sont inférieurs à ceux proposés dans les pays développés. C’est la raison pour laquelle, plus de 300 médecins venus de Singapour, d’Indonésie, de Thaïlande, du Pakistan, d’Inde, d’Australie,  du Portugal... ont afflué au Vietnam pour apprendre cette technique, dont un tiers sont des Professeurs. Fort de son prestige, le médecin Luong est souvent invité à donner des formations à l’étranger.

Pour le Dr.-Pr. Nguyên Hoàng Bac, directeur de l’Hôpital-Université de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville, le processus qui a permis à l’endoscopie vietnamienne d’atteindre une nouvelle hauteur lui apporte un  sentiment de fierté. Au début des années 1990, le Vietnam devait inviter des experts singapouriens pour former ses médecins. Mais maintenant, ces derniers ont totalement maîtrisé cette technique, et sont devenus à leur tour formateurs... parfois de Singapouriens.

En 2003, l’Hôpital-Université de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville a été le premier du pays à fonder un centre de formation doté d’équipements endoscopiques d’une valeur de 200.000 dollars. Il fut aussi l’un des deux établissements en Asie à disposer d’un centre de pratique d’opérations sur des cadavres. Jusqu’à maintenant, ce centre a formé 1.600 chirurgiens vietnamiens et 700 étrangers.

Appliquant l’endoscopie en gynécologie, l’hôpital Tu Du de Hô Chi Minh-Ville accueille, depuis une décennie, une vague de médecins venus de Malaisie, d’Indonésie, du Laos, du Cambodge, du Myanmar. Les frais d’une formation de six à huit semaines varient entre 800 et 1.000 dollars.

"Notre méthode de formation se base sur la pratique concrète en bloc opératoire. Les techniques comprennent diverses pathologies comme chirurgie abdominale de base, grossesse extra-utérine, kystes ovariens, fibrose, résection cervicale... Après trois mois, les praticiens peuvent opérer des cas de grossesse extra-utérine ou de kystes ovariens", a partagé Nguyên Ba My Nhi, directrice adjointe de l’hôpital.

En dehors de la formation au Vietnam, l’hôpital a également envoyé ses médecins en Indonésie pour transférer des techniques de traitement des fibromes utérins et des kystes de l’endométriose.

De l’apprentissage à la formation 

Le Pr-DDô Quang Huân (4e à gauche), directeur de l’Institut de cardiologie de Hô Chi Minh-Ville, et des médecins étrangers après une chirurgie cardiaque menée sur une fillette (2e à gauche).

Il y a environ 30 ans, le Vietnam ne pouvait opérer les patients souffrant de valvulopathies. Face au grand nombre de morts, feu le Professeur-médecin Duong Quang Trung, ancien directeur du Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville, est entré en contact avec le Professeur français Alain Carpentier, inventeur du cœur artificiel biologique Carmat. Les 50 premiers médecins vietnamiens se sont rendus en France dans le cadre du programme "Chaîne d’espoir", première étape pour accéder aux techniques de chirurgie cardiaque les plus modernes.

Le Pr.-Dr. Dô Quang Huân, directeur de l’Institut de cardiologie de Hô Chi Minh-Ville, raconte que pour maîtriser la technique d’opération cardiaque, tous les chirurgiens, anesthésistes et même aides-soignants ont été formés en France. Depuis la première opération cardiaque avec un spécialiste français à leurs côtés, les méde-cins vietnamiens n’ont cessé de progresser. Ils maîtrisent désormais la technique, en particulier dans deux interventions extrêmement difficiles: la réparation de la valvule mitrale et le cathétérisme cardiaque.

"La réparation de la valvule mitrale permet aux patients d’écarter les inconvénients d’une valve artificielle et de ne pas prendre un anticoagulant à vie. Il s’agit d’un bon signe pour les pays en Asie du Sud-Est où le taux de malades atteints d’une cardiopathie valvulaire est  élevé", a fait savoir le Pr.-Dr. Nguyên Van Phan, directeur adjoint de l’Institut de cardiologie de Hô Chi Minh-Ville. Depuis une dizaine d’années, cet établissement est devenu le "berceau" de la formation en chirurgie cardiaque, tant dans le pays que dans le monde. Au lieu de suivre une formation en France, de plus en plus de médecins étrangers choisissent  le Vietnam. Jusqu’à présent, l’Institut en a formé 270, venus du monde entier.

"Malgré le grand nombre de médecins étrangers inscrits à la formation, nous n’en accueillons, par souci d’efficacité, que de six à huit pour chaque promotion", a partagé le Pr.-Dr. Dô Quang Huân. Avant d’ajouter: "En plus des heures de pratique sur des cœurs de porc, chaque semaine, les médecins observent neuf chirurgies cardiaques compliquées. Nous souhaitons partager toutes nos connaissances avec des médecins étrangers pour qu’ils puissent sauver des patients dans leurs pays".

Huong Linh/CVN
 

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