Arrêt d'aides américaines aux Palestiniens: les perspectives de paix s'amenuisent

La décision de l'administration Trump de supprimer toute aide à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens sert les intérêts israéliens, mais risque de compromettre encore davantage les chances de succès d'un plan de paix américain.

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Une réfugiée palestinienne attend de passer un examen médical dans le Centre de soins géré par l'Unrwa, le 1er septembre 2018.
Photo: AFP/VNA/CVN

L'administration américaine a annoncé qu'elle ne financerait plus l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), une semaine après avoir déjà supprimé plus de 200 millions de dollars (170 millions d'euros) d'aide aux Palestiniens.

Cette décision est la dernière d'une série de mesures controversées de l'administration Trump, saluées par le gouvernement israélien mais qui ont provoqué le choc et la consternation au sein de la communauté internationale et parmi les Palestiniens, qui voient plus que jamais s'éloigner leur rêve de créer un État indépendant.

Ces coupes interviennent alors que, depuis des semaines, l'Égypte et les Nations unies négocient un cessez-le-feu durable entre Israël et le Hamas qui dirige la bande de Gaza, où plus de 80% des habitants sont dépendants d'une aide pour survivre.

Passage à l'acte

Les États-Unis ont longtemps été le plus important donateur de l’Unrwa, avec plus de 350 millions de dollars par an. L'UE arrive ensuite avec une somme moitié moindre. L'agence fournit de l'aide aux Palestiniens qui ont été chassés ou ont fui lors de la guerre de 1948, à la création d'Israël, ainsi qu'a leurs descendants.

Israël et les États-Unis s'opposent au fait que les Palestiniens puissent transmettre le statut de réfugié à leurs enfants, souhaitant réduire le nombre de personnes bénéficiant d'une aide de l'Unrwa, ce que les Palestiniens dénoncent comme une violation de leurs droits.

Un Palestinien devant l'emblème de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, devant ses bureaux de la ville de Gaza, le 31 juillet 2018
Photo: AFPVNACVN

L'Autorité palestinienne a rompu tout contact avec Washington depuis la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme la capitale d'Israël début décembre. En réponse, M. Trump a annoncé en janvier qu'il conditionnait le versement de l'aide aux Palestiniens à leur retour à la table des négociations.

Et son administration est progressivement passée à l'acte. D'abord, en ne versant que 60 millions de dollars à l'Unrwa, contre 350 millions de dollars en 2017. Ensuite, en annonçant l'annulation de plus de 200 millions de dollars d'aide bilatérale aux Palestiniens, soit la quasi-totalité de l'assistance américaine hors coopération sécuritaire.

Un diplomate européen a affirmé que les mesures prises par les États-Unis, conjuguées à l'engagement américain de mettre son veto à toute motion critiquant Israël au Conseil de sécurité de l’ONU, renforçait le gouvernement israélien considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays.

Israël est de plus en plus convaincu qu’il a les mains libres pour accélérer les constructions de logements dans les colonies de Cisjordanie occupée et même avancer l’annexion de certaines parties de cette région, selon ce diplomate.

"Ce qui se passe avec l'Unrwa est très logique car elle est devenue une organisation anachronique, qui maintient le statut des réfugiés plutôt que d'essayer de résoudre le problème", argue pour sa part Alan Baker, un ancien diplomate israélien devenu analyste.

Selon lui, ces coupes budgétaires ont également pour objectif de forcer les Palestiniens à retourner à la table des négociations, perspective dont doutent nombre d'observateurs.

"Perdant"

En supprimant ces aides, les États-Unis mettent en péril leur ambition de négocier un accord de paix "ultime" entre Israéliens et Palestiniens. Sans moyen de pression économique, les négociateurs américains perdent leur capacité d'influencer les Palestiniens, estime un diplomate européen.

Ces coupes budgétaires "ne vont pas nuire au budget de l'Autorité palestinienne" mais aux Palestiniens, explique l'économiste palestinien Nasser Abdel Kareem. Contrairement à certains États européens, Washington ne fournit pas d'aide économique directe à l’Autorité palestinienne.

Une élève se tient devant l'entrée d'une école gérée par l'Agence de l'ONU pour les réfugiés (Unrwa) dans le camp de Balata, à Naplouse.
Photo: AFP/VNA/CVN

Pour le moment, "tout le monde est perdant", remarque Nadia Hijab, présidente du groupe de réflexion palestinien Al-Shabaka. "Si l’Autorité palestinienne accepte de renouer le dialogue avec les Américains, elle donne le feu vert pour faire ce qu’ils veulent, et s’ils ne reviennent pas, ils vont faire ce qu’ils veulent".

Selon elle et d'autres analystes, l'objectif de l'administration Trump n'est pas de ramener les Palestiniens à la table des négociations mais d'aider Israël à "mettre fin au conflit avec ses conditions et légaliser son occupation".

Cela impliquerait de dépouiller les réfugiés dans toute la région de leurs droits, notamment du droit au retour sur des terres aujourd'hui en territoire israélien.

En Jordanie et au Liban, les réfugiés palestiniens ont moins de droits que les citoyens de ces pays et dépendent des services de l'Unrwa pour l'éducation, la santé et d'autres services de base.

À Gaza, l'arrêt des aides américaines à l'Unrwa va compliquer la vie de la majorité des deux millions d'habitants qui ont le statut de réfugiés. Quelques centaines d'employés de l'agence vont perdre leur emploi.

Certaines voix s'élèvent parmi les services de sécurité israéliens pour mettre en garde contre le risque que les coupes budgétaires à l'Unrwa n'attisent les tensions à Gaza, enclave frappée par la pauvreté extrême.


AFP/VNA/CVN

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