Chauffer ou ne pas chauffer : le dilemme des Grecs face à l’envolée des taxes

«Chauffage idéal sans pétrole», «Chauffez-vous bien en payant peu» : Sophia Kanaouti, 39 ans, examine à la loupe les annonces publicitaires qui prolifèrent en Grèce à la télévision, dans le métro ou sur les sites Internet.

L’alignement depuis octobre de la taxation du fioul domestique, jusque là épargné pour raisons sociales, sur celle de l’essence -pour remplir les caisses de l’État grec en déficit- frappe de plein fouet les ménages, déjà éreintés par trois ans d’austérité.

Un homme fournit l’huile de chauffage à une maison à Athènes. 

«Même les gens avec un travail régulier, ne peuvent pas payer 1,35 euro pour un litre de fioul. C’était 95 centimes il y a un an. L’hiver dernier nous avons dépensé 1.500 euros, cette année il nous en faut plus de 2.000», déplore Mme Kanaouti, employée à temps partiel.

Elle habite un trois pièces à l’Ouest d’Athènes avec son compagnon, dont le salaire a été amputé de 20% par son employeur en raison de la crise, comme celui de nombreux autres Grecs.

Si le gaz naturel gagne du terrain, le chauffage au fioul reste le plus répandu, surtout en ville. Mais de nombreux copropriétaires refusent actuellement de faire le plein des cuves pour l’hiver.

«Beaucoup de locataires doivent encore les charges de l’an dernier et le gérant a renoncé à acheter du fioul» témoigne Nikos Bouskos, un chômeur de 45 ans qui habite un deux pièces dans un immeuble de 20 logements à Kallithéa, en banlieue d’Athènes. «Chacun va se débrouiller pour trouver des solutions individuelles. Pour moi ce sera le radiateur électrique», dit-il.

L’éventail des appareils sur le marché va des poêles à bois aux panneaux rayonnants ou climatiseurs.

En Grèce du Nord, où le mercure descend bien en dessous de 0°C en hiver, la question du chauffage préoccupe les collectivités locales, responsables du chauffage dans les établissements scolaires.

Risque de deforestation

Ce climat d’inquiétude a aussi aggravé les coupes sauvages de bois, qui prennent des dimensions «inquiétantes» dans plusieurs régions, a récemment reconnu le ministre-adjoint de l’Environnement, Stavros Kalafatis. Il a mis en garde contre un risque de déforestation, relayant les inquiétudes des écologistes.

Un homme ferme la pompe à huile après avoir alimenté une maison avec de l’huile de chauffage à Athènes. 

«Si l’Europe s’intéressait vraiment au pays, elle pourrait octroyer des fonds pour prévenir la catastrophe environnementale due à la paupérisation», lance M. Bouskos.

Mais le gouvernement et les créanciers du pays, UE et FMI, misent sur la hausse des taxes sur le fioul pour gonfler les recettes publiques et limiter la fraude sur les produits pétroliers, endémique en Grèce : selon une récente enquête, un cinquième de l’essence est frelatée, coupée avec du fioul domestique moins cher.

Du coup, les propriétaires de station-service font grise mine. «Les ventes de fioul ont baissé de 80 à 85% par rapport à la même période l’an dernier», relève Michalis Kioussis, président de la Fédération des stations-services, même s’il impute aussi la baisse aux températures clémentes ayant prévalu jusqu’à début décembre.

Stephanos Karablias, propriétaire d’une station-service à Athènes, se rassure en estimant que «les consommateurs finiront par acheter dès que la température baissera». Selon lui, la chute s’établira autour de 25%, par rapport à l’an passé.

Mais la consommation se fera goutte à goutte. Anastassia Kanellou, retraitée de 64 ans, compte ainsi sur «le pétrole qui reste de l’an dernier dans la cuve de l’immeuble, pour tenir au moins jusqu’à Noël».

AFP/VNA/CVN

 

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