Agent orange: la longue lutte pour la justice des victimes se poursuit

La condamnation de Monsanto par un tribunal californien à payer 289 millions de dollars à un jardinier d’écoles primaires, Dewayne Johnson, atteint d’un cancer après avoir utilisé des pesticides Ranger Pro et Roundup Pro commercialisés par la firme américaine, fera date.

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L’aéroport de Biên Hoà à Dông Nai (Sud) est l’un des trois "points chauds" de la dioxine au Vietnam.
Photo: Sy Tuyên/VNA/CVN

Le jugement des jurés californiens, le premier du genre, ouvre une boîte de Pandore. L’agrochimiste est confronté, aux États-Unis, à plus de 4.000 procédures semblables, devant des juridictions d’État ou des cours fédérales. Cette condamnation fera jurisprudence également pour l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA - sigle en anglais) dans sa lutte pour la justice des victimes vietnamiennes.

Un jugement accablant

Les jurés ont considéré que les produits à base de glyphosate visés par la plainte n’étaient pas aussi sûrs que les utilisateurs étaient en droit de l’attendre, qu’ils étaient "un facteur substantiel" de la maladie du plaignant, que les risques posés par ces produits "étaient connus ou pouvaient être connus à la lumière des connaissances généralement admises par la communauté scientifique au moment de leur fabrication, de leur distribution et de leur vente", et que Monsanto avait failli à en informer ses clients. Les jurés ont en outre estimé que la société avait agi avec "malveillance".

Le verdict rendu par le tribunal de San Francisco, le 10 août, a créé une base juridique solide pour le règlement de poursuites similaires, y compris une nouvelle action en justice préparée par la VAVA après la plainte déposée en 2004, a estimé Quach Thành Vinh, chef du comité de contrôle, directeur du Bureau des avocats de liaison de la VAVA, chef de cabinet du Comité central de la VAVA.

Pendant la guerre du Vietnam, l’aviation américaine a déversé 80 millions de litres d’herbicides à forte teneur en dioxine, l’un des produits toxiques les plus puissants, pour détruire la végétation qui couvrait la progression des soldats vietnamiens et les priver de leurs sources de nourriture.

Ce défoliant détruit les plantes mais aussi la santé voire la vie des personnes touchées, en provoquant cancer des poumons et de la prostate, maladies de la peau, du cerveau et des systèmes nerveux, respiratoire et circulatoire, cécité et diverses anomalies à la naissance.

Des enfants victimes de l’agent orange/dioxine pris en charge au Village Hoà Binh à Hanoï.
Photo: Nguyên Thuy/VNA/CVN

Des millions de familles vietnamiennes sont affectées par les défoliants toxiques déversés sur le pays et vivent dans des conditions très difficiles. Cette situation ne s’est pas améliorée; elle persiste aujourd’hui encore avec les enfants de la quatrième génération, victimes eux aussi de la dioxine.

Outre les préparatifs d’un nouveau procès, la VAVA mène toujours sa lutte sous diverses formes, comme la mobilisation de politiciens, de députés, de scientifiques, de citoyens américains et de tous les peuples progressistes dans le monde, a fait savoir Quach Thành Vinh.

En 2004, les victimes vietnamiennes avaient intenté une action collective devant la Cour fédérale de Brooklyn, à New York, contre 37 compagnies américaines - fournisseurs des produits chimiques toxiques utilisés par l’armée américaine au Vietnam - pour réclamer des indemnités pour leurs vies brisées. Mais l’affaire avait abouti à un non-lieu.

Que justice soit faite

Cette décision est absurde car depuis les années 1990, l’Académie américaine et l’Institut de médecine américain confirment l’existence d’un lien entre l’agent orange et 13 maladies humaines. En 1996, le président américain Bill Clinton a présenté ses excuses et reconnu que de nombreuses maladies pouvaient être imputées à l’agent orange. Il a même demandé au secrétaire américain aux Anciens combattants de verser des indemnités aux vétérans américains contaminés par l’agent orange.

En 2016, un tribunal international qui s’est réuni à La Haye (Pays-Bas) a accusé Monsanto de violation des droits de l’homme, d’impact négatif sur l’environnement ainsi que du crime d’"écocide". Ce tribunal citoyen de cinq juges professionnels a rendu un avis consultatif destiné à alimenter les lois existantes, notamment via la création d’une jurisprudence au sein du droit international.

La lutte pour la justice des millions de victimes de l’agent orange constitue une tâche fondamentale de la VAVA. Le procès contre les sociétés chimiques américaines impliquées est l’une des principales activités pour rendre justice aux victimes. La VAVA poursuivra donc son combat jusqu’à ce que justice soit faite, a conclu Quach Thành Vinh.

VNA/CVN

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