Aspect militaire de la Résistance à l’occupation française

Face à l’occupation des colonialistes français, le 19 décembre en 1946, le Président Hô Chi Minh a lancé l’appel du peuple à la Résistance nationale. Dans cet article, Huu Ngoc nous rappelle cet événement qui marquait le début de la guerre franco-vietnamienne.


D’après le généralissime Vo Nguyên Giap, l’histoire de l’Armée populaire vietnamienne est celle de la lutte armée du peuple opprimé qui est parvenu à se constituer une armée à partir de zéro. Les petits groupes de guérilleros du début ont grandi et sont devenus une grande et forte armée. C’est l'histoire de la lutte armée d’un petit pays colonial contre les grandes puissances impérialistes. Au cours d’une guerre révolutionnaire acharnée et héroïque, le petit pays colonial a défait les troupes modernes de grande puissance et mis en échec ses plans d’agression. C’est également l’histoire de la lutte armée du Parti d’avant-garde de la classe ouvrière vietnamienne (Parti communiste indochinois, devenu ensuite Parti des travailleurs du Vietnam).

Ce parti a dirigé la lutte du peuple vietnamien pour l’indépendance et la paix. Il a su adapter de façon judicieuse et habile les théories militaires du marxisme-léninisme ainsi que la stratégie de Mao Tsé Toung aux réalités du Vietnam et a remporté des succès éclatants tant dans le travail d’organisation de l’Armée que dans la lutte de libération nationale.

 
L’Appel du peuple à la Résistance nationale, écrit et lancé le 19 décembre 1946 par le Président Hô Chi Minh. Photo : Archives/CVN

Éloges du camp d’en face

«Cette armée que la presse et les communiqués qualifiaient de +bandes rebelles+, depuis 1946, grossissait chaque jour davantage, le recrutement de ses effectifs n’étant fonction que de l’armement disponible. Cette récupération se poursuivait intensivement, si l’on juge que nos rapports périodiques relevaient que chaque mois, nous perdions en armement et en munitions de quoi équiper un bataillon...
...C’est à l’usage que l’on apprécie un outil, c’est au combat que l’on juge d’une troupe et de ses cadres. La jeune armée vietnamienne nous a surpris. Ardente, manœuvrière, légère, infatigable, utilisant merveilleusement le terrain, maniant correctement ses feux..., elle prit, après des jours de dur combat, le dessus sur des troupes que l’on s’accordait à considérer comme parmi les meilleures du Corps expéditionnaire...».
Voilà comment le lieutenant Colonel Lepage, jugea l’Armée vietnamienne en 1951. À l’épreuve du feu, l’armée a grandi rapidement et d’une manière solide à tous les points de vue, tant en qualité qu’en quantité, en organisation comme en équipement et ravitaillement, en technique comme en tactique.
 
Répondant à cet appel du Président Hô Chi Minh, le soir du 19 décembre 1946, des soldats vietnamiens au champ de bataille de Phao Dài Lang (Hanoi) ont tiré les premiers coups de feux ouvrant la Résistance. Photo : Archives/VNA/CVN

Au début de la guerre, nous n’avions que des unités isolées et mal armées, aptes seulement au combat à l’échelon compagnie; petit à petit, nous devenions capables d’organiser et de commander de grandes unités à l’échelon division, pourvues d’armement moderne et capables d’engager des opérations de grande envergure avec coordination entre les différentes armes.
La vaillance, le mordant et l’endurance des troupes populaires ont forcé l’admiration des adversaires : «Il faut avoir été témoin du courage serein de ce chef de section s’engouffrant le premier à la tête de ses hommes dans la brèche des barbelés à Ban-hoa, de la fougue et de l’ardeur de sa troupe à travers pièges et mitraille, de leur parfait mépris du danger et de leur rapidité de réaction à notre tentative de contre-attaque, du don de soi absolu, enfin, qui transfigure leurs visages dans la farouche lueur des éclatements et des incendies...Il faut avoir vu tout cela pour mesurer, à sa véritable valeur, l’héroïsme et l’idéal grandioses des combattants vietnamiens...» (Capitaine Rouquette, commandant le 3e/1er Régiment de tirailleurs marocains).

Des figures emblématiques

Des figures de légende ont émergé de cette âpre lutte : La Van Câu, Cù Chinh Lan, Bê Van Dàn, Phan Dinh Giot, Tô Vinh Diên, etc. La Van Câu, serrant les dents, a demandé à ses camarades de couper les dernières attaches de son bras blessé par la mitraille et qui pendait encore à son épaule. Une charge de dynamite sous le bras qui lui restait, il fonça en avant, et arriva à faire sauter le blockhaus ennemi. Le «destructeur de tanks» Cù Chinh Lan, les bras et les jambes coupés par les obus, resta sur le champ de bataille pour commander jusqu’au dernier souffle.
À Diên Biên Phu, Bê Van Dàn, blessé aux bras et à une jambe, offrit son corps à ses frères d’armes comme base d’appui pour la mitrailleuse. Phan Dinh Giot grièvement blessé rassembla ses dernières forces, et obstrua de son corps la meurtrière d’un blockhaus ennemi, pour permettre l’avance des troupes. Tô Vinh Diên se servit de son corps comme cale vivante pour empêcher une pièce d’artillerie de dévaler une pente.

(À suivre)

HUU NGOC/CVN

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