Brésil : l’hélicoptère, la solution antibouchons à Sao Paulo

Gustavo Boyde passe quatre jours à Sao Paulo à chacun de ses voyages d’affaires. Ce Brésilien, parti vivre à New York, a trouvé la parade aux bouchons dantesques : «J’ai opté pour l’hélicoptère», dit-il en montrant la ville qui s’étend à l’infini sous ses pieds.

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L’homme d’affaires brésilien Gustavo Boyde débarque de l’hélicoptère en arrivant à Guarulhos, situé à 20 km de Sao Paulo.

Nombreux parmi les 12 millions d’habitants de la métropole tentaculaire - la plus grande d’Amérique latine - se retrouvent régulièrement bloqués dans de gigantesques embouteillages.

La mégapole compte 5,9 millions d’automobiles, soit une pour deux personnes. Aux heures de pointe, les embouteillages peuvent atteindre entre 330 et 576 kilomètres.

Mais désormais, une application : Voom, permet d’obtenir un hélicoptère en moins d’une heure, sur le modèle d’Uber. C’est la solution choisie par M. Boyde, responsable marketing pour l’Amérique latine d’une importante compagnie de communication, qui a pris place à bord d’un aéronef qui l’amène rapidement du quartier d’Itaim Bibi à l’aéroport, à une trentaine de kilomètres de là.

Sao Paulo est la première ville au monde à bénéficier des services de Voom, filiale du constructeur européen Airbus, qui y a lancé ses opérations en avril.

«Notre objectif est que le transport en hélicoptère soit accessible à davantage de gens, que l’hélicoptère soit vu. comme une alternative», explique Uma Subramanian, directrice exécutive de Voom.

«Dans les pays latino-américains, les gens perdent jusqu’à 10 heures par semaine en transport», ajoute-t-elle. Sao Paulo a été choisie parmi une liste de 500 villes dans le monde pour lancer le service, en raison de tous les avantages qu’elle cumulait.

L’État de Sao Paulo, avec ses 44,8 millions d’habitants (12 millions dans la métropole), a la plus grande flotte d’hélicoptères au monde.

D’après l’Anac, l’Association nationale de l’aviation civile, il dispose de 700 hélicoptères (32,8% de la flotte nationale) et de 528 héliports, presque la moitié de ceux de tout le Brésil (1.086).

Et en ces temps de sinistrose économique, Voom apparaît comme un atout pour les professionnels du secteur.

Clientèle d’affaires

«Dans le contexte actuel de contraction du marché, l’arrivée de ce service est positive», dit Arthur Fioratti, président de l’Association brésilienne des pilotes d’hélicoptères (Abraphe), qui regroupe quelque 2.000 professionnels.

Le secteur a enregistré une forte croissance entre 2010 et 2013, à un moment où l’économie était florissante. D’après les chiffres fournis par l’Abraphe, 2.000 vols avaient lieu chaque jour dans l’État de Sao Paulo. Aujourd’hui il n’y en a plus que 1.300.

Voom fonctionne avec trois opérateurs qui font voler cinq hélicoptères dans la zone métropolitaine.

Avec l’application sur son smartphone, le client s’enregistre, indique son poids et celui de ses bagages. Il reçoit instantanément le tarif de même qu’une confirmation - à moins que les conditions météo soient mauvaises.

L’homme d’affaires brésilien Gustavo Boyde survole Sao Paulo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Parcourir en hélicoptère les 30 kilomètres du sud-est de la mégapole jusqu’à l’aéroport international de Guarulhos prend neuf minutes en moyenne pour 480 réais (135 euros).

La même course avec les services réguliers de taxi aérien requiert plus de planification et est plus chère. Elle coûte dix fois plus (5.000 réais, près de 1.400 euros) et doit être réservé au moins deux jours à l’avance.

L’option hélicoptère est intéres-sante pour des personnes comme M. Boyde, qui aurait pour alternative de payer 150 réais (40 euros) pour passer une heure et demie coincé dans un taxi.

«J’ai opté pour Voom parce que en réalité cela rentre dans mon budget de voyage, c’est économique et pratique», dit le trentenaire.

«Ce sont deux heures dont je peux profiter pour travailler, ce qui est précieux avec les plannings serrés que j’ai», affirme-t-il, tout en montrant depuis les airs les artères totalement bouchées de Sao Paulo.

«Voom s’adresse d’abord à une clientèle d’affaires et à des utilisateurs fréquents mais souhaite se populariser avec l’objectif de devenir aussi bon marché qu’un taxi», explique Mme Subramanian.

Gain de temps

Mais ce moyen de transport reste réservé à une élite. Il n’est pas rare de voir sur le toit d’un hôtel quatre étoiles du sud-ouest de la métropole des passagers attendre leur hélicoptère.

Entre six et dix personnes partent en hélicoptère de cette plate-forme de décollage chaque jour, pour la plupart des hommes d’affaires soucieux de gain de temps.

«Quand mes amis ont vu que j’empruntais un hélicoptère pour me rendre à l’aéroport ils m’ont demandé si j’étais devenu millionnaire. Et quand je leur ai dit le prix, ils ont été surpris», dit Lucas Amadeu, responsable de marketing.

«Je crois que quand les gens sauront ce que ça coûte, le service se développera beaucoup», avance-t-il. C’est seulement en cas d’intempéries que M. Amadeu se rend en taxi à l’aéroport.

La mauvaise qualité des transports publics et la hausse des tarifs avaient déclenché en 2013 la plus grande vague de contestation populaire de l’histoire moderne du Brésil.

La prochaine étape pour Voom sera Mexico, autre ville gigantesque congestionnée.

M. Boyde, dont, c’est la deuxième destination la plus fréquente pour ses voyages d’affaires, se frotte les mains. «S’ils font la même chose là-bas, je serai aussi client», dit-il.


AFP/VNA/CVN

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