Budget de l'Italie: semaine sous tension, Bruxelles réclame des réponses

Nouvelle semaine de tension pour l'Italie: parallèlement à son différend avec Bruxelles sur son budget, sur lequel la Commission européenne compte obtenir des réponses lundi 22 octobre, le gouvernement italien attend vendredi 19 octobre le verdict de l'agence Standard & Poor's.

>>En Italie, le gouvernement populiste attendu sur son premier budget

Le ministre italien de l'Économie et des Finances, Giovanni Tria (gauche), et le commissaire aux Affaires européennes, Pierre Moscovici, le 18 octobre à Rome.

Le président du Conseil Giuseppe Conte a convié les médias étrangers à une conférence de presse à Rome à 10h00 GMT, l'heure-limite fixée par la Commission pour obtenir des précisions sur ce projet de budget jugé trop dispendieux.
Inquiète des choix de la coalition populiste au pouvoir à Rome, l'agence de notation rivale Moody's a déjà baissé d'un cran vendredi 19 octobre la note de l'Italie, la plaçant juste au-dessus de la catégorie spéculative (junk bonds).
Moody's classait jusqu'à présent la dette italienne au niveau Baa2 et S&P à BBB (catégorie investissement), soit parmi les émetteurs de qualité moyenne mais en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate.
"Le plus probable est que (S&P) change sa perspective de stable à négative, en gardant la note BBB", estime Erik Nielsen, chef économiste à la banque italienne UniCredit, pour qui néanmoins ces décisions risquent d'avoir de lourdes conséquences pour l'Italie, en incitant les investisseurs institutionnels à se détourner de ce pays.
Dérapage "sans précédent"
Dans la ligne de mire des agences, tout comme de Bruxelles: le programme anti-austérité engagé par la nouvelle coalition populiste, formée de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème).
Elle prévoit un déficit à 2,4% du PIB en 2019, contre 0,8% pour le précédent gouvernement, puis à 2,1% en 2020 (contre 0) et à 1,8% en 2021.
La coalition entend mettre en oeuvre ses promesses électorales (départ en retraite facilité, revenu de citoyenneté pour les plus modestes...) et donner ainsi un coup de fouet à la croissance, via une demande plus forte et davantage d'investissements.
Bruxelles a entamé jeudi 18 octobre un bras de fer avec Rome en réclamant officiellement des "clarifications".

Évolutions de la dette publique italienne et du déficit italien de 2007 à 2017 en % du PIB
Photo: AFP/VNA/CVN

La Commission a fait état d'un dérapage budgétaire "sans précédent" et pointé un risque de "non-conformité grave" avec les règles européennes. Ceci pourrait l'amener à rejeter ce budget, ce qui serait une première dans l'histoire de l'UE.
Samedi 20 octobre, le gouvernement italien a promis d'expliquer son budget tout en réaffirmant son engagement à rester dans la zone euro. "Le plus important est d'expliquer le budget à nos interlocuteurs européens", a déclaré le chef du gouvernement Giuseppe Conte, alors que la Commission européenne le juge de son côté largement "hors des clous" européens.
L'Italie ploie déjà sous une dette de 2.300 milliards d'euros, qui représente quelque 131% de son PIB.
Pour ne rien arranger, les prévisions de croissance du gouvernement sont jugées beaucoup trop optimistes (1,5% en 2019 contre 1% prévu par la plupart des observateurs, dont le FMI), ce qui pourrait encore aggraver le déficit.
Banques en berne
Dans ce contexte, le spread, le très surveillé écart entre les taux allemand et italien à dix ans, a doublé de 150 à 315 points sur le marché secondaire depuis mi-mai, date du début des discussions entre la Ligue et le M5S pour former une coalition.
La Bourse de Milan a perdu sur cette période 21,4%. Les banques, qui détiennent près de 400 milliards d'euros de dette italienne, ont été les premières victimes, le secteur perdant près de 35%.
La dégradation de la note italienne, annoncée vendredi 19 octobre après bourse par Moody's pourrait ajouter du trouble, même si aucune grosse secousse n'est à attendre sur le marché, selon Nicolas Véron, économiste aux instituts Bruegel à Bruxelles et Peterson aux États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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