Brexit: le Parlement refuse à nouveau des élections avant sa suspension

Les députés britanniques ont infligé mardi 10 septembre une nouvelle défaite cuisante au Premier ministre Boris Johnson en refusant encore une fois de déclencher des législatives anticipées, avant que le Parlement ne soit suspendu jusqu'au 14 octobre, deux semaines seulement avant la date prévue pour le Brexit.

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson à la Chambre des communes, le 9 septembre à Londres. 

Avec 293 voix pour, loin des deux tiers des sièges requis pour déclencher des élections générales, les députés ont mis en échec pour la deuxième fois en cinq jours la proposition de Boris Johnson, qui voulait que les électeurs soient appelés aux urnes le 15 octobre.

Avant le vote, le chef de gouvernement a assuré qu'il ne demanderait "pas un nouveau report" du Brexit, prévu le 31 octobre, en dépit d'une loi entrée en vigueur lundi après l'assentiment de la reine Elizabeth II.

Recours en justice, démission ou autre, Boris Johnson n'a pas expliqué comment il compte s'y prendre.

"Si vous voulez un délai, alors votez pour des élections générales !", a-t-il lancé au leader de l'opposition Jeremy Corbyn qui, selon lui, craint d'être défait dans les urnes. Celui-ci a rétorqué qu'il voulait une élection, mais se refuse à "risquer le désastre" d'une sortie de l'UE sans accord.

Avant tout scrutin, l'opposition veut s'assurer que la perspective d'un "no deal" est écartée et que le Brexit sera repoussé de trois mois, comme le Parlement l'a voté la semaine dernière.

Ce texte oblige le Premier ministre à demander ce report à l'UE s'il n'obtient pas d'accord de sortie d'ici au 19 octobre, juste après un sommet européen.

Les camouflets se sont succédé depuis une semaine pour Boris Johnson. Lundi  9 septembre en début de soirée encore, la Chambre des communes a adopté un texte pour contraindre le gouvernement à publier des documents confidentiels sur l'impact d'un Brexit sans accord, que l'exécutif est soupçonné d'avoir minimisé.

La séance de lundi 9 septembre à la Chambre des communes était la dernière avant la suspension très controversée du Parlement pendant cinq semaines décidée par Boris Johnson.

Le "speaker" de la Chambre des communes, John Bercow (debut), le 9 septembre. 

Lors du cérémonial codifié marquant la suspension du Parlement, dans une ambiance électrique et au milieu des chants et protestations acrimonieuses de l'opposition, le président de la Chambre des communes John Bercow a souligné que cette "prorogation", "la plus longue depuis des décennies", n'était ni "classique", ni "normale".

Après dix ans passés dans le fauteuil de "speaker", John Bercow a annoncé dans l'après-midi qu'il démissionnerait le 31 octobre.

Accusé ces derniers mois par les partisans d'un Brexit dur d'avoir outrepassé les règlements parlementaires à leur détriment, il a, les yeux embués, salué le sens de "l'intérêt national" des membres de la Chambre.

La suspension du Parlement, dénoncée par M. Bercow comme un "scandale constitutionnel", a suscité une vague d'indignation au Royaume-Uni, où ses opposants soupçonnent Boris Johnson d'avoir manoeuvré pour empêcher les députés de débattre du Brexit et précipiter le pays vers un divorce sans accord avec l'Union européenne.

Retour du duty-free 

Boris Johnson a assuré lundi encore vouloir un accord, mais Bruxelles et Londres ne parviennent pas à s'entendre sur la manière de maintenir ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.

"Un terrain d'entente a été trouvé dans certains domaines mais des divergences significatives demeurent", selon un communiqué commun publié à l'issue d'une rencontre de Boris Johnson avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar à Dublin.

Selon M. Varadkar, Londres n'a encore soumis aucune proposition alternative "réaliste" au "filet de sécurité" ("backstop") en Irlande, que Boris Johnson souhaite supprimer de l'accord de retrait négocié par sa prédécesseure Theresa May.

Cette disposition vise à empêcher le retour à une frontière physique entre l'Irlande du Nord, une province britannique, et la République d'Irlande, un État membre de l'Union européenne. Elle prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE, ce qui l'empêcherait de suivre une politique commerciale indépendante.

Boris Johnson s'oppose farouchement à tout nouvel ajournement du Brexit, initialement prévu pour le 29 mars et déjà reporté deux fois, si aucun compromis n'est trouvé. Il a réitéré lundi 9 septembre sa détermination à sortir à tout prix du club européen le 31 octobre, sous peine d'infliger un "dommage permanent" à la confiance des Britanniques envers la démocratie, après le référendum de 2016 qui a tranché à 52% pour le Brexit.

Tout nouveau délai devra encore être approuvé à l'unanimité des 27 autres États membres de l'Union européenne.

Des élections pourraient permettre au Premier ministre de récupérer la majorité qu'il a perdue en excluant 21 députés rebelles, qui ont voté avec l'opposition pour le report du Brexit, et avec la défection d'un autre la semaine dernière pour le parti europhile des Libéraux-Démocrates.

Samedi 7 septembre encore, il a subi un nouveau camouflet avec la démission d'un poids lourd de son gouvernement, la ministre du Travail, Amber Rudd, après celle de son propre frère, Jo Johnson.

Quand beaucoup s'inquiètent des conséquences économiques d'un Brexit sans accord, le gouvernement a fait une annonce à destination des vacanciers britanniques en cas de "no deal": le retour des duty-free.

AFP/VNA/CVN

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