Baltimore: des centaines de manifestants bravent le couvre-feu

Plusieurs centaines de manifestants ont bravé le 2 mai le couvre-feu instauré à Baltimore où des milliers de personnes avaient défilé, dans le calme et parfois en musique, pour dénoncer les brutalités policières et demander justice pour Freddie Gray.

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La police, en tenue antiémeute, a procédé à plusieurs arrestations, notament après des bagarres, au lendemain de l'annonce de poursuites pénales contre six policiers de cette ville portuaire de l'est des États-Unis.

Des manifestants défilent samedi 2 mai à Baltimore pour dénoncer les violences policières.

Après le retour au calme, le gouverneur du Maryland a appelé à une journée de "prière et de paix" le 3 mai. "Je prie pour que le 3 mai soit un jour de réflexion" sur "la manière dont nous allons tous nous conduire dans les jours et les mois à venir", a dit Larry Hogan dans un communiqué.

Quelques heures plus tôt, la police avait annoncé que le couvre-feu, en vigueur de 22h00 (02h00 GMT) à 05h00 (09h00 GMT), était prolongé pour la cinquième nuit consécutive.

"Pas de justice, pas de paix", avaient scandé dans la journée des manifestants au départ d'un petit défilé depuis le lieu où le Noir de 25 ans a été arrêté. Le cortège avait ensuite rejoint d'autres protestataires rassemblés devant l'hôtel de ville de Baltimore.

"Nous avons tous expérimenté ici la brutalité policière et nous voulons des changements. J'espère que les policiers (poursuivis) iront en prison", a affirmé à l'AFP Phil, un homme noir qui a préféré taire son nom complet. De 2.000 à 3.000 personnes, pour beaucoup jeunes et noires, loin toutefois des 10.000 annoncées par les organisateurs, s'étaient rassemblées dans une ambiance calme voire festive, certains chantant et dansant.

La ville de 620.000 habitants est le théâtre de manifestations quasi quotidiennes depuis la mort du jeune homme le 19 avril des suites d'une blessure "grave" lors de son transport sans ceinture, pieds et mains liés à plat ventre dans un fourgon de police. Ces manifestations avaient viré aux émeutes le 27 avril.

"Les jeunes ne sont pas des voyous", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les protestataires, venus notamment à l'appel des avocats de la cause noire, les Black Lawyers for Justice, dont le leader Malik Shabazz est un ancien membre du mouvement extrémiste New Black Panthers.

"Ce que je vois m'encourage et m'inspire", a déclaré le 2 mai la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, à la chaîne de télévision WJZ, affiliée au réseau CBS. "Je pense qu'il y a beaucoup d'espoir pour que dans la paix nous puissions trouver la justice".

Le calme voire la liesse avaient aussi prévalu la veille quand la procureure Marilyn Mosby avait annoncé à la surprise générale des poursuites pénales contre six policiers --trois Blancs et trois Noirs-- pour la mort de Freddie Gray.
"Bon travail Madame Mosby, mais ne vous arrêtez pas là", s'était écrié à la tribune Malik Shabazz, en réclamant la fin du couvre-feu nocturne ainsi que le retrait de la Garde nationale.

"Inquiète pour mon fils"

Appelée en renfort depuis le 27 avril, la Garde nationale avait mobilisé quelque 3.000 hommes le 2 mai "pour assurer le calme de Baltimore". Angel Pinnock, 39 ans, venue avec ses enfants, juge les poursuites contre les policiers "encourageantes. Nous espérons qu'il y aura des condamnations et pas d'acquittements".

Mais elle reste "inquiète pour (son) fils". "Il aime bien sortir avec ses amis. (...) Je lui ai dit de ne pas chercher la confrontation" avec la police et "de faire ce qu'elle lui demande". Suspendus de leurs fonctions avec salaire depuis le drame, les six policiers ont été interpellés avant d'être relâchés le 1er mai moyennant des cautions allant de 250.000 à 350.000 dollars, selon des documents de justice.

Les policiers seront déférés devant un juge le 27 mai. La violence policière "n'est pas seulement un problème à Baltimore, c'est un problème dans tout le pays", a souligné une mère éplorée, en allusion à d'autres drames similaires, comme à Ferguson (centre), qui ont réveillé les tensions raciales latentes aux Etats-Unis entre la communauté noire et la police. D'autant que les policiers, dans la grande majorité des cas, ont échappé à des poursuites.

Ces poursuites pour meurtre ou homicide involontaire contre quatre policiers, ont été saluées par la famille de la victime et des habitants du quartier le plus touché par les violences.

L'avocat du syndicat des policiers a en revanche dénoncé une décision précipitée et le président du syndicat Gene Ryan a évoqué, dans une lettre ouverte à la procureure, des "conflits d'intérêt", réclamant un "procureur spécial indépendant".

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