Attaques de pétroliers: appels au calme après les accusations américaines contre l'Iran

Les appels au calme se multiplient de crainte d'un embrasement dans la région du Golfe, après les attaques contre deux pétroliers en mer d'Oman dont le président américain Donald Trump a accusé vendredi 14 juin l'Iran, lequel nie toute implication.

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Photo obtenue auprès de l'agence de presse iranienne Tasnim le 13 juin 2019 semblant montrer un bateau iranien aidant à éteindre un incendie sur un navire attaqué.

Deux pétroliers, norvégien et japonais, ont été la cible jeudi 13 juin d'attaques d'origine indéterminée alors qu'ils naviguaient près du détroit d'Ormuz, un passage maritime stratégique à l'échelle mondiale.

Ces attaques interviennent un mois après le sabotage de quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Émirats arabes unis. Washington avait alors déjà montré du doigt Téhéran, qui avait démenti.

"On voit le bateau, avec une mine qui n'a pas explosé et c'est signé" de l'Iran, a assuré le président américain sur Fox News, en s'appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone. Celle-ci semble montrer l'accostage d'un des tankers par une vedette rapide des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime iranien, qui retire une "mine ventouse non explosée" de la coque du pétrolier.

Les Gardiens "ne voulaient pas laisser de preuves derrière eux", a estimé M Trump.

Moscou, allié de l'Iran, a condamné "sévèrement" les attaques et a demandé à Washington de ne pas "tirer des conclusions hâtives" alors que plusieurs analystes ont estimé que les images vidéo étaient inexploitables.

L'ONU a réclamé une enquête indépendante pour trouver les auteurs de l'attaque.

La Chine a appelé au "dialogue" tandis que l'Irak, proche à la fois de Téhéran et de Washington, a prôné "l'apaisement".

La Ligue arabe a mis en garde contre "une confrontation qui ne laissera personne en sécurité".

Les alliés de Washington dans la région ont aussi condamné les attaques. L'Arabie saoudite a fait part de sa "grande inquiétude" et les Émirats ont dénoncé une "dangereuse escalade".

Londres, autre ennemi historique de la République islamique, a également estimé que l'Iran était "presque certainement" responsable de l'attaque qui s'est produite au large de ses côtes.

"Sabotage diplomatique" 

L'Iran a démenti toute implication, jugeant les accusations américaines "sans fondement". 

Press TV, la chaîne d'information en anglais de la télévision d'État iranienne, a pour sa part affirmé que les Gardiens de la Révolution étaient "la force la plus proche du lieu de l'incident" et que l'Iran avait "été le premier à se rendre sur place pour sauver les équipages".

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a accusé sur Twitter les États-Unis "de sabotage diplomatique et de maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l'Iran".

Et le président iranien Hassan Rohani, en visite au Kirghizstan, a accusé les États-Unis "de représenter une grave menace à la stabilité dans la région et dans le monde, en violant toutes les règles internationales".

Les tensions sont vives entre l'Iran et l'administration de Donald Trump qui a claqué la porte il y a près d'un an de l'accord international sur le nucléaire iranien et a rétabli les sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran. Les États-Unis ont envoyé début mai des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l'Iran de préparer des attaques "imminentes" contre des intérêts américains.

Washington accuse Téhéran de chercher à perturber l'approvisionnement du marché mondial en bloquant le détroit d'Ormuz par lequel passe 30% du pétrole transporté par voie maritime, une menace déjà évoquée par le passé par l'Iran.

Menaces sur Ormuz 

Attaque contre deux pétroliers dans le Golfe. Le point à 15h00 GMT le 13 juin 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN
Photo: AFP/VNA/CVN

Les Iraniens "ne vont pas fermer (le détroit). Il ne va pas être fermé, il ne va pas être fermé pendant longtemps et ils le savent. Cela leur a été dit dans les termes les plus forts", a toutefois assuré vendredi 14 juin Donald Trump.

Mais les transporteurs maritimes sont inquiets. "Si ces eaux devenaient dangereuses, l'approvisionnement de l'ensemble du monde occidental pourrait être menacé", a expliqué Paolo d'Amico, le président d'Intertanko, une association de pétroliers dont font partie les deux propriétaires des navires touchés jeudi 13 juin.

Trois explosions ont secoué le tanker "Front Altair", qui transportait du naphta, un produit pétrolier, provoquant un incendie finalement maîtrisé. Les 23 membres d'équipage ont été secourus par la marine iranienne et transportés au port iranien de Bandar Abbas avant leur rapatriement, selon Frontline, la compagnie propriétaire du navire.

Le Kokuka Courageous, un méthanier, a essuyé des tirs et sa cargaison est intacte, selon son opérateur japonais, Kokuka Sangyo. Le navire et les 21 membres d'équipage ont été secourus par l'US Navy et escortés vers le port de Khor Fakkan aux Émirats.

Selon le propriétaire, l'équipage a vu un "objet volant" viser le tanker. "Puis, il y a eu une explosion". 

Le ministre américain de la Défense, Patrick Shanahan, a appelé à "un consensus international pour régler ce problème international". Il n'a toutefois pas écarté la possibilité de renforcer encore la présence militaire américaine dans la région, après l'annonce le mois dernier de l'envoi de 1.500 soldats supplémentaires et d'avions de combat et de reconnaissance au Moyen-Orient.

Signe de la fébrilité ambiante, les cours du pétrole ont terminé en hausse vendredi 14 juin. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'est apprécié de 70 cents pour terminer à 62,01 dollars. À New York, le baril de WTI pour le contrat de juillet a grimpé de 23 cents pour finir à 52,51 dollars.

"Les cours ont grimpé à l'approche d'un week-end qui pourrait voir les relations entre l'Iran et les États-Unis s'envenimer", a souligné Andy Lipow du cabinet Lipow Oil Associates.

AFP/VNA/CVN

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