Brexit: le Parlement va être suspendu après les élections anticipées

Le Premier ministre britannique Boris Johnson veut convaincre lundi 9 septembre les députés très réticents d'approuver des élections législatives anticipées, ultime tentative pour mettre en œuvre sa stratégie d'un Brexit à tout prix et se sortir d'une crise politique, avant la suspension du Parlement pour cinq semaines.

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Les Premiers ministres irlandais Leo Varadkar (droite) et britannique Boris Johnson se rencontrent à Dublin le 9 septembre.

La nouvelle épreuve de force, après une série de camouflets infligés la semaine dernière au dirigeant conservateur britannique, intervient alors qu'aucun progrès majeur vers un accord n'a été enregistré lundi 9 septembre lors d'une rencontre à Dublin entre Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar.

Le Parlement britannique sera suspendu jusqu'au 14 octobre, deux semaines avant la date prévue du Brexit, que les députés votent ou non en faveur d'élections anticipées, a annoncé un porte-parole du 10, Downing Street.

Cette mesure avait suscité une vague d'indignation au Royaume-Uni lorsqu'elle avait été annoncée fin août par Boris Johnson, accusé de manœuvrer pour précipiter le Royaume-Uni vers un Brexit sans accord de divorce. Le Premier ministre, arrivé au pouvoir fin juillet, l'avait lui justifiée par la nécessité de préparer puis présenter un nouveau programme de politique nationale.

Il est très peu probable que l'exécutif recueille la majorité des deux tiers nécessaire pour convoquer un scrutin, qu'il souhaite organiser le 15 octobre, l'opposition ne voulant pas courir le risque de lui redonner la main avant le Brexit, actuellement prévu le 31 octobre.

L'opposition craint que Boris Johnson fasse fi de la loi votée la semaine dernière avec le soutien de députés conservateurs rebelles, l'obligeant à solliciter auprès de Bruxelles un report de trois mois du Brexit s'il n'obtient pas d'accord de sortie d'ici le 19 octobre, juste après un sommet européen à Bruxelles.

Le texte de loi contre le "no deal" doit recevoir lundi 9 septembre l'approbation de la reine, dernière étape nécessaire à son entrée en vigueur.

"Nous ferons tout notre possible pour nous empêcher de sortir sans accord le 31 octobre et nous soutiendrons des élections quand il sera clair que nous éviterons une sortie sans accord", a réaffirmé le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, sur Sky News.

"Divergences significatives"

Boris Johnson a assuré lundi 9 septembre vouloir quitter l'UE avec un accord, mais Bruxelles et Londres ne parviennent pas à s'entendre sur la manière de maintenir ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.

"Un terrain d'entente a été établi dans certains domaines mais des divergences significatives demeurent", selon un communiqué commun publié à l'issue de la rencontre entre MM. Johnson et Varadkar à Dublin.

Selon ce dernier, Londres n'a encore soumis aucune proposition alternative "réaliste" au "filet de sécurité" ("backstop") en Irlande, dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait négocié par sa prédécesseure Theresa May.

Cette disposition vise à empêcher le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord, province britannique, et la République d'Irlande, État membre de l'Union européenne. Elle prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE. Cela empêcherait, selon Boris Johnson, le Royaume-Uni de mener une politique commerciale indépendante.

L'idée britannique de créer une zone commune sur l'île d'Irlande où s'appliqueraient les mêmes normes sanitaires et phytosanitaires a été accueillie fraîchement. Elle ne s'est d'ailleurs pas traduite pas des solutions concrètes, a souligné une porte-parole de la Commission européenne.

Les Premiers ministres irlandais Leo Varadkar (droite) et britannique Boris Johnson, le 9 septembre 

Boris Johnson s'oppose farouchement à tout nouveau délai du Brexit, initialement prévu le 29 mars et déjà reporté deux fois, si aucun compromis n'est trouvé.

Il a réitéré lundi 9 septembre sa détermination à sortir à tout prix du club européen le 31 octobre, sous peine d'infliger un "dommage permanent" dans la confiance des Britanniques envers la démocratie, après le référendum s'étant prononcé à 52% pour le Brexit en 2016.

Des élections lui permettraient de se relancer,car il est mal en point depuis l'exclusion inédite du Parti conservateur, dont il est le chef, de 21 députés rebelles et la défection d'un autre pour les Libéraux-démocrates, une formation centriste pro-UE.

Samedi 7 septembre, il a subi un nouveau camouflet avec la démission d'un poids lourd de son gouvernement, l'europhile ministre du Travail, Amber Rudd, après celle de son propre frère, Jo Johnson, au nom de l'"intérêt national".

Selon un sondage YouGov paru dans le Sunday Times, les Tories arriveraient en tête, avec 35% des voix, 14 points d'avance sur le Labour. D'autres sondages récents montrent un écart plus resserré entre les deux partis, mais toujours avec le Parti conservateur en tête.

Tout nouveau délai devra encore être approuvé à l'unanimité des 27 autres États membres de l'UE, et la France ne semble pour l'instant pas convaincue.

AFP/VNA/CVN

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