Arts vestimentaires : une magnifique collection de manteaux de la cour

L'expert en antiquités Duong Phu Hiên vient d'entrouvrir son trésor, en présentant une de ses extraordinaires collections : des manteaux de la cour et de la famille royale. Une vingtaine de tenues de personnages des plus nobles au temps de la Dynastie des Nguyên (1802-1945), qu'il a pris soin de recueillir et de préserver.

Cette collection comprend en particulier 3 manteaux du roi et un de son épouse. Les autres sont ceux de mandarins, de dignitaires de la Cour, de prince et de princesse. Les 3 manteaux impériaux sont utilisés différemment, chacun étant destinés à une activité particulière : le premier, appelé Long Bao, est porté lors des audiences, quant aux 2 autres, appelés Hoàng Bao, ils sont destinés respectivement aux cérémonies de réception des ambassadeurs étrangers et de la famille royale. Le Long Bao est le plus distingué : de couleur jaune, paré sur les pans et les manches de broderies de fil d'or représentant dragons et nuages. "Ce manteau contient une quantité d'or non négligeable", souligne son heureux propriétaire, Duong Phu Hiên.

De multiples différences d'un manteau à l'autre

Avec fierté, il présente un autre manteau, celui de mandarin, en précisant qu'il était porté par Phan Thanh Gian lors de sa mission en France en 1863 en tant qu'envoyé du roi, "pour négocier la restitution de 3 provinces du Nam Bô oriental alors occupées par les Français", explique-t-il.

Les tenues cérémoniales de la cour sont confectionnées avec de la soie naturelle qui, mieux que d'autres tissus, donne à celui qui en est revêtu une légère fraîcheur en été et une douce chaleur en hiver. En dehors de cette particularité commune, les 20 ensembles de la collection de Duong Phu Hiên sont tout à fait distincts que ce soit en termes de coupe, de couleur, ou de procédé de confection, fils, broderies... "Chacun d'eux était réservé à un personnage officiel selon sa fonction et son rang au sein de la cour. Ainsi, on pouvait reconnaître facilement un quelconque dignitaire par les vêtements qu'il portait", explique le collectionneur. En effet, la confection des tenues impériales répond à des critères précis et stricts. Sur l'ensemble du vêtement, les coutures doivent être semblables en longueur et en espace. Les fils utilisés sont aussi de soie naturelle, teinte en diverses couleurs avant d'être couvert de cannetilles ou plaqué d'or. Le fil plaqué d'or est destiné exclusivement au manteau du roi. Les règles pour les cannetilles de ce manteau du roi, de la robe de sa femme, du prince, de la princesse ou du mandarin... sont aussi précisément réglementées. S'agissant des broderies, les images et les motifs décoratifs sont également différents sur chaque sorte d'habit : dragon et nuages pour le roi, phénix et fleurs pour son épouse, licorne pour le ministre de la cour ou mandarin...

Deux à trois années de travail pour un manteau

Ce qui frappe en particulier, passé la richesse de ces vêtements, c'est le mariage parfait de couleurs de chaque broderie. Rien que pour présenter des flots sur le manteau du roi par exemple, 5 gammes de bleu, de clair à foncé, sont présentes. Il faut une centaine de couleurs au moins pour broder un seul de ces vêtements. A cela vient s'ajouter le choix obligé des boutons utilisés différemment pour chacun d'eux.

En un mot, chaque tenue de la cour est un véritable chef-d'oeuvre d'art, une alliance parfaite des arts de la couture, de la broderie, de la peinture, et de l'orfèvrerie. Pour réaliser les broderies d'un seul de ces manteaux, un brodeur de talent a besoin de 2 à 3 années.

Outre les manteaux de la noblesse, la collection de Duong Phu Hiên comprend un certain nombre de pantoufles en soie brodées, de coiffures à ailes de libellule (pour mandarin), de serre-têtes (pour princesse)... Ces accessoires sont tous de la dynastie des Nguyên, affirme le collectionneur. Il révèle par ailleurs que ceux actuellement exposés dans les musées sont pour la plupart des copies des quelques rares modèles disponibles. Pour lui, si la collection de tels objets n'est pas du tout aisée, leur préservation s'avère encore beaucoup plus difficile. En effet, la soie naturelle est une matière très sensible aux outrages du temps, sans évoquer sa qualité de"proie préférée" des termites. Pour préserver une telle collection sans pareille, Duong Phu Hiên a dû recourir à l'aide de spécialistes étrangers et de substances chimiques spéciales.

Il espère pouvoir les présenter au public, dans l'un quelconque des musées de Hanoi, à l'occasion de la célébration du Millénaire de la capitale Thang Long-Hanoi en octobre 2010.

Nghia Dàn/CVN

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