Brésil : la crise plombe le Noël des habitants de Rio de Janeiro

À quelques jours de Noël, l'ambiance n'est pas à la fête dans les rues de Rio : le Brésil traverse l'une des pires crises économiques de son histoire et l'État de Rio en particulier est au bord de la faillite.

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Un Père Noël distribue des cadeaux à des enfants dans la favela Complexo da Mare, à Rio de Janeiro le 17 décembre.

Fonctionnaires impayés, chômage frôlant les 12%, des décorations de noël quasi-inexistantes... la crise plombe les achats de Noël et l'humeur des habitants.

Même le traditionnel arbre de Noël géant qui flotte sur la lagune a été supprimé.

"C'est un Noël vraiment maigre. Les gens n'ont pas d'entrain", déclare Daniela Santiago, 41 ans, à la recherche de cadeaux pour ses enfants dans un magasin de jouets bon marché.

"La plupart de mes amis et de mes proches sont déprimés", ajoute-t-elle.

Mme Santiago a perdu son emploi et vit avec sa mère, une enseignante qui n'a pas touché son salaire complet depuis septembre. Avec l'État de Rio au bord de la faillite, les fonctionnaires sont pays en retard et en plusieurs fois.

Un chien factice revêtu d'une couverture de Noël est installé devant une boutique pour attirer les clients à Rio de Janeiro, le 20 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Difficile de croire qu'il y a à peine quatre mois, Rio était l'hôte des jeux Olympiques. Aujourd'hui, dans la "ville merveilleuse", les principaux sujets de conversation sont l’aggravation de la violence et surtout, ce que tout le monde appelle simplement "la crise".

"La crise" est un raccourci pour nommer la récession dans le pays, la quasi-faillite du gouvernement de Rio, le départ des investisseurs, les 12% de chômage, et un méga-scandale de corruption qui éclabousse toute la classe politique et jusqu'au président Michel Temer.

"Les clients ne sont pas nombreux mais ceux qui viennent parlent de la crise : l'État qui ne paye pas, qui ne paye personne et cela retarde tout", déclare Jorge Almeida, 41 ans, coiffeur à Copacabana.

Il estime que ses affaires sont en baisse de 20 à 30% par rapport à la même période de 2015.

Des baigneurs sur la plage de Copacabana à Rio de Janeiro lors du passage à la nouvelle année, le 31 décembre 2014.

"Les coupes de cheveux viennent après ce qui est vraiment nécessaire, comme la nourriture", dit-il.

Blues même à la plage

La fête du Nouvel An qui attire plus de deux millions de personnes sur la plage de Copacabana pour les feux d'artifice de minuit a aussi le blues.

La maire a annoncé que les feux seraient réduits de 25%, à 12 minutes (contre 16 avant).

Elaine Maria Silva, 29 ans, qui loue des chaises de plage affirme qu'il n'y a pas l'agitation habituelle qui précède le Nouvel An sur la plage de Copacabana.

"Ils n'ont toujours pas monté la scène pour le concert. D'habitude, à cette date, elle était déjà prête", déclare-t-elle alors que la plage regorge de baigneurs et de nageurs en pleine semaine.

Un Père Noël distribue des cadeaux à des enfants dans la favela Complexo da Mare, à Rio de Janeiro, le 17 décembre.

Mais l'absence la plus remarquée est celle de l'arbre de Noël métallique de 53 mètres de haut, habituellement édifié sur une plate-forme flottante sur la Lagune Rodrigo de Freitas, site des compétitions olympiques d'aviron et de canoë en août denier.

Bradesco, la banque qui finançait l'arbre et son éclairage spectaculaire, a annoncé subitement en novembre que c'était "terminé".

"C'était un grand événement", déplore Fabio Ferreira de Souza, 40 ans, qui vend des boissons au bord de la lagune photogénique.

"Maintenant sans arbre de Noël, personne ne vient", soupire-t-il.

Les économistes affirment que le Brésil commencera à sortir de la récession en 2017, mais peu de Cariocas le croient.

Pendant ce temps, la tourmente politique, alimentée par la corruption à Brasilia, la capitale, ne cesse de s'intensifier.

Jack de Haan, joaillier à Copacabana, a immigré des Pays-Bas il y a 30 ans quand le Brésil promettait d'être le pays de l'avenir. Mais il n'a pas tenu sa promesse...

Cette période de Noël est "terrible", dit-il.

"La semaine dernière, je n'ai rien vendu. Rien en cinq jours ! dans une belle boutique comme celle-ci", déclare mélancoliquement de Néerlandais de 63 ans. Ses paroles contrastent avec le brillant des topazes, agates, améthystes et autres pierres semi-précieuses de toutes les couleurs.

Et d'ajouter : "C'est une honte .... La politique, la corruption - s'il n'y avait pas tout ça, le Brésil serait différent".

AFP/VNA/CVN

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