Air France revoit sa copie en promettant croissance et embauches aux syndicats

Portée par une conjoncture favorable et des résultats positifs, Air France a présenté le 15 janvier un nouveau projet prévoyant une hausse de la flotte et d'éventuelles embauches, enterrant partiellement le très contesté "plan B", sans faire taire les critiques des syndicats.

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Le Pdg d'Air France, Frédéric Gagey.

Ce plan de "développement" a été détaillé en comité central d'entreprise (CCE), trois mois après la désormais célèbre affaire de la "chemise" arrachée.

Sur le long-courrier, où la concurrence des compagnies asiatiques et du Golfe est forte, le transporteur français prévoit de croître son réseau "de 2 à 3% par an en moyens propres de 2017 à 2020", a-t-il indiqué dans un communiqué.

La flotte long-courrier atteindra 109 appareils en 2020, soit sept de plus qu'en 2016, notamment avec l'arrivée de Boeing 787 et d'Airbus 350. Sont également prévues, "l'ouverture d'une à deux nouvelles destinations" et "une croissance de l'ordre de 10% en capacités et en heures de vol entre 2016 et 2020".

La montée en puissance de la filiale low cost Transavia France est aussi consacrée avec "jusqu'à 40 avions en 2020", contre 26 actuellement.

Sur l'emploi, Air France entrevoit des embauches pour les pilotes (dès fin 2017), ainsi que pour les hôtesses et stewards.

Au sol, "aucun départ contraint" pour motif économique n'interviendra jusqu'à l'été 2018, mais des mobilités internes seront nécessaires, assure la compagnie.

Dans les faits, la direction n'abandonne pas la première phase du "plan B" (1.000 postes supprimés et 5 avions en moins en 2016), mais la seconde, plus douloureuse sur les volets industriel (retrait de neuf avions) et humain (2.000 autres suppressions d'emplois).

L'application du plan reste cependant conditionnée à des accords de compétitivité avec les personnels navigants. La direction veut aller vite mais a repoussé tout ultimatum et date butoir.

Faute d'accord fin septembre, Air France avait abandonné son plan de croissance initial, "Perform 2020". L'annonce d'un "plan B" avait déclenché la colère des organisations syndicales et une forte mobilisation des salariés.

"Emballage différent"

Un Airbus A319 d'Air France à l'atterrissage le 18 mars 2015 à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle.

En revoyant sa copie, Air France veut relancer le dialogue "sur une base plus positive", grâce à un projet "plus ambitieux", a justifié le 15 janvier le nouveau DRH Gilles Gateau.

Cette "stratégie de conquête" ira de paire avec "des améliorations de coûts", a-t-il tempéré, même si les "efforts de productivité" seront "plus progressifs".

En échange, la direction promet le "versement dès 2016 de primes d'intéressement et de participation", selon un document consulté par l'AFP.

Si la CFDT "se félicite de l'abandon du plan B", les autres syndicats se sont montrés plus dubitatifs.

"Ça ressemble fort au plan A présenté" il y a quelques mois, mais "avec un emballage un peu différent", a ironisé Véronique Damon du SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes.

Décrivant "un plan plutôt plat", elle évoque "une flotte soit-disant en croissance de deux avions par an, ce qui permet de retrouver en 2020 le niveau de... 2015!"

"On nous a présenté un projet A écrit différemment", renchérit Mehdi Kemoune (CGT), le jugeant toutefois "positif" car fondé "sur l'investissement, la croissance et l'embauche" pour les navigants.

Mais l'emploi au sol reste un "point noir" pour le délégué CGT, notamment dans les escales où "les licenciements secs ne sont pas écartés".

Les agents seront exposés à des "mutations géographiques ou professionnelles" et donc à des licenciements en cas de refus, s'inquiète Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du CCE. Muter un salarié de Marseille à Paris, par exemple, c'est organiser "une démission contrainte", poursuit Christophe Malloggi (FO).

Un plan de départs volontaires allant de 2016 à avril 2017 sera mis en place au sol, où Force ouvrière redoute près de 1.800 postes supprimés.

Le net regain d'optimisme de la direction s'explique par un environnement économique plus favorable, avec la baisse du prix des carburants et l'annulation d'une forte amende de la Commission européenne.

Surtout, la compagnie prévoit d'annoncer des résultats financiers positifs pour 2015, ses premiers bénéfices depuis 2008. Des syndicats évoquent un résultat d'exploitation proche de 400 millions d'euros pour l'année écoulée.


AFP/VNA/CVN

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