Après la présidentielle française, percée historique du RN aux législatives

Après un score inégalé à la présidentielle, le Rassemblement national réalise une percée historique dimanche 19 juin au second tour des législatives, avec un groupe de 80 à 97 députés, soit dix à quinze fois plus d'élus qu'actuellement, selon les estimations.

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La leader du RN Marine Le Pen (gauche) aux côtés du maire RN de Perpignan Louis Aliot à Perpignan, le 8 juin.

Sa candidate à l'Élysée Marine Le Pen, qui avait déjà obtenu un score jamais vu au second tour de la présidentielle, avec 41,5% des voix, a salué un groupe de "loin le plus nombreux de l'histoire de (sa) famille politique".

Le parti d'extrême droite, qui avait déjà progressé de 5,5 points au premier tour réunissant 18,7% des voix, devrait devancer en sièges le parti de droite Les Républicains, alors que la coalition présidentielle sortante Ensemble ! perd la majorité absolue face à l'alliance de la gauche Nupes.

Marine Le Pen, elle-même réélue haut la main dans le Pas-de-Calais (61,03%), a promis d'incarner une "opposition ferme" mais "responsable, c'est-à-dire respectueuse des institutions".

Ses nouveaux députés, a-t-elle souligné, défendront "(vos) idées sur l'immigration, la sécurité, le chômage, la justice fiscale et sociale, les territoires oubliés, les citoyens maltraités ou la démocratie bafouée".

Dans une allusion à la prochaine présidentielle, à laquelle "a priori" elle ne devrait pas se représenter, la responsable d'extrême droite a souligné que les députés RN seraient aussi "l'avant-garde de cette nouvelle élite politique qui prendra la responsabilité du pays (...)".

"Péri-urbain" et "oubliés"

"C'est une fulgurante avancée", note le politologue Jean-Yves Camus, avec une implantation du RN "non seulement dans les régions traditionnellement bonnes" pour lui, comme les Hauts-de-France et le Sud, mais aussi dans "un arc" qui va de l'Oise, la Somme et l'Aisne jusqu'à l'Aube voire la Haute-Saône, qui sont soit "des zones de très grand péri-urbain de Paris" ou "des départements enclavés, désindustrialisés, oubliés".

Le RN remporte par exemple les deux circonscriptions de la Haute-Marne, où Marine Le Pen avait l'habitude, de 2012 à 2018, d'y démarrer son "tour de France des oubliés".

Le RN gagne aussi des députés en Moselle, dont Laurent Jacobelli, porte-parole, Alexandre Loubet, directeur de la communication, et Kevin Pfeffer, trésorier du parti

Il obtient aussi des élus dans des terres de conquête comme la Gironde, le Lot-et-Garonne, ou encore le Tarn-et-Garonne.

Thomas Ménagé est élu dans la 4e circonscription du Loiret, où l'ancien ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer avait été éliminé.

Le RN obtient aussi un élu dans l'Allier et une autre en Charente.

En Occitanie, zone de force, le parti d'extrême droite réalise le Grand chelem dans les Pyrénées orientales et dans l'Aude. Dans l'Hérault, Emmanuelle Ménard, apparentée, est élue avec 70% des voix.

Dans le Var, il gagne 7 des 8 circonscriptions, dont la 4e circonscription où Eric Zemmour avait été éliminé.

"Frustrée"

Le président par intérim du RN Jordan Bardella lors d'une conférence de presse à Paris, le 13 juin.

Dans les Hauts-de-France, fief du parti, le RN obtient plusieurs députés dont le sortant Bruno Bilde, dans le Pas-de-Calais. Sébastien Chenu, porte-parole, est réélu dans le Nord.

Ces résultats ont été accueillis par une explosion de joie à Hénin-Beaumont.

Le patron par intérim du RN, Jordan Bardella, a salué sur TF1 un "tsunami" pour son mouvement.

Le RN réalise cette performance en dépit d'un scrutin majoritaire et d'une absence d'alliances avec le parti d'Eric Zemmour Reconquête !, sur fond de forte abstention, autour de 54%.

Le RN constitue ainsi un groupe à l'Assemblée nationale pour la première fois depuis 1986, ce qui lui permet de disposer de davantage de moyens et de temps de parole.

Marine Le Pen triple la mise par rapport au nombre de députés qu'avait obtenus, grâce à la proportionnelle, son père en 1986 (32 du Front national et 3 du petit mouvement conservateur CNIP). Ce groupe, qui a siégé de 1986 à 1988, était présidé par le patron du FN, Jean-Marie Le Pen.

Marine Le Pen, qui devrait présider le groupe, avait dit récemment son "envie de mener la bataille à l'Assemblée avec un groupe de députés" après avoir "été extrêmement frustrée ces cinq dernières années" sans moyens "de se battre" ou "de s'exprimer".

La cheffe de file du RN avait pourtant peiné à se faire entendre pendant la campagne face au duel entre les camps Macron et Mélenchon.

Grâce à ces bons résultats, le RN, très endetté, espère un bol d'air financier. En récoltant 4.248.626 voix au premier tour, le RN peut compter sur 6,9 millions d'euros d'argent public, puisque chaque voix gagnée donne droit à 1,64 euro par an.

Et s'il a 80 députés, il recevra aussi 2,96 millions d'euros par an car chaque député donne droit à 37.000 euros annuels.

AFP/VNA/CVN

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