Au Kenya, le bétail et la démographie menacent les derniers zèbres de Grévy

Reconnaissable à ses grandes oreilles arrondies et à ses rayures plus fines et plus serrées, le zèbre de Grévy est le plus grand des trois espèces de zèbres mais surtout le plus menacé, notamment par la concurrence avec le bétail pour les pâturages.

La chasse fut l’une des raisons principales du déclin de sa population, selon la Fondation pour le Zèbre de Grévy. Photo : AFP/VNA/CVN

Leur nombre semble s’être stabilisé ces dernières années, mais sa population a baissé de plus de 80% en quarante ans. On estime qu’il reste aujourd’hui moins de 2.500 individus, contre 15.000 à la fin des années 1970. Sa présence s’étendait autrefois en Somalie, en Érythrée et à Djibouti; elle se limite désormais au Nord du Kenya et à une poche isolée de territoire en Éthiopie. «Parmi tous les mammifères africains, cette espèce est l’une de celles dont la répartition géographique s’est le plus dramatiquement réduit», estime l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une association environnementale.

Le zèbre de Grévy, qui tire son nom du président français Jules Grévy (1879-1887), qui en reçut un en cadeau du roi de ce qui allait devenir l’Éthiopie, est désormais une rareté. En comparaison, le zèbre des Plaines (ou zèbre commun) compte environ 660.000 individus, répartis des zones méridionales du Soudan du Sud et de l’Éthiopie jusqu’en Afrique du Sud. Longtemps la chasse fut l’une des raisons principales du déclin de sa population, selon la Fondation pour le Zèbre de Grévy (Grevy Zebra Trust). Jusqu’à l’interdiction de la chasse au trophée par le Kenya en 1977, le zèbre de Grévy est une proie recherchée pour sa peau.

Le tourisme fait changer les attitudes

Désormais la principale menace est la perte de son habitat naturel. Les gens s’installent partout et font paître partout. Photo : AFP/VNA/CVN

Elle l’est aussi pour sa viande, que certaines tribus du Nord du Kenya, comme les Turkanas considèrent comme un mets délicat, même si pour d’autres, comme les Samburus, manger du zèbre est tabou. Mais il est désormais également victime de la raréfaction des pâturages et de l’eau, surexploités, et de la concurrence du bétail pour ces ressources, surtout lors des périodes de sévère sécheresse, selon la Fondation.

Le Kenya possède l’une des plus importantes croissances démographiques au monde. Cette pression démographique pousse de façon constante de plus en plus de gens à s’installer sur des terres arides et y faire paître leurs troupeaux. Même si, à la différence de son cousin des Plaines qui doit boire tous les jours, le zèbre de Grevy peut se priver d’eau pendant cinq jours, il a payé un lourd tribut aux récentes sécheresses dans la région.

«Désormais la principale menace est la perte de son habitat naturel. Les gens s’installent partout et font paître partout», explique l’un des responsables de la Fondation du Zèbre de Grévy, Peter Lalampaa, un Samburu. «Les écoles poussent comme des champignons par ici et les éleveurs, qui auparavant se déplaçaient, se sédentarisent, donc le surpâturage devient un problème», explique-t-il, dans la réserve de West Gate, dans le Nord du Kenya, créée en 2004 par les membres d’une ferme d’élevage collective afin d’y développer des activités touristiques et la protection de l’environnement.

«Les jeunes garçons avaient pour habitude par jeu de tuer les jeunes poulains et de chasser les zèbres pour protéger les pâturages pour leurs animaux», explique Muriankan Lalampaa, jeune gardien de troupeau samburu, dans un enclos ceint d’une clôture d’épineux, que lui et d’autres villageois partagent avec leurs chèvres, ânes et chameaux. Mais, explique-t-il, l’attitude vis-à-vis du zèbre de Grévy est en train de changer, notamment grâce aux bénéfices que tire la communauté des activités touristiques et des salaires de certains d’entre eux, employés par la Fondation pour surveiller les zèbres.

Selon George Anyona, officier de liaison chargé du zèbre de Grevy au Service kényan de la Faune (KWS), le conflit entre les hommes et les animaux sauvages est le fruit d’un manque de gestion et pas d’un manque de terre en soi. «Si nous nous organisons correctement, nous aurons encore assez de terres», estime-t-il. «J’aimerais que mes petits-enfants un jour puissent eux aussi voir des zèbres de Grévy», assure-t-il. «Sinon il faudra leur dire que nous avions des zèbres de Grévy et que nous les avons exterminés».

AFP/VNA/CVN

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