Boxe : Tony Yoka, gloire et déboires

Boxeur français le plus médiatique depuis son titre olympique en 2016, Tony Yoka, opposé vendredi 27 novembre à l'Allemand Christian Hammer, a vu son étoile pâlir, entre adversaires de petit calibre, suspension et starification à outrance. Au point d'interroger sur sa capacité à assouvir sa quête ultime : une ceinture de champion du monde des lourds.

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Le boxeur français Tony Yoka laisse éclater sa joie après sa victoire par K.O à la première reprise face à son compatriote Johann Duhaupas, le 25 septembre à Nanterre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le 25 septembre à Paris, le nom du héros des JO de Rio est sifflé par une bonne partie des spectateurs de l'Arena de La Défense avant son combat contre Johann Duhaupas.

Yoka (28 ans) ne laissera finalement aucune chance au vétéran (39 ans) au parcours cabossé, terrassé en moins d'une minute trente, mais cette bronca est révélatrice du désamour naissant avec le public et du chemin qui lui reste à parcourir pour acquérir une réelle légitimité chez les professionnels.

Subitement propulsé sur le devant de la scène par la grâce d'une médaille d'or olympique dans la catégorie reine, ce fils d'un ex-boxeur congolais, nanti d'un palmarès long comme le bras chez les amateurs (champion olympique en 2016, champion du monde en 2015), a été très vite happé par la célébrité.

Signature d'un gros contrat d'exclusivité avec Canal+, multiples apparitions sur les plateaux TV, participation au jury de Miss France en 2016 : Yoka est rapidement devenu un personnage "people", n'hésitant pas à mettre en avant le "couple en or" formé avec Estelle Mossely, également sacrée à Rio.

Mais après huit combats et autant de victoires faciles contre des opposants au CV peu ronflant, le contraste est saisissant entre cette surexposition et sa réelle valeur sportive. Pour Yoka, désormais classé dans le Top 20 mondial, le plus dur ne fait que commencer.

Malentendu

Le boxeur français Tony Yoka, quitte le ring du Riocentro Pavillon 6, après avoir été sacré champion olympique des super-lourds, le 21 août 2016 lors des JO à Rio de Janeiro.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il a montré des choses intéressantes par sa vitesse et sa précision mais on ne l'a pas encore vu dans l'adversité, analyse l'entraîneur de l'équipe de France John Dovi, qui a dirigé Yoka aux JO-2016. On sent une progression dans l'état d'esprit, dans sa volonté d'être offensif. Mais à un moment, il y aura plus de qualité, de répondant et de dureté en face. On ne sait pas comment il va réagir. Il y a encore une part d'inconnu."

Si affronter des adversaires de faible niveau en début de carrière est un passage obligé pour tout boxeur désirant monter dans les classements, c'est surtout la stratégie consistant à placer Yoka en tête d'affiche qui pose question, créant un malentendu avec le grand public.

"Le marché français étant à l'abandon, quand Tony Yoka est arrivé chez les pros, il n'y avait personne en face du même calibre médiatique, explique Jérôme Abiteboul, manager et promoteur du Français. Il est tout de suite devenu le +main event+ (évènement principal) de la soirée, alors qu'aux États-Unis ou en Grande Bretagne, il aurait eu un profil pour faire des +undercard+, grandir dans l'ombre des grands champions. Là, on est dans un schéma complétement différent."

"Erreurs de jeunesse"

Au-delà de l'aspect sportif, son image a également pâti de sa suspension d'un an, de 2018 à 2019, pour trois manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles antidopage inopinés.

"Il a fait quelques erreurs de jeunesse, ce qui fait qu'il a perdu un peu de la cote d'amour qu'il avait après les Jeux olympiques et qu'il est raillé par une partie du public, reconnaît Jérôme Abiteboul. Après 2016, il y a eu un tourbillon médiatique. La gloire et l'argent qui arrivent tout d'un coup à 25 ans, il faut savoir gérer cela. Mais il a appris à ses dépens, il a acquis une certaine maturité et il est plus sérieux."

Preuve de son pouvoir d'attraction toujours intact, Yoka a signé en mars un contrat de co-promotion avec le légendaire Bob Arum, qui pourrait à terme lui ouvrir les portes des États-Unis, où il a déjà l'habitude de s'entraîner sous les ordres du réputé Virgil Hunter, basé près de San Francisco.

Le Français sera en tout cas fixé rapidement : après Hammer et un possible Championnat d'Europe contre le Croate Petar Milas d'ici la fin de l'année, 2021 devrait amorcer une réelle montée en puissance contre des boxeurs du Top 15 avant une chance mondiale en 2022.

AFP/VNA/CVN

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