Après la COP23, une année 2018 "chargée" pour les négociateurs climat

Les délégués de près de 200 pays réunis à la 23e conférence climat de l'ONU se sont séparés samedi 18 novembre au petit matin au terme de deux semaines de travaux compliqués par la défection des États-Unis, et avant une année 2018 qui s'annonce chargée.

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Une réplique de la statue de la Liberté, émettant de la fumée, et une sculpture d'ours empalé, créés par le Danois Jens Galschiot, et exposés le 16 novembre 2017 à Bonn en marge de la Cop23.

À Bonn, ils se sont mis d'accord sur la tenue d'un an de "dialogue", afin de pouvoir dresser fin 2018 un bilan collectif de leurs émissions de gaz à effet de serre. L'idée est d'encourager et aider les pays à revoir leurs engagements, à ce stade insuffisants pour permettre au monde de rester bien en-deçà de 2°C de réchauffement comme le stipule l'accord de Paris de 2015. Ce dialogue devra être "constructif et tourné vers les solutions", et ne viser personne, prévient la décision adoptée.

À Bonn, les négociateurs - délégation américaine incluse - ont aussi commencé à mettre en forme les règles de mise en œuvre de l'accord de Paris, prévu pour s'appliquer à partir de 2020: comment les pays rendent compte de leurs actions, quel suivi pour l'aide financière promise par les pays riches, etc.

Mais rien n'a été tranché sur le fond: ce sera le rôle de la COP24, prévue en décembre 2018 à Katowice (Pologne). "Et ça ne va pas être une mince affaire, car on s'attendait à beaucoup plus de progrès" à Bonn, souligne David Levai, de l'Institut des relations internationales (Iddri), relevant le "manque cruel de leadership" après la décision de Donald Trump de désengager son pays.

"On aura beaucoup de travail en 2018", admet une négociatrice européenne.

Une fois de plus, pays en voie de développement et pays développés se sont opposés sur l'épineuse question des financements climatiques. Les premiers dénoncent notamment le manque de visibilité quant aux 100 mds de dollars annuels promis d'ici 2020 par les pays riches.

L'administration Trump, qui a confirmé son intention de quitter l'accord mais ne pourra le faire formellement avant fin 2020, a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne verserait pas les fonds promis par Barack Obama, notamment 2 milliards de dollars destinés au Fonds vert de l'ONU.

Une session de négociations intermédiaires est programmée pour mai 2018, et le dossier des finances, qui a fait durer les tractations jusqu'à samedi matin 18 novembre, devrait figurer au menu.

Pays qui ont signé, ratifié ou qui sont hors de l'accord de Paris pour le climat, en fonction de leur poids dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pays qui ont signé, ratifié ou qui sont hors de l'accord de Paris pour le climat, en fonction de leur poids dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

ONU et vie réelle

"Avec la sortie de Trump, les étoiles ne sont pas très alignées" pour le climat, dit Seyni Nafo, chef du groupe Afrique. "La position des États-Unis a une influence sur les pays développés et cela a des conséquences sur le positionnement des grands pays en développement. Chacun s'observe".

"Je n'ai jamais vu une COP avec un taux d'adrénaline aussi bas", relevait un diplomate européen. Mais Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l'accord de Paris, voit aussi des progrès. "Cette COP a été un moment de mélange complet entre gouvernements, autorités locales, entreprises, tous les acteurs", réunis non loin des halls de négociations.

Villes et États américains en particulier étaient venus en force.

Pour de nombreux défenseurs de l'action climatique, il faut désormais rapprocher le processus onusien et la "vie réelle", qui voit se multiplier innovations techniques et initiatives en faveur d'une transition vers les énergies vertes.

Le "dialogue" acté par la COP23 découle de cet esprit. Parallèlement aux négociations, les mois à venir seront jalonnés d'événements destinés à partager les expériences et informer les pays.

À commencer par un sommet organisé le 12 décembre à Paris pour tenter d'avancer sur les financements. Un "sommet de l'action climatique mondiale" réunira à San Francisco en septembre 2018 villes, scientifiques, citoyens, entreprises...

Car le monde ne fait pas assez, ont rappelé plusieurs rapports alarmants publiés pendant cette COP. Les engagements actuels des Etats couvrent à peine un tiers des réductions de GES nécessaires. Et en 2017, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), responsables de l'essentiel du réchauffement, sont reparties à la hausse, après trois ans de stabilité.

À l'automne 2018, le GIEC, groupe d'experts climat de l'ONU, remettra un autre rapport probablement annonciateur de mauvaises nouvelles, sur l'objectif 1,5°C ardemment défendu par les pays les plus vulnérables et inscrit dans l'accord de Paris.

Vendredi 17 novembre, le groupe des petites îles a publié une déclaration exprimant sa "profonde préoccupation quant au rythme des efforts internationaux". Illustration de la bataille entre énergies qui se joue dans le monde, Washington avait organisé une réunion à Bonn, en marge des négociations, pour faire valoir le rôle des énergies fossiles.

Ce à quoi une vingtaine de pays ont répondu par une "alliance pour la sortie du charbon". Mais ils ne représentent qu'une portion minime de la consommation mondiale de charbon.

AFP/VNA/CVN

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