Chez les labels fureteurs, des pépites comme Henri Salvador électro

Henri Salvador version synthés, cocktail techno-musiques orientales ou disciple marocain de James Brown tiré de l'oubli : des labels chercheurs d'or font le bonheur des festivals défricheurs et des oreilles curieuses.

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Henri Salvador à Paris le 27 septembre 2006.
Photo : AFP/VNA/CVN
Au moment des bilans de 2021, hors des sentiers battus, s'impose la compilation "Homme studio" du label francilien Born Bad Records, d'ordinaire associé au rock-garage. On y découvre un Henri Salvador méconnu.
Dans les années 1970, l'artiste jongle avec boîtes à rythmes et collages de voix en sorcier des consoles de mixages installées dans son repaire de la place Vendôme, à Paris.
"C'est fantastique, j'ai à ma disposition autant de musiciens que je veux et à n'importe quelle heure du jour et de la nuit", relate-t-il à l'époque, cité dans les notes du disque.
En écoutant Sex Man, pastiche psychédélique de Batman, Kissinger, Le Duc Tho, parlé-chanté sur trame politique ou On l'a dans l'baba et ses boucles rythmiques, on est bien loin du crooner-amuseur de Zorro est arrivé.
"On n'a pas fini de redécouvrir Henri Salvador", disait Imany qui a repris un titre ignoré du musicien, Les Voleurs d'Eau, texte sur le pillage des richesses naturelles, dans son album Voodoo Cello.
"Touche-à-tout irrépressible"
Born Bad Records exhume des trésors du passé (le 4e volet de Wizzz!, perles de pop psychédélique française des années 1960-70 est paru en 2021) mais promeut aussi les laborantins fous d'aujourd'hui, comme La Femme. Sans oublier des projets hors norme comme Star Feminine Band, adolescentes béninoises chantant l'émancipation, remarquées aux Trans Musicales de Rennes.
Le groupe afro-pop béninois Star Feminine Band lors des Trans Musicales à Rennes, le 4 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce mélange des genres est une philosophie et aussi, parfois, une bouée de sauvetage. "On a un joli catalogue, avec cet éclectisme, ce touche-à-tout irrépressible, et on se rend compte que ne pas dépendre pas d'un seul style musical, ça peut aider à survivre", explique Marc Hollander, fondateur de Crammed Discs, autre label dénicheur, basé à Bruxelles.
Le nom de son bébé peut se traduire par "Disques entassés" mais a une histoire plus drôle. "Je suis d'abord musicien et pour un album de mon groupe (Aksak Maboul, toujours en activité) ça faisait mieux de mettre un nom de label, j'ai pensé à mon prénom à l'envers (Cram), je ne pensais pas en faire un vrai label, sinon je n'aurais pas opté pour un choix aussi mégalo (rires)". Crammed Discs existe depuis 40 ans et, à l'image de son créateur, aime "picorer dans tous les styles".
Parmi ses poulains, Ikoqwe, duo d'Angola, entre hip-hop et musique traditionnelle, échappé d'une soucoupe volante. Aux Trans Musicales ils se sont produits, comme d'habitude, avec leurs visages recouverts de bandages surmontés d'antennes.
Funk égyptien, reggae libyen
Acid Arab, autre spécimen de l'écurie Crammed, illustre aussi l'esprit maison. C'est un beau club de rencontres entre techno et musiques orientales. Le monde est petit : un des cerveaux du groupe, Guido Cesarsky (aussi appelé Guido Minisky), a collecté les raretés d'Henri Salvador pour "Homme Studio".
De gauche à droite : Guido Minisky, Pierrot Casanova, Kenzi Bourras, Nicolas Borne, Hervé Carvalho forment Acid Arab, à Paris, le 16 septembre 2019.
Photo : AFP/VNA/CVN

Enfin, à propos de musiques orientales, il y a les trouvailles épatantes de Habibi Funk. Ce label de Berlin fait briller des bijoux oubliés du monde arabe des années 1970-80. Du funk égyptien au reggae libyen.
Le volume 2 de la compilation An eclectic selection from the Arab world a été diffusé cette année. On découvre Douaa, Marocaine qui, avec Haditouni, reprend Parlez-moi de lui, chanté par Dalida (puis par Françoise Hardy ou Cher).
On recroise aussi Fadoul, Marocain imprégné par James Brown, voix-totémique du label. Jannis Stürtz, patron d'Habibi Funk, tombé sur un de ses disques à Casablanca, a mis trois ans à retrouver la famille de ce musicien décédé dans les années 1990, comme il l'explique dans un livret. "Sa famille n'aurait jamais pensé que sa musique attire l'attention en dehors du Maroc et ne l'avait plus écouté depuis 30 ans faute de platine à la maison".

AFP/VNA/CVN

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