Août-septembre 1945, un tournant du Vietnam

Dans les années 1880, les Français ont fait du Vietnam leur possession légale par des traités signés avec la dynastie capitularde des Nguyên (1802-1945). Cependant, la lutte de libération nationale s’est poursuivie pendant près de 70 ans, jusqu’à la Révolution d’Août 1945.

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Huu Ngoc nous présente les grands développements de la Révolution du Vietnam entre août et septembre 1945.

Vers l’insurrection générale

Dans son Manifeste du 25 octobre 1941, le Front de l’indépendance du Vietnam (Viêt minh) déclarait : «Union de toutes les couches sociales, de toutes les organisations révolutionnaires, de toutes les minorités ethniques. Alliance avec tous les autres peuples opprimés de l’Indochine. Collaboration avec tous les éléments anti-fascistes français. Un but : la destruction du colonialisme et de l’impérialisme fasciste».

Le programme du Front était parfaitement adapté aux aspirations générales. La ligne de conduite adoptée se résumait en trois points que sont chasser les fascistes français et japonais pour rendre l’indépendance au Vietnam, s’allier avec toutes les forces combattant le fascisme et l’agression et édifier une République démocratique du Vietnam.

À partir de 1942, les succès des Alliés et la situation de plus en plus désespérée du bloc fasciste ouvrirent à la lutte révolutionnaire vietnamienne de lumineuses perspectives. L’autorité du Viêt minh croissait rapidement. Évitant toute action prématurée, le Front organisait un solide réseau clandestin dans tout le pays et menait une guérilla particulièrement active au Viêt Bac (Haute région du Nord).

Avant l’Insurrection générale d’Août 1945, les Vietnamiens ont vécu de longues années sous le joug colonial français.

Pour satisfaire aux besoins de la guerre nipponne, les Français et les Japonais décuplaient leurs exactions. Leur politique du riz (réquisition du paddy) a causé la grande famine au Nord du pays qui nous coûtait 2 millions de morts en 1945. Des milliers d’hectares de rizières privées ont été sacrifiées aux profits de sociétés capitalistes nipponnes (Dainan-Koosi, Mitsubishi Shoji, Mataichi, etc.) qui obligeaient les paysans vietnamiens à arracher les plants de riz pour cultiver à leur place le lin, le jute, le coton...

L’entretien des armées japonaises ravageait l’économie indochinoise : alors que le budget des dépenses du gouvernement français en Indochine s’élevait à quelque 300 millions de piastres, la Mission japonaise a demandé rien que pour le premier semestre de 1944 une cession de 310 millions de yens correspondant à 316 millions de piastres.

«Attaquez les convois de vivres, prenez d’assaut les magasins de riz et de paddy des Japs. Pas un grain de paddy pour les Japs, pas un cent d’impôt, pas un soldat, pas un coolie pour eux», dit un tract du Viêt minh de 1943. Le peuple, fustigé par la misère, combattait avec enthousiasme sous ce mot d’ordre pratique.

Défaite des fascistes japonais

Dès le début de 1945, la cause du fascisme international était jugée perdue. Devant l’offensive des Alliés dans le Pacifique et l’imminence d’un débarquement allié en terre vietnamienne, les fascistes japonais accumulant défaites sur défaites décidèrent de se débarrasser de leurs complices français devenus gênants : la machine administrative française fut brisée le 9 mars 1945. À l’empereur fantoche Bao Dai fut octroyé un simulacre d’indépendance.

Avant la Révolution d'Août 1945, les paysans vietnamiens ont vécu des années d'esclavage.

Dès lors, les événements se précipitèrent. Le mouvement populaire, c’est-à-dire le mouvement Viêt minh, prit un essor puissant. Les organisations révolutionnaires désarmèrent rapidement les troupes françaises en débandade et les empêchèrent de remettre leurs armes aux Japonais. La paysannerie pratiqua une lutte active de non collaboration avec les Japonais et leur gouvernement royal fantoche vietnamien : refus de verser l’impôt, de livrer le paddy, les arachides, etc.

Attaque des dépôts de riz des Japonais

Le sabotage systématique des voies de communication, la destruction des réserves d’armes et de munitions furent organisés. Les bases de guérilla s’élargissaient et s’étendaient à plusieurs provinces du Viêt Bac. Dans les régions de la périphérie, le pouvoir ennemi s’écroulait, les organes du pouvoir révolutionnaire s’établissaient. Des milliers de dépôts de riz stocké par les Japonais dans le Nord et dans le Centre étaient attaqués et leur contenu distribué à la population pauvre.

Les paysans des provinces de Bac Giang, Thai  Nguyên, Bac Kan se partageaient les «concessions» appartenant aux Français et aux Japonais. Les «groupes d’honneur Viêt minh» opéraient même dans les centres urbains, à la barbe de l’occupant. Des comités du peuple poussaient partout ainsi que des comités de libération. La Conférence militaire révolutionnaire du Bac Bô, tenue à Bac Giang en avril 1945, arrêta un plan de préparation à l’insurrection générale et créa le Haut Commandement de l’armée de Libération vietnamienne du Nord.

En juin, fut officiellement créée une zone de libération englobant six provinces : Cao Bang, Lang Son, Hà Giang, Bac Kan, Tuyên Quang, Thai Nguyên. En juillet, l’URSS entra en guerre contre le Japon. Le moment était venu d’agir. Sur la base de lutte des masses pour leurs revendications immédiates et contre la terreur fasciste, le Viêt minh élevait sans cesse la conscience politique du peuple et le préparait à l’insurrection armée et à la prise du pouvoir. Il convoquait en toute hâte le Congrès national du peuple mais ce dernier ne pouvait se réunir qu’en août à cause des difficultés de liaison.

(À suivre)

Huu Ngoc/CVN

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