Ces gens qui cultivent l’âme du people

À cause du développement de la société moderne, certaines valeurs traditionnelles se perdent peu à peu. Comment faire pour préserver ces traditions considérées comme l’âme du peuple ? C’est là la préoccupation de nombreux artistes populaires...

>>La musique traditionnelle cherche à tirer profit de la mondialisation

Par le passé, toutes les femmes de l’ethnie Cor (Kor) savaient jouer de la flûte Amap. De nos jours, ce n’est plus le cas. Mme Hô Thi Bay, habitante du hameau de Trà Nga, dans le district de Tây Trà, province centrale de Quang Ngai, fait désormais partie du petit nombre d’artistes capables de jouer de cet instrument. Avec sa nièce Hô Thi Lâm, elle souhaite transmettre sa passion pour la flûte traditionnelle à ses descendants.

 

Mme Hô Thi Bay joue de la flûte Amap avec une de ses nièces.

Agée de près de 80 ans, Mme Bay se porte comme un charme et se montre toujours optimiste. Elle tient l’instrument dans ses bras comme on bercerait un enfant. «Autrefois, quand un bébé pleurait et n’arrivait pas à s’endormir, sa mère jouait de la flûte Amap. Bercé par les sons limpides et harmonieux, le bébé était tranquillisé et s’endormait profondément», raconte l’artiste.

Une vie dédiée à la pratique de la flûte Amap

La flûte Amap est un instrument original, propre à l’ethnie Cor. Seules les femmes de cette ethnie savent en jouer. Fabriquée avec une tige d’Amap, une plante commune sur les flancs des collines des districts de Trà Bông et Tây Trà, la flûte mesure environ 30 cm et ressemble à une baguette. À une extrémité, on pratique une ouverture, et l’autre extrémité est fermée par une languette de cire d’abeille de 2 cm de long. Quand on joue de la flûte, cette languette vibre et créé des sons uniques. «Fabriquer une Amap est assez simple mais faire en sorte qu’elle sonne juste n’est pas facile. À l’heure actuelle, peu de gens savent encore en fabriquer», note Mme Bay.

Chaque jour, avec sa nièce Hô Thi Lâm, elle joue de la flûte Amap. Il y a des airs qu’on peut interpréter seule, par exemple une berceuse. Il y a aussi des airs qu’ils nécessitent deux artistes en même temps. À ce moment-là, les deux personnes jouent chacune à une extrémité de la flûte. Il s’agit de l’originalité de cet instrument. Quand on réalise un numéro en duo, le rôle de l’interlocutrice est très important car il exige des talents de narratrice.

 

Le lithophone fabriqué par Ro Cham Khanh, de l’ethnie Jrai.

Pour les habitants de l’ethnie Cor, le son de l’Amap fait partie de l’inconscient collectif. Il retentit pendant toutes les célébrations, toutes les activités de la vie quotidienne. Pourtant, bon nombre de jeunes sont indifférents à cet instrument. Dans l’espoir de préserver cette tradition, Hô Thi Bay se montre obstinée à transmettre son savoir-faire, en assurant des cours à son domicile.

Un jeune Jrai et sa passion pour le lithophone

Né en 1990 et ayant grandi dans le district montagneux de Duc Co, dans la province de Gia Lai, sur les hauts plateaux du Centre, le jeune Ro Cham Khanh de l’ethnie Jrai est membre du Centre culturel et sportif du district. Il peut jouer avec des instruments modernes comme l’orgue, la guitare et la batterie, et il sait également jouer de plusieurs instrument traditionnels comme le T’rung (xylophone en bambou), la flûte, la khèn (flûte de Pan). Il sait aussi fabriquer des lithophones pour accompagner les chants de l’ethnie Jrai.

Sa vie quotidienne est étroitement liée aux chants des oiseaux, aux murmures des ruisseaux, aux airs folkloriques de son ethnie. Le jeune homme ne sait pas comment son amour pour ces choses simples s’est transformée en passion pour la musique. «Il reste très peu d’instruments de musique Jrai. Donc j’essaie d’en fabriquer pour mon ethnie. Une fête villageoise sans instruments traditionnels, c’est tellement triste. Il faut en jouer pour que les jeunes s’intéressent à l’identité culturelle de leur ethnie», confie-t-il. C’est ainsi que l’idée de fabriquer un lithophone lui est venue.

De la parole aux actes, il n’y a qu’un pas. Le jeune homme écume les magasins vendant de la pierre de taille pour acheter des fragments de pierre brisée. Après plus d’une semaine passée à affûter, découper, puis sélectionner les meilleures pierres, il achève un lithophone 16 tons. Depuis, cet instrument l’accompagne lors des représentations qu’il donne pour les habitants des hameaux de son district. Il chante le patriotisme, la beauté du pays natal, des airs folkloriques... Ro Cham Khanh n’oublie pas de transmettre ses techniques aux élèves de l’école-internat de son district dans l’espoir que ces derniers puissent entretenir cette tradition de leur ethnie.

Les réalisations de l’artiste octogénaire Hô Thi Bay et du jeune Ro Cham Khanh méritent notre admiration. Nous sommes fiers d’eux car à notre époque trépidante, peu des gens s’attachent encore à préserver et valoriser l’identité culturelle du peuple. De bons exemples à suivre...

 

Diêu An/CVN

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