Banques centrales : Draghi et Yellen partagés entre clarté et discrétion

Janet Yellen (Fed) et Mario Draghi (BCE) pourraient dévoiler vendredi 25 août les grandes orientations de leurs politiques monétaires respectives mais tout autant opter pour la discrétion afin de ne pas provoquer de tensions sur les marchés, estiment les analystes.

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La présidente de la Banque centrale américaine Janet Yellen et le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, lors du G7 des ministres des Finances à Sendai au Japon, le 20 mai 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

La présidente de la Banque centrale américaine ouvrira le feu avec un discours prononcé vers 14h00 GMT lors du séminaire de Jackson Hole, une station alpestre dans le Wyoming où a lieu chaque année un séminaire des banquiers centraux mondiaux. Mario Draghi interviendra lui vers 19h00 GMT.
Si la politique de la Fed semble relativement bien balisée avec probablement encore une troisième hausse de taux d'ici la fin de l'année, celle de la BCE suscite plus d'interrogations au moment où la reprise économique semble se confirmer pour les pays de l'euro.
Pour l'analyste Jack Ablin de BMO Private Bank, "la Fed va sans doute vouloir faire passer le message aux investisseurs que la réduction de son bilan d'actifs est sa priorité. On sera surtout intéressé par ce que Mario Draghi va dire".
S'il n'est pas encore question de hausse de taux pour la BCE, c'est le calendrier de la réduction progressive des achats d'obligations de l'ordre de 60 milliards d'euros par mois qui suscite les interrogations des marchés.
Ces achats avaient été décidés par la Fed, puis plus tard par la BCE, dans le cadre de leurs politiques "d'assouplissement quantitatif" décidées après la crise financière et destinées à relancer les économies chancelantes.
Mais les deux banques centrales se retrouvent désormais avec des bilans hypertrophiés (4.500 milliards de dollars pour la Fed, 2.300 milliards d'euros pour la BCE) qu'elles envisagent maintenant de réduire.
Mécaniquement, une telle opération équivaut à un resserrement des conditions de crédit car cela réduit les liquidités disponibles sur les marchés financiers et c'est pour cela que ceux-ci attendent anxieusement tout éclairage sur le calendrier.
Dans le cas de la Fed, Janet Yellen et les différentes communications de la banque centrale laissent présager le début de cette réduction du bilan pour "très bientôt", voire même dès septembre.
Dans le cas de la BCE, Mario Draghi garde ses cartes encore bien cachées, suscitant les interrogations des marchés.
Exemple américain
C'est à Jackson Hole qu'il avait en 2014 indiqué réfléchir à suivre l'exemple de la Fed en s'engageant dans une politique d'assouplissement quantitatif et certains analystes pensent qu'il pourrait choisir le même lieu pour annoncer à nouveau suivre l'exemple des Américains.
Claus Vistesen, chef-économiste pour la zone euro chez Pantheon Macroeconomics, estime que "M. Draghi ne devrait pas donner d'indications sur l'assouplissement quantitatif cette semaine mais pourrait essayer de faire un peu baisser l'euro" qui a fortement progressé face au dollar ces derniers mois.
Le président de la BCE garde en tête la mini-panique qu'avait provoquée en mai 2013 le prédécesseur de Mme Yellen à la Fed, Ben Bernanke, en évoquant devant le Congrès américain la fin prochaine de la politique d'assouplissement quantitatif suivie par l'institution monétaire américaine.
Janet Yellen devrait elle essentiellement parler dans son discours de régulation au moment où l'administration du président Trump entend démanteler les garde-fous mis en place après la crise financière.
Les marchés espèrent néanmoins des indications éventuelles sur le rythme des hausses des taux à venir face à la paresse de l'inflation aux États-Unis. Celle-ci reste en-dessous des 2%, objectif que la Fed s'est fixé et lui donne en principe un peu de marge après les deux hausses déjà décidées cette année qui ont porté les taux sur les fonds fédéraux à une fourchette comprise entre 1 et 1,25%.
Mais l'emploi se porte bien, avec un taux de chômage à 4,3%, au plus bas depuis 16 ans. "C'est une occasion excellente pour Mme Yellen de dire aux marchés que la Fed compte continuer à relever ses taux en dépit des récents chiffres d'inflation plutôt faibles car le marché du travail ne peut pas être autorisé à se contracter encore davantage", juge Ian Shepherdson chef-économiste pour les États-Unis chez Pantheon Macroeconomics.

AFP/VNA/CVN

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