Ces (dés)unions pour le meilleur... seulement

Dans la commune de Nâm Nhong, district de Quê Phong, province de Nghê An (Centre), le divorce est l’occasion d’un festin... qui n’a rien à envier à celui du mariage.

Tous les habitants de la commune de Nâm Nhong sont d’ethnies minoritaires, en majorité Thai et Khomu. Cette localité a la particularité d’abriter des coutumes peu répandues, la plus originale étant celle du divorce en grande pompe, qui fait appel à un cérémonial et à un déploiement de faste dignes des épousailles. Pour les gens de Nâm Nhong, rien n’est plus précieux que l’union conjugale. Les règlements locaux font d’ailleurs en sorte de dissuader ceux qui souhaiteraient retrouver leur liberté.

D’après Vi Thi Nga, une habitante de Na Hôc 1, si un couple désire divorcer, il doit en informer le chef du village qui organise alors une réunion du «comité de réconciliation». Ce dernier se rend dans la maison du couple qui bat de l’aile, ensuite tous les foyers du village sont invités à faire de même...  Si ces efforts n’ont abouti à aucun résultat, alors le chef du village transmet les formalités de divorce aux autorités locales. Avant, il doit rencontrer de nouveau le couple pour lui faire signer un engagement très spécial. Concrètement, le conjoint qui veut divorcer - c’est-à-dire celui qui a pris l’initiative d’aller rencontrer le chef du village - doit indemniser son partenaire de tous les frais de célébration des fiançailles et du mariage (sous forme de vaches, porcs, bijoux, riz, alcool de riz...). Il n’a aucun droit de propriété sur les biens communs, y compris les enfants. Bref, à Nâm Nhong, on ne divorce pas à la légère... Pas étonnant donc que jusqu’à maintenant, seuls dix couples aient tenté l’aventure.

U

Selon la coutume, un jour après le jugement au tribunal, le couple officiellement séparé doit revenir au village afin de préparer la cérémonie de divorce, qui a lieu d’abord chez la famille de la femme. Comme au mariage, la famille de la femme doit inviter des représentants de toutes les familles du village, y compris celle du mari. Le couple participe à une cérémonie de culte aux ancêtres et au partage des biens, sous le regard attentif du patriarche et d’autres personnes âgées. Une fois que les deux familles ont prononcé un discours pour exprimer devant tous leur tristesse, les convives passent à table et formulent des voeux pour que les deux «néo-célibataires» retrouvent rapide­ment le bonheur. 

Un jour après, rebelote dans la famille du mari. Là aussi, la musique, la décoration et le banquet ressemblent à s’y méprendre aux préparatifs des épousailles. Après le culte des ancêtres, les personnes âgées assistent de nouveau au partage des biens. Cette fois-ci, non seulement les représentants des deux familles mais aussi le couple lui-même doivent prendre la parole, avant d’inviter les gens à boire et à sceller dans la joie la «désunion».

Le soir, le couple revient au domicile conjugual pour une ultime nuit qui, paraît-il, se passe en confidences. Le lendemain matin, la femme, accompagnée de ses enfants, retourne dans sa famille, et a le droit de se remarier si elle le souhaite.

Coups de théâtre

Selon les habitants des villages de Na Nôc 1 et Na Hôc 2, participer au banquet de divorce est plus une charge qu’une joie. Parfois, lors de la cérémonie de divorce, des couples reconsidèrent leur situation, et décident de refaire un bout de chemin ensemble. Selon le chef du village de Na Hôc, Hà Van Quyêt, trois des dix couples qui ont divorcés sont revenus l’un vers l’autre. Plus récemment, Vi Van H et Hà Thi Th, du village de Na Hôc 2, ont renoué les liens après cinq jours de séparation.

En général, le village créé toujours de bonnes conditions pour que les deux époux se rabibochent avant la fatidique cérémonie. Le patriarche les rencontrent, eux et leurs proches, autour d’un repas. Et si un arrangement est trouvé, tout le village en est informé dans la minute qui suit.

Les règlements rigoureux pour dissuader les candidats au divorce, les tentatives de récon­ciliation qui font intervenir tous les villageois de même que la facilité qu’il y a à se remarier montrent que, depuis très long­temps, les habitants de Nâm Nhong prennent en haute consi­dération le bonheur familial, et cherchent par tous les moyens à le préserver.  

Dieu An/CVN 

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top