Chez les Si La, des noces très codifiées

Les Si La font partie des cinq minorités ethniques les moins peuplées. Isolée dans les hautes montagnes de la région Nord-Ouest, cette communauté n’en demeure pas moins riche d’un point de vue culturel et spirituel. Exemple avec le mariage.

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Les Si La, avec les O Du, Brâu, Ro Mam et Pu Péo, sont cinq ethnies minoritaires comptant chacune moins de 1.000 membres au Vietnam. À l’instar d’autres ethnies, le mariage est une étape cruciale dans la vie des jeunes Si La, avec trois démarches majeures que sont le dam ngo (présentation officielle des deux futurs époux aux familles), le an hoi (cérémonie de fiançailles) et lê cuoi (cérémonie de noces). Dans la plupart des cas, l’événement se tient au printemps, saison de fécondité et d’épanouissement selon la conception des Si La.

Après le dam ngo et le an hoi, la date du mariage est donnée. Le jour J, au petit matin, les membres des deux familles, sans exception, se lèvent pour préparer et se préparer aux cérémonies. En respectant l’heure favorable choisie par le thây cung (sorcier invité à venir prendre en charge les rites de famille), la grande ou la petite sœur du marié, à la tête d’un cortège composé des proches et amis du marié, quitte la maison pour se rendre chez la mariée. Les offrandes présentées à la famille de la mariée se composent d’un coq bien bouilli, de deux bols de riz gluant, de deux œufs, d’une bouteille d’alcool, d’un bol d’eau, d’une pesette, d’un collier et de cinq pièces de monnaies d’argent entreposées sur un plateau rond en bambou.

Une fois la demande de cortège acceptée par la famille de la jeune fille, la mariée fait l’objet des plus grandes attentions esthétiques, avec notamment un chignon qui doit être d’une tenue irréprochable, sur lequel seront placés un foulard blanc puis un voile. Les filles célibataires se distinguent des femmes mariées par la couleur du foulard et la manière de le nouer sur leur tête. Avant de quitter sa famille, la jeune fille doit dire au revoir à ses parents, proches et voisins.

La mariée est ramenée chez son époux par ses amies et l’aînée ou la benjamine du marié. Elle est toujours à la tête du cortège, au centre. En attendant qu’elle franchisse le pas de la porte, la famille du marié prépare un culte pour la recevoir. Les offrandes pour l’accueillir se composent d’un coq grillé, d’un œuf bouilli, d’un bol d’eau et d’une cuillère qui seront présentés à l’autel des ancêtres. Le thây cung aidera la famille à annoncer aux ancêtres l’intronisation du nouveau membre de la famille par des paroles ô combien poétiques et mélodiques.

À l’arrivée, le cortège fait une halte dans la cour. Avant d’entrer dans la maison, la mariée va revêtir le nouveau costume traditionnel, porter le collier et la bague, offerts par la belle-mère.

Dans le salon, après le culte, le marié reçoit deux boules de xôi (riz gluant cuit à la vapeur) remis par le thây cung. Il va les remettre à son tour à son épouse. Cette paire symbolise la prospérité et le bonheur du jeune couple.

Après la présentation du nouveau couple devant l’autel des ancêtres, les parents, proches et invités se prêteront à des danses et des chants. Une manière pour eux d’exprimer leurs meilleurs vœux à la mariée.

Quand le couple se retrouve enfin seul dans sa chambre de noces, le marié peut lever le voile pour admirer sa belle.

Si certaines traditions se perdent peu à peu, comme la langue maternelle ou le port des costumes traditionnels, pas question pour les Si La d’abandonner leur mariage, qui comporte des rituels originaux transmis de génération en génération.

Texte : Linh Thao/CVN
Photos : Thanh Hà/CVN

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