Aider le Vietnam à lutter contre les changements climatiques

Le Courrier du Vietnam a eu un entretien avec Rémi Genevey, directeur de l’Agence francaise de développement (AFD) au Vietnam, afin de mieux comprendre ce que son agence a fait ces dernières années ainsi que ce qu’elle compte faire prochainement au Vietnam.

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L’AFD est présente au Vietnam depuis 1994 et a toujours accompagné le pays dans sa lutte contre les changements climatiques. Pourriez-vous nous parler de ce sujet de façon plus détaillée ?

Les changements climatiques sont un pilier de la stratégie de l’AFD depuis au moins 10 ans. Sur ce laps de temps, nous avons consacré au Vietnam environ 600 millions d’euros à des projets de lutte contre les changements climatiques, soit qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, soit qui proposent des solutions d’adaptation aux changements climatiques ou de réduction des effets de ce phénomène sur les populations. Cela sous la forme de différents investissements pour protéger de grandes villes contre les inondations, pour protéger les campagnes contre la hausse du niveau de la mer, contre la salinisation et/ou la dégradation de la qualité des sols. Ce dernier point est important parce que ce sont ces sols qui nourrissent le Vietnam et, particulièrement, les régions des deux deltas qui sont plus exposées que les autres au dérèglement du climat.

Cette année, l’AFD organise une série d’expositions sur le thème «Soixante solutions face au changement climatique» dans différentes villes du Vietnam, à savoir Vinh Phuc, Huê, Dà Nang, Lào Cai, Hanoi et Hô Chi Minh-Ville. Quel est l’objectif essentiel de ces expositions ?

L’exposition «Soixante solutions face au changement climatique» de l’AFD, organisée récemment à Hanoi, a attiré de nombreux visiteurs.

L’objectif est de sensibiliser la plus vaste population possible, et non pas simplement des initiés ou des universitaires spécialisés dans le changement climatique. D’où la nécessité de mettre cette exposition à la disposition de centres de formation d’universités ou parfois même de la clientèle d’hôtels ou de lieux de fréquentation importants. Cela permet de montrer que les changements climatiques et la lutte contre ce phénomène sont quelque chose de concret, qu’il existe des solutions locales pour éviter l’impact mondial d’un phénomène global et que l’on peut travailler à réduire les nuisances avec des investissements parfois peu coûteux. Ces investissements ont un effet «boule de neige». Par exemple, ils peuvent permettre d’accroître l’efficience énergétique, ce qui peut éviter que la mangrove côtière disparaisse et dégrade les sols, avec encore pour effet d’améliorer la qualité de l‘air dans l’environnement urbain.
Que pensez-vous des récents efforts du Vietnam dans la lutte contre les changements climatiques et, selon vous, que doit-il faire pour atteindre ses objectifs en termes de résilience face à ce phénomène?

Des vannes gonflables et guillotines seront mises en place sur le canal Ngu Hà avec le financement de l’AFD. Photo : Thùy Trang/CVN

Le Vietnam a tout à fait conscience de l’importance des changements climatiques et de la nécessité d’adapter le pays à ses conséquences. Il devra - collectivement avec les 194 autres pays - réduire lui aussi ses émissions de gaz à effet de serre. Le Vietnam est particulièrement affecté par ce phénomène. Pire, il fait partie des pays qui potentiellement subiront le plus de conséquences liées au réchauffement global à cause de ses basses terres et notamment de ses deux deltas qui sont économiquement importants et sont sensibles à la montée des eaux. D’une part à cause de l’accroissement de la salinité et, d’autre part, de l’accroissement de la population qui se trouve dans ces régions. Et donc, nous n’avons pas à convaincre les autorités vietnamiennes de l’importance d’agir, et d’agir pour se préserver des conséquences par une politique d’adaptation. Toutefois, il est toujours un peu plus compliqué de convaincre le citoyen vietnamien et même les autorités vietnamiennes qu’il est également urgent de mettre en œuvre une politique qui permette, à terme, de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre. C’est l’un des enjeux et l’un des objectifs de la contribution volontaire nationale soumise par le Vietnam à la COP 21, contribution qui a été remise avec celle des autres pays, laquelle qui propose la contribution des Vietnamiens pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
À l’avenir, sur quels volets les aides accordées au Vietnam par l’AFD devront-elles se focaliser ?

Un projet d'adduction d'eau de l'AFD dans le delta du Mékong.

Je crois que, comme par le passé, l’AFD a équilibré ses interventions entre le financement de l’adaptation - ce que nous avons fait par des investissements de protection contre la montée des eaux par exemple - et des investissements d’atténuation des émissions - ce que nous faisons par des financements d’énergie propre, notamment hydraulique, par des financements destinés à l’amélioration du réseau de transports en commun ou à la mise en place de nouveaux systèmes de transport. Nous contribuons finalement à la ligne N°3 du métro de Hanoi qui va permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce que nous observerions si aucune ligne de métro n’était mise en service. Donc, ce que nous avons fait dans le passé, nous allons le poursuivre.
Nous souhaiterions bien entendu pouvoir être mobilisés davantage sur des financements d’atténuation, des financements qui vont constituer une contribution du Vietnam à l’effort mondial permettant de limiter l’augmentation de la température à un 1°C. L’objectif ultime de la COP 21 est de recenser les contributions de 195-196 états membres des Nations unies pour s’assurer que l’ensemble de ces contributions permettra de parvenir à cet objectif ultime : éviter que la température moyenne globale augmente de plus de 2°C à l’horizon 2050-2100.

Propos recueillis par Phuong Mai/CVN

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