France
Chez L'Oréal, les usines se robotisent, les salariés s'interrogent

Chariots élévateurs sans pilote, robots collaboratifs : à Rambouillet (Yvelines en France), l'usine de shampooing de L'Oréal donne un aperçu de l'industrie "4.0" que le groupe déploie dans ses sites du monde entier, mais qui questionne les salariés sur leur propre utilité.

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Une ligne de production de shampooings à l'usine L'Oréal de Rambouillet, fortement robotisée, le 7 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Depuis près d'un an, un nouvel employé, appliqué et jamais fatigué, assiste Malika Mizane au contrôle de pesée des flacons après remplissage : un robot collaboratif, ou "cobot", sous la forme d'un bras articulé en métal aux gestes millimétrés.

"Avant, la pesée ça prenait du temps, c'était lourd, maintenant je peux m'occuper d'autre chose", se félicite auprès de l'AFP l'opératrice de ligne, ancienne intérimaire du site embauchée en 2014, qui vérifie sur un écran les données recueillies par le cobot.

"La cobotique est vraiment en train de se déployer chez nous, et pas seulement en Europe", déclare Frédéric Heinrich, directeur des opérations produits grand public chez L'Oréal Europe.

Sur d'autres lignes de conditionnement de l'usine s'activent docilement des chariots élévateurs autonomes, ou véhicules à guidage automatique (AGV), s'orientant par triangulation et convoyant les palettes selon un algorithme prédéfini, sous l'oeil de quelques "pilotes de flux" humains.

Vincent Vignaud, le directeur de l'usine, s'enorgueillit aussi de sa dernière installation: des portiques RFID, pour scanner automatiquement les rouleaux d'étiquettes des shampooings, venant d'un fournisseur externe.

"Côté pervers"

Mais que deviennent les salariés que les nouvelles technologies remplacent peu à peu ?

"Un métier répétitif, c'est la pire chose qui puisse exister", justifie M. Heinrich. "L'industrie 4.0 est un vecteur de productivité, et ça créé beaucoup d'emplois parce que les nouvelles technologies demandent de nouvelles compétences", affirme-t-il à l'AFP.

L'usine de Rambouillet comptait "environ 500 salariés" en 1972 quand Philippe Ragache, ancien délégué CFDT du site aujourd'hui à la retraite, y a commencé sa carrière, rappelle ce dernier à l'AFP. Elle en compte deux fois moins aujourd'hui, dont 25-30 intérimaires.

"On n'est pas à données comparables, car avant on avait une production plus généraliste", selon M. Vignaud. "Depuis que l'on s'est spécialisé dans les shampooings on n'a pas réduit les effectifs", souligne-t-il.

L'Oréal "ne licencie pas, mais reclasse" ses salariés dont les tâches deviennent superflues, confirme une source syndicale interrogée par l'AFP.

Mais pour compenser, le groupe multiplie les départs en retraite anticipée et limite son recours aux intérimaires, ajoute cette source.

Avec l'évolution technologique, L'Oréal "joue sur l'ergonomie et les conditions de travail améliorées, mais d'un autre côté, ça joue sur l'emploi, c'est ça le côté pervers", dénonce encore cette source syndicale.

"Certes, ce sont de beaux outils (...), et on ne peut pas vraiment se plaindre d'une entreprise qui investit dans son outil industriel", estime Manuel Blanco, secrétaire fédéral de la CGT chimie, lui-même salarié sur un autre site de L'Oréal à Lassigny (Oise).

AFP/VNA/CVN

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