Au Mexique, les lutteurs mis au tapis par le COVID-19

Les lutteurs mexicains, célèbres pour leur agressivité et leurs masques terrifiants, affrontent ces derniers temps un combattant aussi mortel qu'inattendu : le COVID-19.

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Rencontre de catch clandestine à Cuautitlan Izcalli, dans l'État de Mexico, au Mexique, le 4 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les lutteurs mexicains sont quelques 200 "luchadores" à avoir déjà succombé au coronavirus, selon un décompte réalisé par le comité de la ville de Mexico qui gère ce sport et veille, entre autres, à empêcher les tournois clandestins où les règles sanitaires sont bafouées.
"Près de 200 lutteurs sont morts du COVID-19, sans compter leurs épouses, leurs proches", déplore "El Fantasma", un lutteur vétéran adulé dans le pays, ce qui lui vaut de diriger ce comité qui recense plusieurs milliers de membres.
Pourtant coriaces, Matematico II et Hannibal Jr, d'autres célèbres lutteurs au Mexique où ce sport est l'un des plus populaires, n'ont pas résisté aux coups mortels portés par le virus.
Un match qui s'est récemment déroulé à Cuautitlán Izcalli, dans la banlieue de Mexico a rendu hommage à un autre catcheur, Ovett, tombé lui aussi sous les coups de boutoir du COVID-19, le 12 février.
"Le virus a réveillé les autres maux dont souffrait mon père. Trois arrêts respiratoires ont fini par l'achever", confie Lunatic Extrem, son fils de 21 ans, lui aussi lutteur et qui a participé à l'hommage.
Lunatic Extrem exhibe des photos de son défunt père le montrant en costumes bariolés, ainsi qu'un DVD où on le voit se battre contre un clown et dans des apparitions à l'Arena Mexico, temple du catch au Mexique.
Le show en hommage à Ovett est à ranger dans la catégorie de la "lutte extrême", une version qui autorise les "gladiateurs", en plus des traditionnels clés et coups de pied, à se frapper à coups de lampadaires et de chaises.
Sous les cris et les sifflets des spectateurs survoltés, la plupart le visage à découvert en dépit de l'épidémie, un tel match se finit généralement avec des blessures ensanglantées.
"La vie continue" 

À l'est de la capitale, au Coliseo Morelos, Prince de Seda prévoit un match de catch en hommage à son cousin Matematico II, mort des suites du COVID-19 en 2020 et avec lequel il participait à des combats.

L'autel familial dédié à Israel Montiel Leon, alias "Ovett", décédé du COVID-19 en février de cette année à l'âge de 44 ans, à Atizapan de Zaragoza, dans l'État de Mexico, au Mexique, le 7 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"La vie continue bien-sûr", dit le "gladiateur", en costume bleu et le visage couvert d'un masque, "mais chaque fois que je monte sur un ring, je dédie le combat à mon cousin".
Prince de Seda et Matematico II faisaient partie d'une dynastie de "lucha libre" bien connue, qui comprend également Huracán Ramirez et Matematico Senior.
"C'était incroyable, je n'ai même pas pu lui dire au revoir", se plaint Matematico Senior, qui pense que son fils a peut-être été contaminé durant son autre activité : instructeur dans la police de la capitale.
Matematico Senior, qui se consacre à la signature d'autographes et à la vente de ses masques de lutteur, se dit simplement reconnaissant d'être en vie.
"
À part mon fils, dont la perte m'a fait le plus mal, beaucoup de camarades sont morts. Ceux qui meurent sont nombreux", affirme-t-il.
"Manger" 
Tant Prince de Seda que Lunatic Extrem s'accordent à dire que la pandémie a aussi porté un coup économique très dur au sport, avec des rings fermés ou des petits matchs privés.
"Tout le métier est touché. Et comme beaucoup en vivent, ils doivent d'une manière ou d'une autre se faire payer. Je sais que ce que nous faisons n'est pas bien, mais les lutteurs doivent aussi manger", dit-il à propos de shows en plein air et avec un nombre de places réduit.
Lunatic Extrem raconte qu'au début de la pandémie, l'inquiétude était grande. Lorsque ses économies ont fondu, il a été contraint de reprendre les matchs.
"On nous a privé de notre gagne-pain, les rings ont été fermés, tout a cessé de fonctionner. Alors nous avons essayé de faire des spectacles en petits comités, mais cela n'a pas très bien fonctionné", dit-il.
Le jeune catcheur reconnaît que le risque n'est pas un coup de pied ou un coup de lampadaire dans le dos, mais bien le COVID-19.

AFP/VNA/CVN

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