Belgique : un mois après les inondations, le traumatisme persistant des sinistrés de Trooz

Un mois après les crues meurtrières qui ont dévasté l'Est de la Belgique, les sinistrés de Trooz demeurent sous le choc, déprimés et épuisés, tandis que carcasses de voitures et débris jonchent toujours les rues de cette cité wallonne.

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Dans une rue de Trooz, en Belgique, le 13 août, un mois après des crues meurtrières.
Photo : AFP/VNA/CVN

Devant les maisons de briques de cette ancienne ville ouvrière, les stigmates de la catastrophe restent visibles : véhicules abandonnés aux carrosseries fracassées, amoncellements de meubles cassés, appareils électroménagers détruits par la boue, arbres déracinés.

Un tableau apocalyptique témoignant de la violence du déferlement des eaux les 14 et 15 juillet : ces inondations sans précédent, à la suite de fortes crues provoquées par des pluies diluviennes, ont frappé la région de Liège, dans l'est de la Wallonie (partie francophone de la Belgique), et fait au moins 38 morts selon un bilan officiel.

Le gouvernement wallon a déjà collecté 155.000 tonnes de débris sur les zones dévastées, mais une noria de poids lourds se pressent toujours quotidiennement dans les étroites rues de Trooz pour évacuer des déchets.

Des équipes municipales s'emploient à renforcer les rives de la Vesdre, la rivière traversant la commune, ainsi que les remblais du chemin de fer. Et quatre semaines après les inondations, des militaires continuent d'assister et de nourrir, via des installations de campagne, des dizaines de sinistrés dont les maisons ont été détruites ou rendues inhabitables.

Des dizaines de volontaires ont également renoncé à leurs vacances pour apporter leur aide, notamment en déblayant la boue dans l'école locale. Une solidarité qui réchauffe le cœur des habitants, mais sans estomper un traumatisme toujours à vif.

Nuits blanches

"Pour moi, c'était la fin du monde, une bombe. Depuis, j'ai fait une petite dépression. Je suis effondrée", confie Monique Roland, 79 ans, attablée avec des voisins devant une assiette de pâtes préparées par les services de restauration de l'armée belge.

Elle s'apprêtait à vendre son appartement situé au troisième étage, mais les étages inférieurs de l'immeuble ont été ravagés, la laissant sans chauffage, et les travaux de remise en état devraient prendre des mois.

Charles Clessens, 74 ans, retraité des télécoms, a vu la route devant sa maison s'effondrer dans la Vesdre et un mur d'eau de trois mètres s'engouffrer dans sa cave et monter jusqu'à mi-hauteur dans son rez-de-chaussée.

Sa famille a eu le temps de s'échapper par le jardin, se frayant un chemin à travers l'eau jusqu'à l'échelle que leur tendait un voisin. M. Clessens a aujourd'hui retrouvé son domicile, mais ses chiens sont prostrés, ses murs couverts de moisissures et ses meubles bons à jeter.

S'il se dit bouleversé par la générosité des volontaires, venus de tout le pays, qui l'ont aidé à nettoyer sa maison, le septuagénaire peine à retrouver le sommeil.

"Je n'avais pas de crainte particulière le lendemain (des inondations). Le contrecoup est venu quelques jours après, surtout du fait de la fatigue", explique-t-il. Le souvenir du désastre hante ses nuits : "Je dors une heure, et je m'éveille".

École sous la boue

Des bénévoles nettoient une école à Trooz, en Belgique, le 13 août, un mois après la crue de la Vesdre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les plus jeunes habitants de Trooz font, eux, face à un défi pressant : l'école libre de Fraipont, sur les bords de la rivière entre des arbres et un remblais ferroviaire partiellement effondré, reste emplie de boue à trois semaines de la rentrée des classes.

En fin de semaine dernière, des volontaires réunis par les services sociaux de Soignies, une ville à 100 km de là, nettoyaient le hall d'entrée tandis que le personnel d'une école libre flamande évacuait terre et débris d'une salle de classe.

Dans un coin, s'entasse une énorme pile de bois détrempé : ce qu'il reste du plancher d'une salle de cours, arraché après la catastrophe.

Robert Serrurier, membre du comité d'organisation de l'établissement, se souvient de l'état des lieux le 15 juillet : "On ne se rend pas compte du niveau d'eau, on arrive avec une raclette et un sceau! On se sent ridicule parce que c'est un bulldozer qu'il faut, avec des trous de 80 cm dans la cour. Mais on démarre et on s'adapte."

Depuis, "il y a eu énormément de travail, mais le problème, c'est la date-butoir du 1er septembre pour rouvrir l'école", soupire-t-il. "Il reste énormément de choses à faire, ça ne va pas être simple".


AFP/VNA/CVN

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