Catastrophe au Brésil: le groupe Vale sous pression

Le gouvernement et la justice accentuaient la pression mardi 29 janvier sur le groupe minier Vale, exigeant des explications sur la rupture du barrage de Brumadinho, en aval duquel la masse de boue commençait à rendre de nombreux corps.

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Des sauveteurs à la recherche de victimes le 28 janvier dans la coulée de boue provoquée par la rupture d’un barrage minier près de Brumadinho, dans le Sud-Est du Brésil. Photo: AFP/VNA/CVN

Cinq ingénieurs ont été placés en détention préventive dans le cadre de l’enquête pour établir les responsabilités de la tragédie de vendredi dernier 26 janvier, qui a fait au moins 65 morts et 288 disparus, selon le dernier bilan officiel.
Trois de ces ingénieurs sont des employés de Vale et les deux autres de la société allemande TÜV SÜD, qui avait délivré en septembre un certificat de stabilité du barrage.
"Nous ne pouvons que confirmer que deux employés du TÜV SÜD ont été arrêtés au Brésil", a déclaré Thomas Oberst, chargé de communication interrogé en Allemagne, "nous appuyons pleinement l’enquête".
"Maintenant, il faut punir, et punir vraiment", a affirmé lundi soir 28 janvier le vice-président Hamilton Mourao, qui exerce la présidence tandis que Jair Bolsonaro récupère d’une opération. "Les amendes, qui font mal au portefeuille, ont déjà été infligées. Mais s’il y a vraiment eu négligence ou imprudence de la part de certaines personnes de cette entreprise (Vale), elles doivent répondre pénalement", a-t-il insisté.
Au total, 11,8 milliards de réais (environ 2,8 milliards d’euros), ont déjà été saisis sur les comptes de la compagnie, au titre de réparation. Les actions de Vale, qui ont plongé de 24% lundi 28 janvier à la Bourse de Sao Paulo, reprenaient près de 4% mardi 29 janvier à la mi-journée. L’agence de notation Moody a placé la note de Vale sous surveillance et pourrait l’abaisser, comme l’a déjà fait Fitch lundi soir 28 janvier.
Odeur fétide
À Brumadinho, les hélicoptères continuaient d’atterrir avec de nouveaux corps, suspendus dans de grands filets noirs. La chaleur de l’été fait remonter l’odeur fétide des dépouilles enterrées dans la boue.
Des secouristes transportent un corps après la rupture d’un barrage près de Brumadinho au Brésil, le 28 janvier. Photo: AFP/VNA/CVN

"La boue est encore trop liquide, mais avec l’évaporation les sédiments descendent et les corps remontent vers la surface", a expliqué le lieutenant colonel Eduardo Angelo Gomes, commandant du bataillon d’urgence environnementale des pompiers.
Les secouristes marchent avec prudence. Un pas de travers et toute la jambe s’enfonce dans cette masse visqueuse dont on ne connait pas encore la toxicité.
Parfois, ils doivent même ramper, tenant à bout de bras des perches d’environ deux mètres pour se maintenir à la surface. À Corrego do Feijao, faubourg de Brumadinho où était situé le barrage, on commence à creuser des tombes. "Je suis dans un film d’horreur. Ce sont des gens avec qui j’ai grandi. Je ne sais pas comment je vais pouvoir surmonter tout ça", a dit à l’AFP Cleyton Candido, 38 ans, devant sa maison, juste à côté du cimetière.
"Crime environnemental"
Dans la matinée, Hamilton Mourao a tenu une réunion avec plusieurs ministres pour évaluer un durcissement des normes de sécurité des barrages. Un virage forcé pour le gouvernement Bolsonaro, qui semblait plutôt enclin à assouplir les règles en matière de protection de l’environnement et critiquait le zèle des agences publiques chargées des contrôles.
Le quotidien économique Valor a notamment rappelé que l’ex-député Leonardo Quintao, parlementaire très lié au secteur minier et qui sera chargé des relations du gouvernement avec le Sénat, avait fait retirer d’un texte de loi deux dispositifs censés améliorer les contrôles des barrages. La vague de résidus miniers qui a tout dévasté sur son passage a également contaminé la rivière Paraopeba, qui traverse Brumadinho, teintée de marron. "L’eau de notre rivière était cristalline, mais les compagnies minières ne pensent qu’au profit", a déploré Vanderlei Alves, chauffeur de 52 ans. "La rivière est morte", a-t-il ajouté.
Autre motif d’inquiétude, cette rivière est un affluent du fleuve Sao Francisco, un des plus importants d’Amérique du sud, d’une longueur plus de 2.800 km.

AFP/VNA/CVN

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